Le Conseil de l'Europe vient de publier le rapport de sa « task force » de haut niveau sur la cohésion sociale, qui a mené ses travaux entre janvier 2006 et octobre 2007. Cette « task force » était composée de huit personnalités du secteur, dont le Français Michel Laroque, inspecteur général des affaires sociales, et présidée par l'Irlandaise Mary Daly. Elle insiste, dans son rapport, sur le fait que les Etats membres doivent « revoir leurs politiques sociales afin de pouvoir mieux les adapter aux objectifs liés à la cohésion sociale ». Certes, souligne-t-elle, les cinq défis auxquels doit faire face le continent européen - mondialisation, changements démographiques, migrations et diversité culturelle, changements politiques, changements économiques et sociaux - « ne devraient pas provoquer de manière inévitable de dégradation de la cohésion ou de la solidarité sociales ». Mais, « si l'on n'agit pas, la stabilité sociale de l'Europe ainsi que ses réalisations dans ce domaine se verront ébranlées ».
Relevant que la plupart des Etats membres placent la politique de protection sociale au centre de la cohésion sociale, la « task force » suggère que les politiques de l'emploi, de la santé, de l'éducation et du logement jouent aussi un rôle capital à cet égard. Partant de là, elle préconise six axes de modernisation.
Il convient tout d'abord, selon elle, de « recadrer » la politique de l'emploi et de la main-d'oeuvre, en particulier en encourageant la flexibilité et en trouvant un équilibre entre les droits et les responsabilités liés à l'emploi. Il faut ensuite « moderniser » la politique de protection sociale, notamment en prenant en compte le déséquilibre démographique et l'évolution de la famille, en optimisant l'assurance chômage et en promouvant l'intégration. La task force encourage également le développement de la politique de soins et de santé en tant que « pilier de la cohésion sociale ». Cela passerait, entre autre, par la fourniture de prestations de soins et d'action sociale de longue durée et par la définition d'un « cadre de gouvernance » pour la santé basé sur des valeurs précises.
Les politiques du logement et de l'environnement doivent aussi être développées, « en considérant la politique du logement comme un facteur de cohésion sociale et en optimisant l'utilisation de politiques territoriales ou régionales en tant qu'outil de cohésion sociale ». De même, une politique d'éducation et de formation « faisant la promotion de l'équité dans l'accès à l'éducation et [...] favorisant l'éducation et la formation professionnelle », est nécessaire, estime la « task force ». Enfin, elle souhaite encourager une « société active et participative », en élargissant le dialogue social et en instaurant un dialogue civique, mais aussi en gérant la diversité et l'intégration des immigrants.