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Handicapés et malades ne veulent plus être « ni pauvres, ni soumis »

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Un revenu d'existence décent, égal au SMIC brut, pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus travailler : tel est l'objectif autour duquel une quarantaine d'associations se sont réunies sous la bannière de « Ni pauvre, ni soumis » (1). Une marche vers l'Elysée est prévue le 29 mars. Jean-Marie Barbier, président de l'APF (Association des paralysés de France), explique cette mobilisation.
Quel est votre point de départ ?

Aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes exclues du travail parce qu'elles sont en situation de handicap ou atteintes d'une maladie invalidante sont condamnées à vivre toute leur vie sous le seuil de pauvreté. Cela fait trop longtemps que ça dure et que nous dénonçons cette situation. Sur cette question des ressources, malgré notre insistance, la loi du 11 février 2005 n'a pas permis d'avancer. Il fallait donc revenir à la charge et organiser quelque chose de fort en début de quinquennat. Notre souci a donc été de créer une dynamique interassociative, en voyant plus large que le collectif habituel des organisations de personnes handicapées. Je pense que nous avons réussi puisque, sur une revendication forte, notre mouvement citoyen regroupe déjà une quarantaine d'associations nationales (2) et que de nouvelles le rejoignent tous les jours. Rien que pour la Loire-Atlantique, par exemple, on nous annonce la signature d'une quarantaine d'associations locales. Le mouvement reste ouvert.

Comment vous y êtes-vous pris ?

Nous, APF, vite rejointe par l'Unapei, avons d'abord voulu organiser des rencontres de consensus pour tenter de changer le climat ambiant. Elles se sont tenues les 12 décembre et 22 janvier, avec des experts, des représentants des décideurs publics, d'organismes divers et variés. Nous en avons assez de nous voir opposer le « principe de réalité », d'entendre certains nous dire que les personnes handicapées devraient se contenter de l'AAH (allocation aux adultes handicapés), que c'est déjà mieux que le RMI !

Les mêmes défendent aussi qu'il faut absolument maintenir une « prime au travail » par rapport à l'inactivité...

D'abord, nombre d'entre nous ne demandent que cela : pouvoir travailler ! Mais on sait aussi que le taux de chômage des personnes handicapées est le double de la moyenne nationale et que le délai pour trouver un emploi est quatre fois supérieur à celui d'une personne valide. Sans compter tous ceux qui ne sont même plus inscrits à l'ANPE... Et puis, le gouvernement est le premier à ne pas donner l'exemple, avec le décret sur l'accessibilité des lieux de travail qui n'est toujours pas sorti et l'exonération de l'Education nationale de son obligation d'employer des personnes handicapées... Un scandale ! L'Etat n'a que trop tendance à se désengager, il « pique » aussi dans la caisse de la CNSA ou dans celle de l'Agefiph et du Fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans la fonction publique pour leur faire payer des dépenses qui lui reviennent, par exemple pour rendre accessibles les lieux de travail. Par ailleurs, il y a tous ceux qui ne pourront jamais ou plus travailler. Eux aussi ont le droit d'avoir des projets et de les réaliser. Avec le SMIC qui est, dans le monde du travail, la référence. Un étranger qui veut faire venir ses proches au titre du regroupement familial doit justifier qu'il gagne le SMIC. C'est une reconnaissance que l'on ne peut vivre avec moins !

Mais pourquoi le SMIC brut ?

Parce qu'il s'agit d'un revenu soumis à cotisations et à impôts. C'est bien d'existence et non d'assistance dont nous parlons ! Nous voulons aussi un revenu personnel, qui ne fonde pas si le conjoint ou le concubin travaille, alors qu'il est censé apporter une certaine autonomie à son titulaire. Nous voulons également que ce revenu de remplacement soit partiellement cumulable avec un revenu professionnel, selon le principe du RSA (revenu de solidarité active), de telle sorte que le travail, y compris à temps partiel, ne soit pas pénalisé. C'est donc une réforme de grande ampleur que nous voulons. Elle doit être proposée dès le début 2008 afin d'être applicable au 1er janvier 2009. En attendant, nous demandons une revalorisation de l'AAH de 5 % minimum en 2008.

Et ce clin d'oeil à un mouvement connu ?

C'est une suggestion de nos communicants, que j'ai validée dans l'instant. Nous avions besoin d'être identifiés rapidement, sous une marque facile à reprendre. Cela ne plaît peut-être pas à tout le monde, mais ça marche très bien...

Notes

(1) www.nipauvrenisoumis.org.

(2) Dont Aides, Adessa, ADMR, AIRe, Alliance maladie rares, AFP, ANDAR, APF, AFM, ANPEA, APAJH, Autisme France, CISS, CESAP, Cnpsaa, Fagerh, Fegapei, Ffaimc, Fnaseph, FNATH, GIPH, Handas, Ladapt, Unapei, Unafam, Unaftc, Unisep, Vaincre la mucoviscidose.

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