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Gratification : face à la situation de blocage, la coordination des étudiants prévoit de nouvelles mobilisations

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La première Coordination nationale des travailleurs sociaux en formation s'est réunie le 11 avril à l'IRTS de Montrouge (Hauts-de-Seine). Elle a rassemblé plus de 100 étudiants représentant environ 70 centres de formation. Avec une forte ambition : devenir, au-delà même de la question de la gratification, un interlocuteur permanent et reconnu des pouvoirs publics sur les questions touchant les étudiants. Dans l'immédiat, au cours de débats houleux et passionnés, la coordination n'a pas réussi à se mettre d'accord sur ses revendications : si les professionnels en formation se retrouvent pour dénoncer les conditions d'application du décret du 31 janvier sur la gratification et juger « inacceptables » les inégalités qu'il génère, ils divergent sur les modes d'action. Certains (la majorité) demandent la modification du texte, alors que d'autres veulent carrément son abrogation au motif « qu'il remet en cause le statut d'apprenant » et « n'est pas une bonne réponse à la précarité étudiante » et demandent « une concertation tripartite pour trouver de vraies solutions ». Par ailleurs, des lettres devraient être envoyées massivement au président de la Répu-blique afin de l'alerter sur la remise en cause de l'alternance. Quant aux actions à venir, la coordination devrait se réunir à nouveau le 25 avril à Limoges pour élire son bureau et prévoit une nouvelle manifestation décentralisée dans les grandes villes le 30 avril.

Même pendant les vacances...

« Notre volonté, c'est que le mouvement ne s'essouffle pas. Et que les collectifs régionaux, même pendant les vacances, continuent à maintenir la mobilisation et à réfléchir », rapporte l'un des étudiants. Ils étaient d'ailleurs encore 600 élèves, selon la préfecture de l'Isère, à manifester le 11 avril à Grenoble à l'appel du Craets (Collectif rhône-alpin des étudiants en travail social) et leurs collègues d'Aquitaine prévoyaient une nouvelle mobilisation le 17 avril à Bordeaux dans le cadre du Grenelle de l'insertion. Par ailleurs, une vingtaine de travailleurs sociaux en formation du « grand Nord » envisageait, du 16 au 30 avril, une « mar-che de protestation » de la préfecture de Lille jusqu'à Paris en faisant étape dans les grandes villes afin de sensibiliser largement élus, professionnels et opinion publique. Une manifestation nationale est prévue à l'arrivée à Paris où le collectif compte rencontrer le ministre, Xavier Bertrand, et assister à une session de l'Assemblée nationale afin d'exposer aux députés ses revendications (1).

Face à la situation de blocage actuelle (2), malgré les multiples interpellations des différents partenaires de la formation et de nombreux élus, l'inquiétude des étudiants est en effet grandissante. Elle rejoint d'ailleurs celle des centres de formation et des équipes pédagogiques qui, confrontés aux refus des terrains d'accueil, tentent de bricoler comme ils peuvent. C'est ainsi qu'à Angers, l'Ecole normale sociale de l'Ouest vient de décider de différer, pour les assistants sociaux de fin de première année, les départs en stage (de six mois), prévus initialement le 5 mai, à début septembre. « Pourtant le conseil général s'est engagé à verser les gratifications aux associations dont il a la tutelle, mais cela ne représente qu'une minorité des stages pour les assistants sociaux », observe Emmanuel Gratton, directeur de l'école. « La situation est dramatique, juge Maurice Suriray, directeur du Centre de formation d'éducateurs de jeunes enfants (CFEJE) de Nantes. Sur une promotion de 60 étudiants d'EJE en fin de seconde année, seulement une trentaine ont un stage (de six mois) à partir de juin. Et il est très difficile de repousser cette date puisque les épreuves du diplôme ont lieu en juin 2009. » Les directeurs des écoles de la région devaient d'ailleurs rencontrer la DRASS le 16 avril.

Du côté des syndicats d'employeurs, SOP et Snasea (3), qui avaient obtenu le 25 mars des assurances de la direction générale de l'action sociale sur le financement de la gratification en dehors des budgets annuels de fonctionnement pour les établissements sous tarification de l'Etat (4), l'objectif est désormais d'obtenir la même chose de la part de l'ensemble des départements. Dans une lettre commune adressée à leurs délégués régionaux et correspondants, les deux organisations invitent ces derniers à intervenir « de concert » auprès de chaque président de conseil général afin d'obtenir que cette nouvelle dépense soit prise en charge « en complément des budgets de fonctionnement alloués aux établissements ». C'est la condition que posent les deux syndicats pour inviter leurs adhérents à lever le gel de l'accueil des stagiaires auquel ils avaient appelé le 18 mars.

Et la petite enfance ?

Reste qu'un engagement financier des conseils généraux ne réglera pas le problème des structures d'accueil de la petite enfance associatives. Financées à part égale par les municipalités, les caisses d'allocations familiales et les familles, et se trouvant face à plusieurs interlocuteurs, vers qui peuvent-elles se tourner ? Par ailleurs, la seule réponse financière laisse entiers les problèmes de discrimination, difficilement justifiables, entraînés par une mesure qui ne concerne que les diplômes de niveau III et exclut le secteur public (5).

Notes

(1) Sur les manifestations locales, voir www.ash.tm.fr, rubrique « ça se passe près de chez vous » - Voir aussi http://tsfactifs.forumpro.fr.

(2) Voir ASH n° 2553 du 11-04-08, p. 31.

(3) Syndicat général des organismes privés sanitaires et sociaux à but non lucratif et Syndicat national au service des associations du secteur social et médico-social.

(4) Voir ASH n° 2552 du 4-04-08, p. 33.

(5) Comme l'ont rappelé encore l'Andesi (Association nationale des cadres du social), dans un texte de son conseil d'admi-nistration, et l'ADC (Association de directeurs, cadres de gestion et certifiés de l'EHESP) dans un courrier adressé à Xavier Bertrand.

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