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TRAVAIL SOCIAL INTERVENTION SOCIALE

Se former au développement social local

Champ transversal d'intervention qui vise à aider les populations d'un territoire à améliorer leur vie en mobilisant les ressources disponibles, le développement social local (DSL) constitue « une nouvelle façon de jouer le jeu républicain de la démocratie et de la solidarité », estime Jean-Marie Gourvil, directeur des formations à l'IRTS de Basse-Normandie, qui a co-dirigé cet ouvrage collectif avec Michel Kaiser, formateur à l'IRTS de Montrouge/Neuilly-sur-Marne, pionnier de la réflexion sur cette notion. A la question de la souffrance sociale, au fondement de tout travail social, le DSL propose une manière de répondre différente de celle de la relation d'aide individuelle, souligne Jean-Marie Gourvil. Cette autre réponse considère les individus comme les acteurs d'un vivre ensemble à produire collectivement, ce qui, chemin faisant, permet à chacun de renforcer ses propres capacités d'agir. Cette mobilisation des habitants, rarement spontanée, exige une pédagogie où se combinent animation, formation et organisation, précise Yves Ballanger, psychologue et formateur à l'IRTS Paris/Ile-de-France. Le professionnel va devoir s'immerger dans le milieu de ses interlocuteurs afin de mettre au jour leurs pratiques et représentations, et favoriser l'expression de leurs demandes. C'est dans cette posture, où il s'agit d'articuler la commande politique et institutionnelle à l'émergence des attentes et des besoins des habitants, que pourront se construire un diagnostic partagé et un véritable projet social de territoire, expliquent Yves Ballanger, Rachel Chamla, formatrice à l'IRTS PACA/Corse et Evelyne Simondi, doctorante en sciences de l'éducation.

Cependant, aussi séduisante soit cette démarche - du moins à la lecture des contributions qui en présentent ici les tenants et aboutissants -, il n'empêche : elle n'a, jusqu'à présent, guère fait recette. Autrement dit, « la rencontre avec le territoire représente toujours une épreuve loin d'être surmontée par le travail social », analyse Marc Rouzeau, responsable d'activité à l'IRTS de Bretagne et professeur associé à l'IEP de Rennes. A cela, plusieurs raisons, explique-t-il. Notamment la charge de travail pesant sur les professionnels, qui ne leur permet pas de trouver le temps nécessaire pour mobiliser des personnes en difficulté. D'autre part, leur manque d'outillage méthodologique. A cet égard, la réforme du diplôme d'assistant de service social, qui a introduit l'obligation de former les étudiants aux deux modes d'intervention, individuel et collectif, est une opportunité. Mais encore faut-il que les étudiants trouvent des terrains de stage où pouvoir mettre leurs méthodes en pratique. Or la rareté des interventions à caractère collectif risque d'accroître la distance entre le discours tenu à l'école et la réalité de l'action professionnelle, craint Chantal Le Bouffant, responsable de la formation à la direction de l'action sociale de l'enfance et de la santé (DASES) de la Ville de Paris. Et d'interroger : « comment apprendre à faire ce qu'on ne voit pas ? »

Se former au développement social local - Sous la direction de Jean-Marie Gourvil et Michel Kaiser - Ed. Dunod - 27 € .

La prévention spécialisée

Les valeurs restent, les méthodologies s'étiolent - mais ne demandent qu'à être revisitées et adaptées à l'évolution des publics et des modes de coopération interpartenariaux : tel est, en substance, le diagnostic porté sur la prévention spécialisée par Philippe Ropers et Pierre Verney. Respectivement directeurs de services à La Sauvegarde de Saône-et-Loire et à l'ADSEA du Val-d'Oise, ils livrent une « autocritique » constructive pour nourrir la réflexion sur « un métier difficile et dont les acteurs sont parfois malmenés ». Eux-mêmes ne sont pas tendres. L'un des problèmes de la prévention spécialisée, expliquent-ils, est qu'arc-boutée sur ses grands principes - libre adhésion, anonymat et absence de mandat nominatif -, elle s'est peu à peu enfermée dans l'illusion de sa toute-puissance et dans un fonctionnement idéologique inadapté aux difficultés des jeunes et aux liens à établir, pour les aider, avec les autres intervenants des champs économique et social. D'avoir été « les pionniers dans l'inscription de la vie des quartiers d'habitat social » a peut-être généré chez les professionnels de la prévention spécialisée « de la crainte en même temps qu'une forme de certitude d'être dans le camp le plus vertueux, celui dont la générosité allait à l'encontre des politiques publiques les plus répressives », commentent Philippe Ropers et Pierre Verney. Prendre en compte le monde tel qu'il est et tenir à son sujet un langage de vérité et de responsabilité aux jeunes : tel est donc l'enjeu actuel. Le relever suppose que les éducateurs prennent conscience qu'ils contribuent « à la reproduction des formes dominantes de la société » tout en étant également une force de contestation du système et un levier du développement local et du développement personnel des individus. Ils disposent, pour ce faire, de nombreux outils et atouts. Encore faut-il qu'ils sachent aussi les faire valoir pour rendre lisible l'utilité sociale de leur intervention.

La prévention spécialisée. Un projet coopératif - Philippe Ropers et Pierre Verney - Ed. Vuibert - 23 € .

