Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, et la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, Fadela Amara, ont détaillé, le 14 février, les mesures du volet « éducation » du plan « banlieues » présenté quelques jours auparavant par le président de la République (1). « Il faut des mesures concrètes et pragmatiques et il faut aller vite », a déclaré le ministre, assurant disposer d'une enveloppe « d'environ 200 millions d'euros » pour l'année scolaire 2008/2009.
Huit « décisions fondamentales » ont été définies. La première consiste à proposer, au plus tard en octobre 2008, un accompagnement scolaire dans les 5 311 écoles de l'éducation prioritaire, afin d'éviter le phénomène des « orphelins de 16 heures ». « Concrètement, les élèves pourront bénéficier d'un accueil deux heures après les cours, quatre jours par semaine, à l'occasion duquel ils se verront proposer une aide aux devoirs, la pratique d'une activité à caractère culturel ou artistique, ou encore l'exercice d'une activité sportive », a expliqué Xavier Darcos.
Pour « casser les ghettos scolaires », 50 communes volontaires expérimenteront le transport d'élèves de CM1 et CM2 dans d'autres écoles, hors des quartiers défavorisés, pratique connue sous le nom de « busing ». « Le service de transport, ainsi qu'une participation aux frais de restauration pour les élèves qui n'auraient plus la possibilité de retourner chez eux pour le déjeuner, sera financé par des fonds de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances », a indiqué le ministre. Il a également annoncé la destruction et la reconstruction d'une vingtaine de collèges identifiés comme dégradés. Des opérations qui seront intégrées dans le programme de l'Agence nationale de rénovation urbaine à partir de 2009.
Afin d'aider les élèves qui connaissent des difficultés dans leur vie familiale ou dans leurs conditions de logement s'avérant préjudiciables à leur réussite scolaire, Xavier Darcos compte par ailleurs ouvrir 700 places de plus à la rentrée prochaine dans les internats de réussite éducative, pour atteindre 2 500 places labellisées « internats d'excellence » d'ici à trois ans et 7 000 d'ici à cinq ans. « La participation de l'Etat aux frais de fonctionnement sera d'environ 2 000 € par place, qui viendront s'ajouter aux moyens d'encadrement spécifiques dont bénéficieront ces élèves », a indiqué le ministre, ajoutant que ce développement des places d'internats d'excellence « sera naturellement conduit en partenariat avec les collectivités locales ». En outre, un « fonds d'intervention spécifique » sera créé au sein du budget de l'Education nationale pour financer, d'ici à septembre 2008, 50 classes d'enseignement privé dans les banlieues. Les projets d'ouverture de classe seront couplés « chaque fois que possible » avec les internats d'excellence.
Autre objectif affiché par le gouvernement : la création de 30 « sites d'excellence » dans les quartiers difficiles dès la rentrée 2008. « Chacun de ces sites, a expliqué Xavier Darcos, [disposera d']une des trois filières d'excellence suivantes : soit une section internationale proposant, en plus des enseignements renforcés dispensés tout au long de l'année, des stages de langues vivantes durant le mois d'août ; soit une filière d'excellence artistique et culturelle autour de classes à horaires aménagés, pour lesquelles les élèves auront été sensibilisés par un accès facilité aux arts et aux spectacles en collège ; soit un lycée des métiers qui sera mis en place à partir des lycées professionnels existants. » En outre, tous les lycées généraux et technologiques ont l'ordre de proposer, « dès le mois de juin prochain », aux 5 % d'élèves « les plus méritants » un accès aux classes préparatoires aux grandes écoles.
Par ailleurs, à la rentrée 2009, chaque académie devra ouvrir, en relation avec les organisations patronales et les chambres consulaires, une « banque de stages » pour les élèves du CAP au BTS.
Dernière mesure : le développement des « écoles de la deuxième chance ». Nicolas Sarkozy avait annoncé vouloir en faire « la priorité de son quinquennat ». Ces 35 écoles, qui accueillent 4 000 jeunes aujourd'hui, en accompagneront 1 000 supplémentaires chaque année, a expliqué Fadela Amara. Dix autres seront créées en 2008, puis 20 en 2009, avec au total 10 000 bénéficiaires dans deux ans. Pour financer ce développement, la secrétaire d'Etat entend « tout faire » pour que ces écoles puissent bénéficier de la taxe d'apprentissage. Ainsi, « des partenariats avec les entreprises » devront en faciliter la collecte. Fadela Amara va par ailleurs proposer à l'Association des régions de France de passer avec l'Etat une convention nationale visant à accompagner le développement et le financement des « écoles de la deuxième chance ».