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Vers une charte de la prévention précoce ?

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Mission possible (1), petite association créée il y a cinq ans dans le XIXe arrondissement de Paris pour proposer un accompagnement socio-éducatif aux enfants en « risque social », a désormais de grandes ambitions. Lors des journées internationales de la prévention qu'elle organisait les 31 janvier et 1er février, elle a lancé l'idée d'une charte de la prévention précoce s'inspirant de son expérience : « Il s'agit de définir un cadre conceptuel commun qui pourrait être l'acte fondateur d'un réseau international qui va poser la prévention comme une démarche obligée, un droit pour l'enfant et une obligation pour la société », explique Claude Beau, sa présidente, vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris.

Née des constats d'une étude sur la délinquance juvénile, Mission possible a mis en place une prise en charge pluridisciplinaire pour des enfants orientés, pour la plupart, par l'Education nationale. Le projet de charte qu'elle propose définit la prévention précoce comme « toute action qui vise à réduire l'impact des risques sociaux, familiaux, environnementaux auxquels sont exposés les enfants de moins de 13 ans », qui associe étroitement les parents, et qui a pour but de favoriser le développement affectif, intellectuel, psychologique et social. Il définit également plusieurs principes éthiques, dont le rejet du déterminisme, « l'indépendance de l'action », le respect de la libre adhésion, l'anonymat des bénéficiaires et la confidentialité des informations recueillies. L'action doit, selon le texte, être « ciblée », globale, interdisciplinaire, répondre à une « logique de projet », concilier la pédagogie collective avec l'accompagnement individuel et pouvoir faire l'objet d'une évaluation.

Si la démarche est suivie de près par nombre d'acteurs, certains ne manquent pas de s'interroger sur les écueils possibles, d'ailleurs évoqués à l'occasion de la rencontre : faut-il des référentiels pour définir le public éligible ? Comment éviter la stigmatisation ? Qu'entend-on ici par prévention précoce ? Au sens de la protection de l'enfance, a fait remarquer Karine Métayer, conseillère technique à l'Uniopss, le terme désigne les interventions menées auprès des moins de 6 ans. Ne parle-t-on pas plutôt de prévention « secondaire » sur des populations dont les difficultés ont été repérées ? S'il s'agit de désigner la prévention en amont du risque, comment ne pas la lier directement avec la prévention de la délinquance ? Or, selon Claude Beau, « il n'est pas question de travailler uniquement sur cette dernière, qui n'est qu'un symptôme du mal-être de l'enfant ». Il vaudrait mieux alors faire référence aux « facteurs de protection de l'enfant », a souligné Laetitia Delannoy, chargée de mission au Centre d'analyse stratégique. Reste donc à préciser les objectifs pour éviter toute confusion, alors même que les notions de prévention ne sont pas définies dans le domaine social. En outre, s'accordent à dire plusieurs participants, cette initiative développée d'abord avec l'Education nationale ne peut passer outre les dispositifs existants, mis en place par les réseaux associatifs ou les conseils généraux dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance.

En attendant de finaliser le projet de charte avec les organisations volontaires et la création du réseau international qu'elle appelle de ses voeux, Mission possible compte déjà six antennes à Paris, en Ile-de-France et à Amiens (Somme) et est en train d'en implanter à Noyon (Oise), Drancy (Seine-Saint-Denis) et Belfort. L'association, qui bénéficie de l'aide de plusieurs organisations privées et a signé il y a près d'un an une convention de partenariat avec l'Education nationale (2), a également reçu le soutien du Haut Commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté, qui s'est « engagé à promouvoir sa démarche ». Convaincue qu'une prévention précoce qui décloisonne les pratiques et les institutions est un « enjeu d'avenir », Claude Beau aimerait voir inscrire son principe dans le préambule de la déclaration des droits de l'enfant.

Notes

(1) Mission possible : 6-10, rue Labois-Rouillon - 75019 Paris - Tél. 08 70 70 70 60 - Voir ASH n° 2481-2482 du 1-12-06, p. 33.

(2) Voir ASH n° 2497 du 9-03-07, p. 52.

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