Favoriser les contacts, lever les freins à l'élaboration de projet et à l'insertion, multiplier les passerelles vers l'entreprise... La présidente du Conseil national des missions locales (CNML), Françoise de Veyrinas, a fait parvenir à la ministre de l'Emploi, le 7 février, 35 « préconisations pour réduire les écarts d'emploi et d'activité entre les quartiers, les zones urbaines sensibles (ZUS) en particulier, et le reste du territoire » (1). Un communiqué du CNML du 12 février précise que « cette première proposition du secrétariat général du conseil répond, dans un délai restreint et de manière pragmatique, à la question posée par Christine Lagarde », qui a saisi début janvier le conseil afin qu'il fasse rapidement des propositions pour appuyer la réflexion et l'action du gouvernement s'agissant des missions locales et de l'emploi des jeunes (2). Ces recommandations « pourraient servir de base aux programmes de mobilisation des services des ministères sur les quartiers, comme l'a souhaité le président de la République le 8 février dernier » (voir ce numéro, page 7). Elles concernent tous les domaines de l'insertion, couvrent l'ensemble de l'offre de services des missions locales et s'appuient sur de nombreuses actions mises en oeuvre dans les quartiers pour favoriser l'emploi des jeunes les plus en difficulté.
Pour le CNML, il importe d'aller au-devant des jeunes qui n'ont pas franchi les portes de la mission locale ou qui n'y sont pas fidélisés, d'associer les familles aux parcours d'insertion des jeunes, d'organiser un meilleur accès et une meilleure qualité de l'orientation professionnelle, de valoriser le plus tôt possible les compétences déjà acquises par les jeunes. Il s'agit également de mettre en réseau tous les acteurs locaux de l'insertion sociale et professionnelle qui travaillent sur les quartiers. Autre impératif : lutter contre l'illettrisme, ce qui suppose notamment de former les conseillers des missions locales au premier niveau de repérage des problématiques d'illettrisme. Il faut aussi prévenir la délinquance et la récidive. Dans ce domaine, le conseil préconise d'étendre à l'ensemble du territoire l'application de la circulaire du 18 septembre 2006 relative au développement du contrat d'insertion dans la vie sociale en faveur des jeunes de 16 à 25 ans placés sous main de justice (3) et de mettre des moyens spécifiques à disposition des missions locales qui interviennent en milieu pénitentiaire.
L'objectif est, par ailleurs, de lever des freins particuliers à l'insertion sociale et de mettre en place « les coups de pouce nécessaires ». Il s'agit d'accompagner les jeunes de ZUS dans une approche globale pour travailler sur les freins à l'insertion. Précisément, le CNML suggère, entre autres pistes, de multiplier les actions partenariales permettant l'accès au droit commun et l'autonomie des jeunes. Autre levier d'action : mettre en oeuvre la charte nationale pour la santé des jeunes en insertion. Avec ces deux recommandations : organiser une journée nationale de mutualisation des bonnes pratiques du réseau des missions locales avec l'ensemble des acteurs de la santé et des financeurs, d'une part, définir un rapprochement avec les ateliers santé-ville « pour permettre un inventaire des possibles et de l'existant », d'autre part. Il importe également d'améliorer la mobilité géographique des jeunes en milieu urbain, de développer les auto-écoles sociales et les actions spécifiques de préparation au permis. Il s'agit en outre de soutenir l'accès des jeunes au logement, notamment en favorisant la création de résidences sociales adaptées à ce public et de résidences hôtelières à caractère social, de répondre aux problématiques de garde d'enfants, de lutter contre les discriminations et pour l'égalité des chances et de réduire la « fracture numérique ».
Autre objectif : accroître les passerelles vers l'entreprise. Cela suppose, pour le CNML, de multiplier les chantiers écoles dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale, de développer les dispositifs d'aide à la création d'entreprise sur l'ensemble des quartiers, de même que, dans les quartiers prioritaires, le dispositif « Envie d'agir » (4).
Parmi les autres recommandations retenues : pour chaque mission locale intervenant dans une ZUS, inciter à des initiatives communes avec les centres de formation des apprentis, les lycées d'enseignement professionnel et les organismes de formation menant à la qualification professionnelle des jeunes, systématiser ces rencontres et en organiser le suivi ; sortir de la « dictature du projet », c'est-à-dire accepter de prendre le temps nécessaire pour conforter le jeune et lui redonner confiance avant de lui demander de se projeter dans l'avenir, et construire collectivement avec lui ; assurer l'évaluation des résultats et, conséquemment, la pérennité financière des structures.
(1) Disponibles sur