Sur les 20 000 places d'accueil d'urgence permanentes réparties en France métropolitaine en 2004, 4 550 étaient assurées par des centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). De fait, 40 % d'entre eux (827 au total) proposaient ce type d'accueil. Ce sont les chiffres donnés par la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), qui a interrogé spécifiquement les CHRS sur leurs prestations dans ce domaine, lors de sa dernière enquête sur les établissements sociaux (1).
Néanmoins, sur une nuit donnée - celle du 3 au 4 février 2005 -, 5 700 personnes ont été hébergées dans ces sections, qui ont accru leur capacité d'accueil pendant l'hiver. Si près de 20 % des CHRS concernés réservent plus de 87 % de leurs places à l'hébergement d'urgence, dans 34 % d'entre eux, ce type d'accueil représente moins de 12,5 % des places. Les trois quarts des sections d'urgence fonctionnent tous les jours de l'année et 10 % ouvrent moins de trois mois par an.
Autre constat : les CHRS qui ont un accueil d'urgence se spécialisent moins que les autres dans l'accueil de publics spécifiques. Ainsi, 71 % déclarent ne faire que de l'accueil généraliste, contre 55 % des autres CHRS. Ils mènent aussi moins d'actions sur le long terme : la moitié d'entre eux seulement proposent des prestations relatives à la justice (contre près des deux tiers) et ils sont 17 % à assurer un accompagnement social ambulatoire (contre 29 %).
Quelles sont les caractéristiques de la population accueillie en urgence ? Elle est plus masculine (58 %, contre 50 % dans le reste des CHRS). Elle compte aussi davantage de personnes sans enfants (60 %) et moins de mineurs accompagnant un adulte (20 %). Le principal vecteur d'orientation vers l'accueil d'urgence des CHRS est le 115, qui est intervenu pour plus de 30 % des adultes. Le placement par les services sociaux (20 %) est en revanche plus fréquent pour les femmes seules, les couples et les personnes de plus de 45 ans. Pour près de la moitié des adultes hébergés dans la nuit du 3 au 4 février 2005, c'est un centre d'hébergement d'urgence, CHRS ou non, qui a été leur principal domicile au cours du mois précédant l'enquête. Durant le mois de janvier 2005, 16 % avaient été le plus souvent à la rue, dans un squat ou dans un hébergement de fortune. Mais 18 % des adultes résidaient dans un logement ordinaire, parfois hébergés par des tiers. Plus de la moitié des personnes étaient sans logement personnel depuis plus de six mois et près d'une sur cinq n'en a jamais eu.
Comme l'Observatoire du SAMU social dans une récente étude (2), la DREES a dressé une typologie des publics accueillis en urgence lors de cette même nuit de février, mais cette fois à partir de leur sexe et de leur situation familiale. Ainsi, la « première classe », qui regroupe 75 % des personnes hébergées en urgence, est principalement constituée d'adultes isolés, en majorité des hommes âgés entre 18 et 44 ans. Plus de la moitié a passé une grande partie du mois de janvier 2005 dans un CHRS ou dans un centre d'urgence. Mais 20 % vivaient dans la rue. Près de la moitié n'a, par ailleurs, soit jamais eu de logement personnel, soit est sans logement depuis plus de six mois.
La « deuxième classe », qui représente 13 % des personnes hébergées en urgence, est principalement composée d'adultes avec enfants, en majorité des couples. 70 % de ces parents ont entre 25 et 44 ans. Mais, « de façon plus surprenante », 15 % ont moins de 18 ans, ce qui soulève la question de la présence de très jeunes parents dans ces établissements. Les deux tiers de cette deuxième catégorie ont vécu au sein de l'accueil d'urgence du CHRS durant janvier 2005, mais un quart a le plus souvent séjourné à l'hôtel. Les deux tiers sont privés de logement personnel depuis plus de six mois.
La « troisième classe », presque exclusivement composée de femmes, le plus souvent seules avec des enfants, représente 12 % de la population étudiée. Plus de deux tiers ont entre 25 et 44 ans. Les trois quarts ont passé le mois de janvier 2005 dans un logement ordinaire, la moitié est sans logement personnel depuis moins d'un mois. Cette classe « compte donc beaucoup de mères isolées récemment précarisées ».
(1) « L'hébergement d'urgence dans les CHRS » - Etudes et résultats n° 620 - Janvier 2008 - Disponible sur