Les 27 organisations qui avaient réclamé, le 10 janvier dernier, « 13 engagements gouvernementaux » prioritaires pour le logement et l'hébergement (1) sont pour le moins déçues du plan pluriannuel présenté par François Fillon le 29 janvier (voir ce numéro, page 9). Sur la base de leurs préconisations, le député-maire UMP de Versailles, Etienne Pinte, a remis un rapport de propositions au Premier ministre, qui les a globalement reprises à son compte. Mais elles considèrent que les mesures retenues « ne sont pas de nature à améliorer radicalement les conditions de vie des personnes sans abri et mal logées, qu'elles ne sont pas en mesure de fluidifier l'ensemble de la chaîne qui va de l'hébergement au logement » et estiment cette faiblesse d'engagement « inacceptable ».
« Etienne Pinte a repris nos orientations et nos propositions de méthode - travailler sur la durée, avec un pilotage interministériel et une organisation locale -, estime Nicole Maestracci, présidente de la FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale). Mais le Premier ministre annonce un budget de 250 millions d'euros pour le logement et l'hébergement. Ce n'est qu'un début, mais on ne peut pas dire que c'est ce qui correspond à un chantier prioritaire ! » Les associations, de leur côté, avaient chiffré à plus de 1,5 milliard d'euros le budget nécessaire en 2008 pour une politique du logement et de l'hébergement à la hauteur des besoins.
Si un certain nombre de principes ont été retenus, notamment en matière de prévention, le compte n'y est pas, déplorent les associations, sur l'éradication de l'habitat indigne (un plan de réhabilitation de 100 000 logements sur quatre ans est annoncé, alors que 600 000 logements insalubres sont recensés), aucune place d'hébergement n'est programmée et aucun effort particulier n'a été consenti pour renforcer rapidement l'offre de maisons-relais.
La déception est surtout profonde sur le volet logement, alors que les objectifs pour 2007 de création de logements sociaux prévus dans le plan d'action renforcé pour les sans-abri (PARSA) ne sont pas atteints. « Il n'y a pas d'engagement fort sur l'élargissement du contingent, qui pourtant s'impose avec l'application du droit au logement opposable », commente Christophe Robert, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre. Etienne Pinte propose en outre d'imposer un quota de logements sociaux dans toute opération nouvelle seulement pour les communes qui ne respectent pas la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU), alors que les associations avaient demandé que toutes les communes soient soumises à cette obligation, de façon à accroître l'offre mais aussi à favoriser la mixité sociale. Problème de prise de conscience ? Attentisme avant les élections municipales ? « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'est pas à ce rendez-vous, qui a demandé beaucoup d'investissement des associations », s'agace Christophe Robert.
Sur le contenu du plan comme sur les moyens dégagés, les organisations entendent poursuivre la négociation, la mission d'Etienne Pinte ne devant s'achever qu'au mois de juin. Elles annoncent d'ores et déjà une mobilisation nationale le 21 février.