« Une opération de communication qui n'apporte aucune amélioration du dispositif. » Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) (1) doute sérieusement de l'efficacité des « chèques santé », dont Roselyne Bachelot a distribué les premiers exemplaires le 3 janvier (voir ce numéro, page 11). De l'aveu même de la ministre, il ne s'agit d'ailleurs que d'améliorer l'information des bénéficiaires potentiels de l'aide à l'acquisition d'une couverture complémentaire santé (ACS).
Sur les deux millions de personnes concernées, seuls 10 % l'utilisent, rappelle le CISS. Il y a de bonnes raisons à cela, explique-t-il. Le montant de l'aide, de 100 à 400 € en fonction de l'âge et de la situation de famille de l'assuré, couvre moins de 50 % du coût de souscription pour une personne seule. Ainsi, une personne qui touche 650 € par mois doit encore consacrer, une fois l'aide déduite, plus de 20 € pour être couverte par une complémentaire, calcule le collectif. De surcroît, pour ce prix, les bénéficiaires de l'aide « se voient proposer des contrats à garanties moyennes ou faibles, notamment pour l'optique et le dentaire ». Le CISS dénonce également « le manque de lisibilité dans les offres des assureurs ». Au total, il n'est donc pas étonné que plus de 40 % des personnes qui faisaient la demande d'attestation ne l'utilisaient pas.
Pour le CISS, instituer le chèque santé sans faire évoluer les seuils d'accès à la CMU (couverture maladie universelle) complémentaire et à l'ACS, sans améliorer le revenu d'existence des malades chroniques et sans revoir les garanties offertes par les assureurs s'apparente « à une opération de communication destinée à faire oublier l'effroyable régression que constitue la mise en place des franchises médicales ».
(1) CISS : 5, rue du Général-Bertrand - 75007 Paris - Tél. 01 40 56 01 49.