13 600 appels de détresse ont été reçus en 2006 par le réseau Alma (Allô Maltraitance) et l'Association francilienne pour la bientraitance des aînés et/ou handicapés (AFBAH) (1) : la moitié concerne des personnes âgées ou handicapées maltraitées et les deux tiers renvoient à des situations de maltraitance à domicile, de nature psychologique et financière. Des chiffres « plutôt inférieurs à la réalité », selon la secrétaire d'Etat à la solidarité, qui a annoncé le 5 février plusieurs mesures visant à améliorer et renforcer le plan gouvernemental de la bientraitance et de lutte contre la maltraitance lancé en 2007 (2).
Ainsi, un numéro national unique d'appel contre la maltraitance envers les personnes âgées et les personnes handicapées - le « 39 77 » (coût d'un appel local) - est désormais accessible à tous (victimes, témoins, entourage privé et professionnel, aidants) du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures. Chargée de la première écoute, cette plateforme téléphonique - qui se substitue au 0810 600 209 géré par la l'AFBAH et au 08 92 68 01 18 géré par le réseau Alma - dispense soutien et conseil ou information et transmet aux centres locaux tout appel nécessitant une analyse, des conseils ou des informations relevant de référents de proximité. Ce dispositif permettra, selon Valérie Létard, de porter le nombre d'antennes départementales actuellement de 58 à 85 d'ici à la fin 2008, pour une généralisation à l'ensemble du territoire en 2010. En outre, sont créés cinq postes de coordinateurs interrégionaux chargés d'articuler le travail des antennes locales avec la plateforme nationale et celui des services publics. Pour la mise en oeuvre de ce dispositif, l'Etat a débloqué 1,36 million d'euros en 2008, dont près de 600 000 pour des mesures nouvelles.
Le « 39 77 » s'accompagne également de mesures complémentaires, telles que le doublement, cette année, du nombre d'inspections dans les établissements, qui passera ainsi de 400 à 800. Mais « attention, insiste Valérie Létard, il ne s'agit pas de culpabiliser les personnels des établissements qui font un travail remarquable ». Elle a en effet demandé à l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux de les « accompagner [...] dans une démarche d'amélioration continue de la qualité des prestations au moyen de recommandations de bonnes pratiques professionnelles ». Autre mesure phare : la lutte contre la maltraitance à domicile, dont les situations « sont plus difficiles à identifier » (3). Or, estime la secrétaire d'Etat, « lors de l'évaluation de la personne faite à son domicile pour l'attribution de l'allocation personnalisée d'autonomie, des facteurs d'alerte peuvent être identifiés ». Aussi, afin de mieux connaître et cerner ce phénomène, une enquête de faisabilité relative à l'évaluation quantitative de la maltraitance a-t-elle été lancée par la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Etude qui doit permettre l'élaboration d'un guide pour la bientraitance destiné aux intervenants à domicile et aux familles qui les aidera à identifier les situations de maltraitance et leur apportera des conseils. De plus, a indiqué Valérie Létard, les « correspondants maltraitance » mis en place au sein de chaque direction départementale des affaires sanitaires et sociales pourront, en lien avec les conseils généraux, contribuer à prévenir et à traiter ces situations.
Le développement des structures de répit d'accueil de jour et d'hébergement temporaire, prévu par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 (4), doit aussi, selon la secrétaire d'Etat, contribuer à la lutte contre la maltraitance. Tout comme le lancement, le 12 février, du plan « métiers du médico-social », qui proposera notamment des formations en faveur des professionnels et des aidants devant les sensibiliser « à une culture de la bientraitance ».
Valérie Létard a enfin indiqué qu'un point d'étape sur ce nouveau dispositif sera réalisé d'ici à six mois et que, le cas échéant, des réajustements pourraient intervenir.
(1) Hors les signalements effectués dans les 36 départements non couverts par le dispositif d'appel.
(3) Ces maltraitances sont psychologiques (24 %), financières (22 %) et physiques (14 %).