PERSONNES ÂGÉES

La citoyenneté en institutions et services pour personnes âgées

Grâce aux outils mis à la disposition des usagers par la loi 2002-2 rénovant l'action sociale et médico-sociale, les droits des personnes âgées dépendantes ont réellement progressé, souligne Joël Defontaine, directeur d'établissement. Cependant, il reste difficile de parler d'une véritable « citoyenneté des usagers », faute, notamment, d'espaces, de temps et de moyens humains suffisants pour la faire vivre, estime l'auteur, qui pointe les écarts entre pétitions de principes et pratiques de terrain. Mais comment faire entendre, à l'extérieur des établissements, les desiderata et revendications de résidents ? Joël Defontaine a plusieurs suggestions à faire pour répondre à cette question. Il propose notamment l'instauration d'une conférence annuelle des personnes âgées dépendantes. Ce lieu d'écoute, de dialogue et d'expertise, qui viendrait compléter les dispositifs de la loi 2002-2, pourrait être porteur d'une réelle « stratégie gérontologique et de cette «vision d'avenir» qui fait défaut ». Par ailleurs, une association des résidents et des familles de résidents pourrait être constituée, dans chaque département, à partir des conseils de la vie sociale des établissements : elle agirait auprès du conseil général, cependant qu'une fédération nationale de ces associations départementales porterait la parole des usagers au plus haut niveau politique.

La citoyenneté en institutions et services pour personnes âgées - Joël Defontaine - Ed. érès - 22 € .

À LIRE AUSSI

Violences en petite enfance, pour une prévention opportune

Parmi les moyens de prévenir les « violences en petite enfance », la connaissance des besoins du bébé et du jeune enfant est bien sûr primordiale. Pourtant, il y a parfois loin entre la connaissance et l'action, thème classique de philosophie qu'aborde l'auteure, éducatrice de jeunes enfants, doctorante dans cette discipline.

Violences en petite enfance, pour une prévention opportune - Marie Garrigue Abgrall - Ed. érès - 10 € .

Guide de l'aide sociale à l'enfance

Plus large qu'un simple système de prestations venant pallier un manque de ressources ou l'absence des parents, l'aide sociale à l'enfance (ASE) est un véritable instrument d'action sociale, ayant une mission globale de protection de l'enfance en difficulté. Comment l'exerce-t-elle ? Pierre Verdier et Fabienne Noé, docteurs en droit, décrivent par le menu l'organisation et le fonctionnement de l'ASE, dans une nouvelle édition de cet ouvrage de référence, qui intègre les plus récentes évolutions intervenues, et notamment celles apportées par la loi du 5 mars 2007 portant réforme de la protection de l'enfance.

Guide de l'aide sociale à l'enfance - Pierre Verdier et Fabienne Noé - Ed. Dunod - 39,50 € .

L'exclusion

Apparue il y a une quarantaine d'années, la notion d'exclusion, « avec son caractère un rien nébuleux » - et probablement grâce à celui-ci -, a pris de plus en plus de place dans le débat public, jusqu'à acquérir, au début des années 90, un statut hégémonique dans le domaine des politiques sociales, explique Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. Reste à savoir, cependant, ce que signifie raisonner et agir en termes d'exclusion, et comment évaluer les instruments publics de lutte contre les exclusions.

L'exclusion - Julien Damon - Ed. PUF, coll. Que sais-je ? - 8 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Quel accueil demain pour la petite enfance ?

Mutations familiales, flexibilité du temps de travail des parents, nouveaux regards portés sur les enfants, évolutions du statut des accueillants : comme bien d'autres, le monde de la petite enfance connaît de grands changements. Un colloque organisé par le Réseau Idéal les 27 et 28 novembre 2006 a donné l'occasion de faire le point sur les politiques publiques, les besoins des familles, l'accueil en milieu familial et en établissement, les accueils spécifiques pour les enfants handicapés ou la garde d'urgence, les formules innovantes ou encore les expériences étrangères en la matière (voir ASH n° 2494 du 16-02-07, page 41).

Ed. érès - 23 € .

Mélodrame et mélo-dit de la séparation

La société érige la protection de l'enfance en exigence absolue, mais supporte difficilement de priver les familles défaillantes de leurs enfants. Du coup, l'enfant est souvent séparé de sa famille dans l'urgence et tardivement, sans que le nécessaire temps de réflexion - sur le mode d'accueil souhaitable ou le sort de la fratrie par exemple - soit pris en amont du placement. Un constat du GRAPE, qui a organisé, du 30 novembre au 2 décembre 2006, un colloque autour de l'enfant objet des dysfonctionnements de sa famille mais aussi des idéologies institutionnelles.

Ed. érès - 23 € .

L'annonce transculturelle de la maladie

Annoncer une « mauvaise nouvelle » n'est pas chose facile, et moins encore quand les différences culturelles peuvent accroître les malentendus. Au manque de temps, aux difficultés linguistiques peuvent s'ajouter en effet des représentations très différentes de la maladie et du soin. Ce phénomène commence à être pris en compte en Europe, comme l'ont montré les ateliers transdisciplinaires qui ont réuni, le 16 novembre 2006, des médecins, des spécialistes en sciences humaines et des intervenants sociaux.

Ed. Téraèdre - 21 € .

Habiter, le propre de l'humain

A l'heure de l'urbanisation planétaire, de la généralisation des réseaux de communication et d'une certaine homogénéisation des rapports homme/ nature, il est intéressant de distinguer les multiples sens du mot « habiter » et de confronter les apports des différentes disciplines sur le sujet. Intéressant aussi de se demander si l'architecture et l'urbanisme rendent le monde plus habitable. Ce qui a été fait lors d'un colloque tenu les 11 et 12 mai 2006, dont les travaux sont publiés sous la direction de Thierry Paquot, Michel Lussault et Chris Younès.

Ed. La Découverte - 26 € .

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