Quatre jours avant la « marche sur l'Elysée » organisée le samedi 29 mars à Paris par une centaine d'asso-ciations réunies dans le collectif « Ni pauvre, ni soumis » (1), le président de la République a promis une augmentation de 5 % de l'AAH (allocation aux adultes handicapés) sur l'année 2008. A l'occasion d'un déplacement à Tarbes sur le thème de l'insertion professionnelle des personnes handicapées, le 25 mars, Nicolas Sarkozy a annoncé une hausse de l'allocation au 1er septembre, qui complétera celle de 1,1 % intervenue au 1er janvier dernier. Pour lui, il s'agit d'un « effort très important, compte tenu de la situation budgétaire de notre pays ». Tout en reconnaissant la nécessité « d'améliorer les ressources [des personnes] qui, très lourdement handicapées, ne peuvent pas travailler », il a déclaré qu'il fallait avoir « le courage de revoir les conditions de l'allocation » de façon à privilégier l'accompagnement vers l'emploi. « Le but, ce n'est pas d'avoir l'AAH, le but c'est d'avoir un travail. »
Un propos que le ministre du Travail et de la Solidarité, Xavier Bertrand, a confirmé peu après à l'AFP, en indiquant toutefois que le gouvernement « ne souhaite plus qu'il y ait des critères qui empêchent de bénéficier de l'AAH alors qu'on est engagé dans une démarche d'emploi ». Le ministre a également précisé que la revalorisation promise représentait un « surcoût de 51 millions d'euros à la charge de l'Etat ».
Pour le collectif interassociatif, en tout cas, « le compte n'y est pas ! » L'annonce se révèle « très insuffisante, tant par son montant que par le fait qu'elle exclut toutes les personnes sous le seuil de pauvreté vivant avec des pensions d'invalidité ou des rentes d'accident du travail ». « Le président de la République est-il sourd ? » s'interroge encore le collectif, qui lui demande de « regarder la réalité en face ».
De nombreuses personnes atteintes d'un handicap ou d'une maladie invalidante ne peuvent pas, ou plus, travailler, rappellent les associations. Quant aux autres qui seraient en capacité de le faire, force est de constater que leur taux de chômage (19 %) est le double de la moyenne nationale et que leur durée de chômage est quatre fois plus longue.
Le collectif rappelle donc sa revendication d'un revenu d'existence à hauteur du SMIC brut pour toutes les personnes dont l'incapacité de travailler est reconnue et pour celles qui rencontrent des « difficultés majeures et durables » d'accès à l'emploi. Pour celles qui se heurtent à des obstacles plus temporaires, il demande également ce même revenu « pour une période qui pourrait être revue régulièrement ». Enfin, il plaide pour un « dispositif incitatif de type RSA » (revenu de solidarité active) qui évite toute perte de ressources et tout effet de seuil en cas d'accès à l'emploi.