1er décembre 1988 : la loi instituant le revenu minimum d'insertion est votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale et le Sénat. 2008 : après avoir connu plusieurs alternances politiques et une explosion du nombre de ses bénéficiaires, le revenu minimum d'insertion (RMI) entre dans sa vingtième et probable dernière année si, au terme des expérimentations actuelles, il se voit remplacé l'an prochain par le revenu de solidarité active (RSA). A ce moment charnière d'évolution des dispositifs de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, cet ouvrage collectif, coordonné par la direction de la recherche, de l'évaluation, des études et des statistiques (DREES), permet de faire le point des connaissances les plus récentes sur le parcours et les conditions de vie des allocataires - soit, fin 2006, 1,3 million de foyers regroupant 2,5 millions de personnes.
En termes d'âge, de situation familiale, de diplôme ou d'itinéraire précédant leur entrée dans le dispositif, les bénéficiaires présentent des profils très divers - même si plusieurs catégories de population (personnes seules, familles monoparentales) comptent dans leurs rangs des proportions particulièrement élevées d'allocataires, ce qui est également le cas de certains départements (DOM, Pas-de-Calais, pourtour méditerranéen, Seine-Saint-Denis). Contexte économique local et caractéristiques socio-démographiques propres aux intéressés se combinent aussi pour expliquer qu'ils restent plus ou moins longtemps inscrits au RMI et n'ont pas les mêmes chances de (re)trouver un emploi. A cet égard, les mieux lotis sont les allocataires bénéficiant d'un accompagnement professionnel, quelle que soit la forme de celui-ci : suivi par un référent, signature d'un contrat d'insertion, participation à des actions d'insertion. Toutes choses égales par ailleurs, explique Anne Pla, chargée d'études à la DREES, la probabilité de retour à l'emploi est multipliée par 1,2 si l'allocataire a pu profiter d'au moins un de ces trois modes de soutien.
Pour autant, mesurer la « réussite » du dispositif à l'aune du seul critère du taux de sortie par l'emploi est bien trop réducteur, surtout dans une période de chômage massif, souligne Bertrand Fragonard, ancien délégué interministériel au RMI. Décrocher un emploi ne permet d'ailleurs pas toujours de sortir du RMI, quand cet emploi est à temps très partiel ou de durée très temporaire. Pour les actifs les plus précaires, l'allocation devient alors une composante de leur rémunération salariale. Elle peut aussi compléter des prestations de chômage d'un niveau très réduit ou s'y substituer complètement quand les chômeurs, faute d'une durée suffisante d'emploi, ne peuvent accéder à une couverture assurancielle, ou bien lorsqu'ils ont épuisé leurs droits à indemnisation au titre de l'assurance chômage sans pouvoir prétendre à l'allocation de solidarité spécifique (ASS). Sous le double effet de modifications des règles d'indemnisation et de diversification des formes d'emploi, le RMI est ainsi devenu le « troisième pilier de l'indemnisation du chômage », analyse l'économiste Jean-Luc Outin, qui souligne la plasticité du dispositif.
Mais si, au fil du temps, celui-ci a su s'adapter aux mutations du marché du travail, il a aussi perdu de son crédit dans l'opinion. En 1988, un tiers des Français craignaient que « le RMI risque d'inciter les gens à s'en contenter et à ne pas chercher du travail ». Depuis 2000, les suspicieux sont devenus majoritaires (53 %). Sans que la légitimité du RMI soit remise en cause - ce qui est néanmoins l'opinion de 15 % des Français en 2006 -, les enquêtes barométriques réalisées chaque année pour la DREES montrent une sévérité croissante des jugements sur le montant de l'allocation, l'obligation de contrepartie ou encore l'éventualité pour les jeunes de moins de 25 ans d'accéder au dispositif.
RMI, l'état des lieux. 1998-2008 - Sous la direction de Michèle Lelièvre et Emmanuelle Nauze-Fichet - Ed. La Découverte - 28 € .
Alors que l'entrée en institution est le plus souvent consécutive à une perte d'autonomie, cette forme de prise en charge implique des règles et des contraintes qui sont, elles-mêmes, restrictives de la liberté d'action de la personne âgée, fait observer Daniel Alaphilippe qui est, comme ses deux co-auteurs, professeur de psychologie à l'université de Tours. Dès lors, la question est de savoir comment faire, dans ce contexte, pour préserver ou redonner de l'autonomie aux résidents souffrant de dégénérescence cérébrale. Il est essentiel, à cet égard, que les professionnels modifient leur attitude - et leur regard - de manière à proposer aux personnalités perturbées un cadre relationnel favorisant l'amélioration de leur comportement et de leurs capacités. « C'est à partir du moment où l'on se représente la personne comme susceptible de communiquer que l'on peut faire émerger une évolution dans son comportement », souligne Daniel Alaphilippe. Générale-ment, explique Michel Personne, c'est en voulant transformer le sujet que « de nouvelles détresses, encore plus complexes, sont introduites, parce que l'entourage demande l'impossible ». A partir d'une vingtaine de situations, Michel Personne montre, a contrario, l'évolutivité rapide de personnes désorientées, lorsque leurs aidants font un effort d'« accordage » pour s'ajuster à leur rythme et accéder à leur point de vue. Nourriture, hygiène, peuvent ainsi être des « moments privilégiés d'espérances que la personne ne croyait plus à sa portée » alors que, lorsque ces conduites ne sont pas l'occasion de relations adéquates, il peut s'ensuivre des conséquences désastreuses pour le sujet.
