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« L'Aforts entend être à l'interface des régions et de l'Etat »

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Avec le renforcement de son ancrage territorial et de sa fonction d'expertise, l'Aforts adapte sa stratégie pour accompagner les transformations de l'appareil de formation dans le contexte de la décentralisation des formations sociales. « Dans le respect de la culture du travail social », précise Christian Chassériaud, son président (1).

Créée il y a sept ans, l'Aforts a réussi son pari de fusionner des structures éclatées, voire parfois rivales, de représentation des centres de formation. Il lui faut maintenant s'adapter à un environnement en pleine transformation avec la décentralisation, mais aussi avec les évolutions de la formation et des métiers. C'est dans cet esprit que nous avons engagé, il y a trois ans, une réflexion stratégique et changé nos statuts le 5 octobre dernier. Cette démarche nous a conduits à renforcer notre ancrage territorial avec la création l'an dernier de 22 délégués régionaux, qui sont représentés au sein de notre conseil d'administration. Elle se prolonge par l'approfondissement de notre fonction d'expertise : nous venons de constituer un conseil scientifique et technique - dont les membres siégeront eux aussi au conseil d'administration - qui sera chargé d'analyser les évolutions des problématiques sociales et du marché de l'emploi, et de faire des préconisations sur l'architecture des formations. L'Aforts affirme ainsi son rôle de veille mais aussi de réflexion prospective auprès des régions et de l'Etat. Elle entend être à l'interface de ces deux acteurs.

Si la DGAS a gardé le pilotage, la délivrance des diplômes et le contrôle pédagogique, les politiques de formation sont définies par les régions. Cette cogestion pose effectivement davantage de problèmes qu'elle n'en résout. Va-t-elle d'ailleurs durer ? On sent plutôt se dessiner un mouvement, auquel participe la réforme de l'Etat, en faveur d'une décentralisation complète des formations sociales. Pourquoi pas, à condition que l'Etat garde le cadrage national de la politique de formation et des diplômes. Les centres de formation auraient face à eux un interlocuteur unique et la région se sentirait pleinement responsable si elle était partie prenante des projets pédagogiques et n'avait plus seulement le sentiment d'être un tiroir-caisse ! Rappelons quand même que la gestion budgétaire et administrative de l'Etat a pu entraîner, selon les centres, une différence de financement de 1 000 par an pour une même formation. En outre, l'Etat ne s'est jamais préoccupé des choix pédagogiques dans l'attribution des enveloppes : faut-il qu'il y ait une visite de stage pour chaque stagiaire ou qu'elle soit collective ? Quel est le rapport qualité-prix de l'une ou l'autre orientation ? Nous pouvons espérer que les régions évaluent davantage les choix pédagogiques des établissements. En tout cas, l'Aforts entend bien peser pour que se développent des politiques régionales cohérentes de formation.

C'est vrai que l'Association des régions de France ne définit pas de politique commune. Il n'y a donc aucun fil rouge et les situations sont extrêmement variables. Avec le risque qu'il soit préférable d'aller étudier ici plutôt que là, et que se dessine une carte de France très contrastée des politiques de formation. C'est pour cela que nous avons un rôle important à jouer pour aider les régions à intégrer la culture et l'histoire du travail social. D'où l'intérêt également que le cadre national garanti par l'Etat, secondé en cela par le Conseil supérieur du travail social, ne vole pas en éclat. Sinon chaque région élaborera sa doctrine et ce sera la porte ouverte à une marchandisation qui a déjà commencé, ici et là, pour les formations de niveau V.

Certains s'inquiètent d'une augmentation des formateurs vacataires...

Recourir à des vacataires ne signifie par forcément une baisse de la qualité de la formation ! La refonte des diplômes et leur ouverture à la validation des acquis de l'expérience a fait éclater le modèle universitaire. Il ne s'agit plus seulement de délivrer des connaissances, mais aussi d'accompagner les candidats à l'acquisition de compétences. Ce qui justifie un appel plus important à des professionnels en exercice pour transmettre leur expérience. Tout l'enjeu est de veiller au bon équilibre entre permanents et vacataires afin de concilier logiques de qualification et de compétence. Et d'éviter certaines dérives qui peuvent exister comme l'utilisation des vacataires comme variable d'ajustement budgétaire pour certains centres de formation en difficulté. Un de nos groupes de travail réfléchit à ces questions.

Notes

(1) Association française des organismes de recherche en travail social : 1, cité Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 34 14 74.

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