« Ouvrir le dialogue en faveur de la ville durable et solidaire. » C'est l'objectif affiché par le « manifeste » de l'Asso-ciation des maires de grandes villes de France (AMGVF) (1), rendu public le 15 janvier, en pleine tergiversation gouvernementale sur le « plan banlieues » (voir ce numéro, page 5).
L'association appelle pour sa part à un « véritable «plan Marshall» des quartiers en difficulté ». Un programme « de la dernière chance » qui s'articulerait autour d'une dizaine de priorités, parmi lesquelles le désenclavement des quartiers périphériques, l'encouragement de la construction de logements sociaux et très sociaux, l'amplification de la lutte contre l'échec scolaire, la prévention de la délinquance « en renforçant les dispositifs éducatifs et les forces de police » et une meilleure coordination des politiques d'insertion professionnelle.
Alors que le « fait urbain est le grand absent de la décentralisation », l'association suggère également d'étendre la responsabilité des intercommunalités délégataires des aides à la pierre. Les aides à l'accession sociale, au renouvellement urbain, à la politique de la ville, à l'urbanisme et à l'aménagement urbain devraient à son sens être également concernées. Ce qui permettrait notamment, argumente l'AMGVF, de réserver les aides publiques à la construction locative sociale et à des programmes respectant les normes de « haute qualité environnementale ». « Nous estimons que cette extension est d'autant plus nécessaire que l'Etat, mais aussi les intercommunalités urbaines, devront se préparer à mettre en oeuvre dès la fin de l'année 2008 le droit au logement opposable », ajoute-t-elle. Dispositif nouveau qui placera les autorités de l'Etat devant leurs responsabilités, « avec le risque de les voir se défausser sur les collectivités locales et au premier chef les grandes villes et leurs groupements ».
Autre volet abordé : l'emploi. Au moment où le gouvernement annonce le gel du développement des maisons de l'emploi, l'association interpelle l'Etat sur « la nécessaire articulation entre politique nationale et politique territoriale ». C'est pourquoi elle appelle « à agir en termes de territoires et non plus en termes de structures ou de dispositifs particuliers » pour mobiliser les acteurs autour d'un travail en réseau. L'AMGVF souhaite également que les grandes villes interviennent en matière de santé : un élu devrait à ses yeux être chargé de la santé publique et le rôle du maire affirmé « afin d'ouvrir l'hôpital sur la ville, que ce soit en termes d'accessibilité ou au niveau de la coordination des différents acteurs » intervenant dans la permanence des soins, la prise en charge à domicile ou encore la prévention. Les élus des grandes villes, poursuit le manifeste, devraient participer au développement des réseaux de santé en les aidant à mutualiser leurs moyens au coeur de la ville et à contribuer à une prise en charge plus globale des patients.
Concernant les financements enfin, l'association souhaite notamment « clarifier les programmes de dotation ». Au lieu d'un document « qui est connu tardivement » et « imposé par l'Etat », elle demande « un vrai contrat pluriannuel entre les collectivités locales et l'Etat », qui prendrait en compte les ressources des grandes villes et de leurs groupements, mais aussi leurs contraintes en matière de dépenses. Reçus le 10 janvier par Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, plusieurs élus de villes de banlieue ont quant à eux plaidé pour « une péréquation fiscale entre villes riches et villes pauvres ».
(1) AMGVF : 42, rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris - Tél. 01 44 39 34 56 -