« Votre volonté clairement exprimée de soutenir les professionnels dans une intervention les situant comme accompagnant les parents dans le développement et l'expression de leurs compétences est une bonne nouvelle. » Ecrivant à Christine Boutin, le 27 janvier, par la plume de son président Laurent Puech, l'ANAS (Association nationale des assistants de service social) (1) a choisi d'exprimer sa « satisfaction ». La ministre ayant critiqué les travailleurs sociaux fonctionnant sur un mode « tutélaire » (2), Laurent Puech ironise discrètement sur le fait que ces déclarations vont permettre de souligner toute l'importance que la réhabilitation des compétences parentales tient dans la théorie et la pratique professionnelles.
En témoigne le code de déontologie qui stipule, depuis 1949, que « l'intervention vise [...] au développement des potentialités de chacun en le rendant acteur de son propre changement ». Ou les principes éthiques de la Fédération internationale des travailleurs sociaux. Ou encore le succès grandissant parmi eux du concept d'empowerment. Autres preuves : la promotion du droit des usagers depuis la loi 2002-2, le développement du travail social collectif, et encore la recommandation du Conseil supérieur du travail social qui, en 2007, prône le renforcement des pratiques de co-construction et d'alliance entre travailleurs sociaux et personnes accueillies.
« Ce sont ces idées qui ont amené notre association à s'élever en 2006 contre le contrat de responsabilité parentale, qui accable les parents et tend à se substituer à leur responsabilité par une série d'injonctions imposées », poursuit Laurent Puech. Elles aussi qui ont guidé les réactions de l'ANAS contre certaines dispositions de la loi sur la prévention de la délinquance mettant les familles à l'écart lors de transmissions d'informations les concernant au premier chef, ou encore à l'occasion de la réforme de la protection de l'enfance...
« Cependant, ajoute Laurent Puech, pour favoriser une prise en compte globale des parents dans leur environnement [...], il faut dépasser l'écueil d'une responsabilisation strictement individuelle des personnes dans leurs parcours », comme l'idée en est « parfois véhiculée par les plus hauts responsables politiques. Voilà les travailleurs sociaux placés devant une injonction paradoxale : valoriser chacun à la lumière de ses savoir-faire propres dans un contexte qui le place implicitement comme responsable-coupable de l'ensemble des difficultés qu'il rencontre. » Comme si on pouvait « occulter les responsabilités de la société »...
Enfin, l'ANAS approuve l'importance donnée par la ministre à la créativité, tout en soulignant que « trouver les espaces pour développer des pratiques innovantes ne va pas de soi. Il y faut une volonté forte des professionnels mais aussi des institutions dans lesquelles ils exercent. »
(1) ANAS : 15, rue de Bruxelles - 75009 Paris - Tél. 01 45 26 33 79.