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Des psychologues de la PJJ dénoncent la mise à mal de leurs missions

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La dimension clinique est-elle en danger à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ? C'est en tout cas la conviction d'un groupe de psychologues de la région parisienne, réunis à l'initiative du SNPES (Syndicat national des personnels de l'éducation et du social)-PJJ-FSU (1). Leurs réflexions ont abouti à la rédaction d'un manifeste d'une quinzaine de pages visant à « réaffirmer la place de la clinique dans le cadre des missions qui sont imparties aux psychologues ».

Le problème, défend le document, est que l'écart se creuse entre les positions professionnelles de ces derniers et les orientations politiques actuelles. Ainsi, leur travail « est surtout tenu de s'adapter à une politique de diminution de l'intervention sociale de l'Etat, conjuguée à la priorité accordée aux applications des mesures sécuritaires à la PJJ ». Le temps judiciaire, de plus en plus court, entre en contradiction avec celui de la pratique clinique.

La sous-évaluation de leurs missions, ajoutent les professionnels, aboutit à un manque accru d'effectifs - que les directions tentent de compenser par le recrutement de contractuels -, et au recours aux « compléments de services », qui consistent à « partager » un professionnel entre deux, voire trois services. « Une grande partie des personnels est, à moyens constants, redéployée sur les centres éducatifs fermés et les établissements pénitentiaires pour mineurs, souligne Lysia Edelstein, psychologue au centre d'action éducative de Pantin (Seine-Saint-Denis). Aujourd'hui, un psychologue travaille avec huit ou neuf éducateurs en milieu ouvert, chacun suivant environ 25 mineurs ! » Il y avait selon elle une quarantaine de postes vacants en 2007. D'après les auteurs du texte, le « temps FIR » (formation information recherche), un temps de travail qui s'effectue hors du temps de service reconnu dans une circulaire de 1983, est de surcroît « remis implicitement ou explicitement en cause » et de plus en plus « laissé à l'appréciation des directions locales ». Les psychologues demandent donc, outre la création de postes à temps plein, que soit reconnu ce temps nécessaire à l'exercice professionnel dans l'organisation du travail.

L'essence des missions des psychologues n'étant pas reconnue, leur travail tend à être réduit à l'investigation, expliquent encore les auteurs. Le nombre de mesures d'investigation et d'orientation éducative (IOE) dans un service - sur la base de 54 mesures par professionnel -, et non plus le nombre d'éducateurs, est devenu le moyen de justifier leurs postes, soulignent-ils. Avec le danger de voir s'étioler l'élaboration de la relation nécessaire pour amorcer le travail éducatif et la prise en charge globale du jeune dans une approche pluridisciplinaire.

Dans un contexte déjà tendu, un nouveau projet renforce leurs inquiétudes : la création d'une nouvelle mesure d'investigation rapide, limitée à trois mois. Il s'inscrit dans les axes stratégiques de l'administration centrale pour 2008-2011. « Dans le cadre de la définition des missions de la PJJ en matière d'aide à la décision, il s'agit de répondre à la demande des magistrats, explique-t-on au cabinet du directeur de la PJJ. En effet, on constate que les recueils de renseignements socioéducatifs [RRSE] explosent, que les IOE stagnent et que les enquêtes sociales s'écroulent. » Un groupe de travail réunissant notamment des magistrats a été mis en place sur l'évolution des prescriptions, et la discussion devrait s'engager au mois de février avec les fédérations associatives.

Une autre annonce de l'administration, toujours dans le cadre de son programme de travail, tient les professionnels en alerte : le recentrage de la PJJ sur les mesures pénales, qui devraient représenter « quasiment 100 % de son activité en 2011 ». Même si, assure-t-on à la PJJ, « le civil et le pénal ne deviendront pas complètement étanches ». « Le principe de continuité est encore davantage appelé à être entamé », craint néanmoins Lysia Edelstein. Les professionnels redoutent une approche morcelée des prises en charge qui réduit le sujet à son acte et « le prive de l'accès à sa singularité ». Une nouvelle réunion des psychologues de la PJJ d'Ile-de-France devrait avoir lieu au mois de mars. De son côté, l'administration indique qu'un dialogue a été engagé sur le « périmètre d'intervention des psychologues à la PJJ » et que 30 postes seront ouverts en 2008.

Notes

(1) SNPES-PJJ-FSU : 54, rue de l'Arbre-Sec - 75001 Paris -Tél. 01 42 60 11 49.

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