La mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) demande à ses chefs de projets de construire leur programme d'actions 2008. Ces programmes devront s'inscrire dans le cadre des priorités du prochain plan gouvernemental de lutte contre la drogue qui doit en principe être finalisé au cours du premier semestre. En outre, signale la MILDT, ces priorités doivent être mises en oeuvre par les chefs de projets sans délégation possible ni aux services des directions départementales des affaires sanitaires et sociales, ni au réseau associatif. « La lutte contre la drogue ne peut se réduire à une politique d'éducation à la santé, et doit se situer par nature au carrefour de trois approches, prévention, répression, soin, pour mieux les articuler et permettre ainsi de renforcer l'efficacité de l'action publique », explique-t-elle.
Les chefs de projets ont tout d'abord pour mission de réduire la demande par la prévention et le rappel de la loi. Le président de la MILDT, Etienne Apaire, leur demande de renforcer, par l'action des pouvoirs publics, la légitimité du discours des adultes, notamment des parents, sur le respect de l'interdit. Mais surtout, il leur enjoint de veiller personnellement, en lien avec les parquets, à la mise en oeuvre rapide des mesures prévues par la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance : le stage de sensibilisation aux dangers de l'usage des drogues et l'obligation de soins prononcée à l'égard des auteurs d'infractions ayant agi dans un contexte de dépendance avérée à l'alcool (1).
Ils devront en outre veiller à la qualité et à la diversification de l'offre de soins, c'est-à-dire s'assurer non seulement de la bonne couverture territoriale des dispositifs spécialisés de prise en charge des toxicomanes et des consultations cannabis pour les jeunes consommateurs et leur famille, mais aussi de l'effectivité des injonctions thérapeutiques et de la mise en place rapide des médecins-relais prévus par la loi du 5 mars 2007. Selon le président de la MILDT, la diversification de l'offre de soins doit passer par la création de programmes sans substitution. Et même si le principe de la réduction des risques n'est pas remis en cause, Etienne Apaire souhaite qu'elle se limite aux drogues injectables. Enfin, la pratique du « testing » lors des rassemblements festifs (2) ne doit pas être autorisée. Il incombe donc aux chefs de projets d'expliquer à leurs interlocuteurs que les pouvoirs publics n'ont pas à faciliter l'usage des drogues.
Autres priorités en 2008 : s'assurer du respect de la réglementation concernant la distribution d'alcool chez les plus jeunes et réduire le trafic local par une meilleure coordination des services de police, de gendarmerie et des douanes.
(2) Le « testing » est une pratique par laquelle les associations de prévention présentes sur le lieu du rassemblement identifient la composition des substances en circulation.