Il a fallu plus de deux ans de collecte d'informations au réseau GESAT pour constituer le premier annuaire en ligne du secteur protégé et adapté (1). En ce début avril, 2 016 établissements y figurent avec toutes leurs caractéristiques, notamment leurs spécialités professionnelles : 1 440 ESAT (établissements et services d'aide par le travail) et 576 entreprises adaptées. Les directeurs de ces structures peuvent aussi y consulter les appels d'offres de tel groupe privé qui cherche à imprimer un bulletin mensuel ou de tel ministère ou collectivité qui veut sous-traiter l'entretien de ses espaces verts. La mise à jour est quotidienne et peut être réalisée directement par les acteurs concernés.
Le site ne vise pas le grand public, c'est un outil au service des professionnels, une interface entre le secteur du travail protégé, toujours à la recherche de nouveaux marchés, et les donneurs d'ordre qui veulent s'acquitter d'une partie de leur obligation d'emploi de travailleurs handicapés en faisant appel à ce secteur. « Mais attention, nous n'acceptons pas n'importe qui !, prévient le président du GESAT, Patrick Clémendot. Notre base de données s'ouvre petit à petit à des acheteurs qui respectent notre charte de valeurs et comprennent ce que nous sommes : avant tout des établissements médico-sociaux. Nous ne pouvons pas toujours avoir la même réactivité que les sociétés commerciales et le travail offert doit avoir un intérêt pédagogique pour les personnes handicapées. Il ne s'agit pas non plus de mettre en concurrence les ESAT entre eux ni de traiter en dessous des prix du marché. Bref, nous ne voulons pas d'opportunistes ! » Au programme de travail du GESAT figure d'ailleurs la mise au point, avant l'été, d'une charte éthique plus détaillée, « pour vérifier que nous partageons bien les mêmes valeurs et pour qu'elles soient clairement affichées ».
Le réseau GESAT - qui rassemble environ 400 directeurs - se veut avant tout une plateforme de collaboration entre responsables d'ESAT et d'entreprises adaptées. Il travaille avec un club de partenaires - une vingtaine de responsables « handicap » de très grandes entreprises - « qui connaissent bien le sujet et nous apportent leur expertise en même temps que des moyens de fonctionnement », assure Patrick Clémendot. Le club devrait d'ailleurs bientôt s'élargir à des responsables du secteur public « qui commence à se mobiliser sérieusement depuis le renforcement de ses obligations d'emploi par la loi de 2005 ».
Le réseau met également au point une ambitieuse action de professionnalisation. Six filières ont été identifiées - hygiène et propreté, espaces verts, environnement, conditionnement, restauration-traiteur, bureautique-reproduction-imprimerie - pour lesquelles une offre de formation adaptée sera développée, en même temps que des échanges d'expériences et de bonnes pratiques. « Tel ESAT a lancé avec succès une nouvelle activité de démantèlement de matériel informatique usagé, c'est intéressant qu'il le fasse savoir à d'autres qui cherchent de nouveaux créneaux d'activité », explique Patrick Clémendot, persuadé qu'un établissement isolé aura du mal à s'en sortir, tandis qu'avec des regroupements et de la mutualisation, il pourra mieux tirer son épingle du jeu. « Et puis, mieux vaut nous organiser nous-mêmes, sinon ce sont des cabinets extérieurs qui le feront pour nous ! »
(1) Consultable sur