Difficultés et réussites de la vie en établissements pour personnes âgées. Préventions et conduites à tenir - Daniel Alaphilippe, Roger Fontaine et Michel Personne - Ed. érès - 23 € .
Dictionnaire ? Oui, dans la forme, car c'est par ordre alphabétique que sont développées les 673 entrées de cet ouvrage - concepts, noms de lieux, intitulés d'associations, slogans, dates commémoratives, titres de films, désignation de textes législatifs... Mais, loin de faire l'objet de notices désincarnées, les mots sont, ici, matière à vibrante mémoire : celle des mobilisations qui ont jalonné l'histoire de l'immigration, surtout d'origine maghrébine, au cours des dernières décennies. « La grande histoire n'est possible qu'en prenant en compte l'action persévérante des femmes et des hommes simples qui ont fait avancer la dynamique vers l'égalité », souligne, dans sa postface, le sociologue Saïd Bouamama. Tel est bien l'intérêt de cet ouvrage militant : rappeler qu'il n'est pas inutile de se battre et montrer que l'action peut revêtir de multiples formes, comme en témoigne le foisonnement artistique des années 70.
L'immigration de A à Z - Mohsen Dridi - Publication FTCR - 15 € .
Un quart de siècle après la première publication de cet ouvrage sur l'aide à la personne, à la famille et au petit groupe, Cristina De Robertis et ses collaborateurs en livrent une édition entièrement mise à jour et enrichie de plusieurs chapitres inédits. Entre-temps, de fait, les problèmes sociaux se sont métamorphosés, les politiques sociales, diversifiées, les pratiques des travailleurs sociaux et la formation menant au diplôme d'assistant de service social se sont, elles aussi, modifiées. Convaincus qu'il n'y a pas « d'un côté des théoriciens lucides, de l'autre des praticiens besogneux », les auteurs proposent aux apprentis professionnels, comme à leurs collègues aguerris, une réflexion sur leur activité et des outils pour la mettre en oeuvre.
Méthodologie de l'intervention en travail social. L'aide à la personne - Cristina De Robertis, avec la collaboration de Henri Pascal, Françoise Lesimple et Bernadette Blanc - Ed. Bayard - 29 € .
Qu'est-ce qu'un accueil de qualité et quel est l'impact des différents types de structures sur le développement des jeunes enfants ? Professeure de psychologie de l'enfant et de l'éducation, Agnès Florin propose un tour d'horizon, extrêmement condensé, de centaines de recherches sur ces questions, effectuées en France ou à l'étranger.
Modes d'accueil pour la petite enfance. Qu'en dit la recherche internationale ? - Agnès Florin - Ed. érès - 9 € .
Du « A » de « accompagnement » au « V » de « vulnéra-bilité psychique » dont souffrent nombre des personnes ayant besoin de cet engagement à leur côté, l'abécédaire de Jean-Paul Arveiller, psychologue clinicien, propose aux bénévoles investis dans le champ social de réfléchir à leur activité à partir d'une centaine de mots clés qui en caractérisent les tenants et aboutissants.
Guide du bénévole social - Jean-Paul Arveiller - Ed. érès - 13 € .
Plus de 6,5 millions de nos concitoyens sont touchés par une forme de déficience, qu'elle soit liée à la naissance, à un accident, au vieillissement. Il est grand temps de ne plus considérer leurs difficultés comme spécifiques et périphériques, mais de rendre la vie plus confortable et plus humaine pour tous, de faire de l'accessibilité un principe universel, de replacer la différence et la vulnérabilité dans l'ordinaire de la condition humaine. Tel était le propos d'un congrès international tenu en novembre 2004, dont les contributions ont été rassemblées par Charles Gardou et Denis Poizat.
Ed. érès - Collection « Connaissances de la diversité » - 28 € .
Les deuxièmes assises nationales des foyers de l'enfance, tenues les 25 et 26 octobre 2007, se sont interrogées sur les mutations du paysage institutionnel et des pratiques professionnelles qu'entraînent, ou réclament, à la fois les évolutions de la situation sociale, les bouleversements du modèle familial et la réforme de la protection de l'enfance.
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En France, le mariage est une instiution privée et il n'existe plus de politique matrimoniale explicite depuis Napoléon 1er. Pour remédier aux désordres sociaux tels que la déscolarisation, la délinquance des mineurs, la paupérisation des parents isolés, les politiques ont mis l'accent sur la parentalité et ses droits davantage que sur la conjugalité et ses devoirs. Mais cette régulation laissée à la liberté individuelle, aux modèles sociaux, aux rapports de force hommes-femmes est aussi une politique. Avec ses conséquences sur les familles éclatées ou recomposées, mais aussi sur celles où la perpétuation du conflit est préférée à une séparation jugée trop coûteuse, au plan matériel, psychique ou symbolique. Avec quel retentissement sur les enfants ? Rarement abordée, cette question l'a été lors d'une journée d'étude organisée en septembre 2006 sur le thème « Parents d'un même enfant : un couple indissoluble ? »
Recherches et prévisions n° 89 - Septembre 2007 - Articles consultables sur