Le plan « santé des jeunes », présenté le 27 février par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, vise à mieux protéger la santé des jeunes âgés de 16 à 25 ans tout en améliorant leur besoin d'autonomie et de responsabilité. Il comprend trois axes principaux.
« Face à la diffusion préoccupante des comportements à risque », le plan met l'accent sur la lutte contre les pratiques addictives. En matière de lutte contre l'alcoolisation des jeunes, il est ainsi prévu d'harmoniser et de modifier la législation relative à la vente d'alcool aux mineurs afin de limiter l'offre aux mineurs de plus de 16 ans. Un test de repérage de l'usage à risque de cannabis sera par ailleurs expérimenté, en lien avec l'Education nationale, dans les établissements secondaires d'Ile-de-France. Les consultations jeunes consommateurs au sein des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie seront en outre développées pour permettre une meilleure prise en charge des polyconsommations et responsabiliser les jeunes consommateurs.
Les habitudes alimentaires déséquilibrées, pouvant entraîner obésité ou anorexie, sont également ciblées par le ministère de la Santé comme des comportements à risque. Il est notamment prévu d'agir sur l'impact des messages publicitaires pour modifier les comportements alimentaires des jeunes et, en cas d'échec de cette démarche, de prendre des mesures législatives d'interdiction de la publicité de certains aliments (1).
Afin d'améliorer la prise en charge des jeunes en souffrance psychique, des mesures sont prévues pour généraliser les maisons des adolescents, ainsi que le préconise la défenseure des enfants dans son rapport annuel 2007 (2). Les structures existantes vont être recensées et évaluées, les partenariats et les projets vont être accélérés avec une priorité donnée aux quartiers urbains en difficulté et aux zones rurales éloignées, et les maisons des adolescents respectant un cahier des charges garantissant la qualité de leur intervention seront labellisées. Enfin, des équipes mobiles dont la mission sera d'aller vers les adolescents les plus en difficulté seront adossées à ces structures. Objectif : disposer d'au moins une maison des adolescents par département d'ici à 2010. Des mesures seront également mises en oeuvre afin de mieux repérer et prendre en charge les crises suicidaires (formation des professionnels, diffusion d'un guide par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) ainsi que pour lutter contre la souffrance psychique liée à l'homosexualité.
Au cours de l'année scolaire 2008/2009, des modules « prévention/santé » seront en outre intégrés dans l'emploi du temps scolaire à titre expérimental dans des établissements volontaires. L'information sur la contraception sera améliorée afin de mettre fin au « paradoxe contraceptif français » (un tiers des grossesses sont non prévues malgré une large utilisation de la contraception). A noter : le numéro vert du « fil santé jeunes » - 0 800 235 236 - sera transformé en numéro à quatre chiffres et la gratuité des appels depuis les téléphones portables sera expérimentée pendant une année.
Pour lutter contre le renoncement aux soins des étudiants, il est prévu de fractionner le paiement de la cotisation d'assurance maladie. Actuellement versée par l'étudiant au moment de son inscription universitaire, elle pourrait ainsi être prélevée en trois échéances. Autre mesure : réviser les missions des services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé pour leur permettre de se constituer en centre de santé ou en centre de planification familiale. Par ailleurs, à partir de 2009, chaque jeune de 16 à 25 ans pourrait bénéficier d'une consultation de prévention annuelle sans avoir à faire l'avance des frais. Enfin, tous les jeunes de 16 ans recevront en même temps que leur première carte Vitale un « passeport pour la santé » récapitulant les principaux droits des jeunes dans le domaine de la santé (mode de fonctionnement des parcours de soins, de la couverture maladie universelle complémentaire, protection contre les dépassements d'honoraires abusifs...) et leur permettant d'identifier près de chez eux les structures offrant des soins anonymes et gratuits.
(1) Sur ce point, voir également les mesures développées dans le cadre du programme national nutrition santé 2006-2010 - Voir ASH n° 2544 du 8-02-08, p. 6.