Le projet d'un « Livret A d'accessibilité bancaire » controversé

L'audition, le 6 février, de Christine Lagarde par la commission des finances de l'Assemblée nationale sur la généralisation de la distribution du Livret A fait monter d'un cran les inquiétudes des défenseurs de l'accessibilité bancaire (1). Selon la ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, les Livrets A ouverts après la réforme - qui devrait être opérationnelle à la fin de l'année - seront privés « des attributs d'un compte courant ». L'accessibilité bancaire serait alors assurée par deux dispositifs : le droit au compte, dont elle reconnaît qu'il pourrait être « amélioré », et un « Livret A d'accessibilité bancaire », distribué uniquement par La Banque postale - qui bénéficierait d'une rémunération complémentaire -, et accessible « aux personnes qui connaissent des difficultés d'insertion ». Elle a précisé qu'une consultation serait engagée sur la question avec Martin Hirsch, Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté.

L'association Droit au logement, comme la Ligue des droits de l'Homme, dénoncent cette mesure stigmatisante pour les plus pauvres, qui ferait perdre la souplesse et l'égalité de traitement qui caractérisent l'actuel Livret A, ouvert à tous. Quid « de la mise en oeuvre de ce projet et du suivi des personnes ? Sur quels critères l'Etat se basera-t-il pour «sélectionner ces clients» sachant que six millions de personnes touchent les minima sociaux ? », s'interroge l'UNSA-Postes (2). Aucune mesure concrète n'est annoncée pour mettre en place un véritable droit au compte ouvert à l'ensemble des ménages précaires, ajoute le syndicat. Ce projet risquerait, en plus, de cantonner La Banque postale dans un rôle de « pompier social » ou de « banque des pauvres » sans lui donner les moyens adaptés, de décharger les autres banques « de leur obligation légale par rapport au service de banque universelle ». La discrimination pourrait doublement frapper les exclus en milieu rural, poursuit l'organisation, sachant que dans certains territoires, « nombre de bureaux de poste sont transformés en agence communale ou en «relais-poste» ».