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Unifaf analyse les besoins de formation massifs de la branche associative

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Dressant un panorama général de l'emploi dans la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif, l'enquête que vient de réaliser Unifaf montre la croissance continue du milieu associatif. Mais les tensions sont vives, tant au niveau du recrutement et des qualifications que de l'évolution des métiers. Aider les structures en difficulté et adapter la formation aux nouveaux enjeux du secteur deviennent des priorités.

« Une meilleure connaissance des tensions et des enjeux à l'intérieur de la branche associative » sanitaire, sociale et médico-sociale, tel est l'objectif que s'est donné Unifaf dans son enquête « Emploi 2007 » (1), conduite en partenariat avec l'Observatoire prospectif des métiers et des qualifications de la branche, et rendue publique le 20 décembre dernier. Depuis la précédente enquête emploi menée en 2000 par Promofaf - fondu depuis dans Unifaf, OPCA (organisme paritaire collecteur agréé) unique -, peu d'indi-cateurs permettaient en effet de situer l'évolution de la famille associative dans le nouveau contexte du champ sanitaire et social. « Entre 2000 et 2007, le secteur a connu d'importantes mutations liées aux évolutions des politiques publiques et aux nouveaux besoins des personnes accueillies dans les établissements. A cela s'ajoutait le déficit d'attractivité que connaissent certains métiers aujourd'hui et le vieillissement des personnels. Il était donc important de voir comment ces phénomènes se répercutaient au niveau des ressources humaines », explique Estelle Bacher-Chauvin, directrice de la recherche et des études d'Unifaf et pilote de l'enquête « Emploi 2007 ».

Réalisé à partir d'un questionnaire adressé à l'ensemble des adhérents de l'OPCA, et arrêté au 31 décembre 2006, ce travail éclaire un paysage particulièrement contrasté. Premier constat : celui du dynamisme, là où les observateurs attendaient une certaine morosité. La croissance naturelle de 3 % par an des emplois de la branche associée aux effets de la transformation d'Unifaf en un OPCA unique se traduisent en effet par une importante augmentation des effectifs. A la fin 2006, la branche comptait 560 000 emplois, contre 370 000 en 2000 (2). Sur la même période, le nombre de structures passait de 11 900 à 15 700, soit une progression de près du tiers. A la fin du troisième trimestre 2007, avec les premiers effets de l'extension de l'agrément d'Unifaf à l'ensemble des établissements relevant de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif (3), cette évolution tendait encore à se confirmer, puisque le nombre de structures adhérentes était porté à 17 500. Au vu de cette progression, Unifaf estime que la barre des 700 000 salariés devrait être franchie au passage de l'année 2008, et mise sur « 800 000 salariés à l'horizon 2012 ». Selon les auteurs de l'enquête, la branche associative couvrirait aujourd'hui environ 45 % des emplois des établissements et services sur l'ensemble du champ sanitaire et social. Mais cette croissance n'est pas uniforme et de fortes disparités existent entre les secteurs. Ainsi, sur les secteurs historiques du handicap ou du social, la part de l'associatif frôle l'hégémonie, avec 87 % des emplois du handicap et 75 % du social. Mais elle se limite à 12 % des effectifs dans le sanitaire et, surtout, à moins de 20 % dans le secteur des personnes âgées, domaine où « le développement des établissements de la branche reste très inférieur à celui du privé lucratif, dont la part pourrait dépasser celle du non lucratif dans quelques années ». De plus, cette augmentation globale des effectifs et des structures s'accompagne d'une modification du périmètre recouvert par l'OPCA. Si le sanitaire pesait 32 % des effectifs de la branche en 2000, cette part n'est plus que de 27 % en 2007. « Ce sont désormais des secteurs du social comme la protection de l'enfance, l'accompagnement des adultes en difficulté ou l'aide à la famille qui tirent la branche », commente Estelle Bacher-Chauvin.

Autre constat : les grands établissements n'ont plus le vent en poupe. Depuis la création d'Unifaf, au 1er janvier 2005, on assiste à une baisse rapide des effectifs dans les structures de plus de 200 places. Fin 2006, celles-ci avaient perdu l'équivalent de 5 % des effectifs de l'ensemble de la branche et ce, principalement au profit d'établissements de 50 à 99 places. Le poids des établissements de moins de 50 salariés s'est lui aussi accentué. Ceux-ci regroupaient fin 2006 plus de 80 % des effectifs de la branche, contre 73 % un an plus tôt. Parmi eux, « ce sont les structures de moins de 20 salariés qui ont connu la plus grande évolution sur cette période », souligne l'OPCA.

C'est donc à l'intérieur d'un paysage en recomposition que les experts tentent de cerner les besoins de la branche associative en matière de recrutement et de qualification. Portant le regard sur la démographie des professionnels du secteur, ils confirment que les salariés de 55 ans y sont particulièrement nombreux (près de 14 %, contre 10,7 % au niveau national), tout en relativisant ces résultats. Selon eux, plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, à commencer par l'histoire du monde associatif. « C'est par exemple le cas pour le secteur du handicap, qui s'est structuré au début des années 70. 35 ans plus tard, il est compréhensible que le taux de salariés âgés y soit plus élevé. » En revanche, des secteurs au développement plus récent, comme celui de l'aide à la famille ou celui des personnes âgées, apparaissent notablement plus jeunes. Plus globalement, Unifaf attribue cette démographie à la faible utilisation dans la branche associative des mécanismes de régulation du marché du travail utilisés dans d'autres secteurs : retraite anticipée, plans de sauvegarde de l'emploi, etc. C'est particulièrement vrai chez les personnels d'encadrement : un tiers des directeurs et près d'un cinquième des cadres sont âgés de 55 ans ou plus. « Ces chiffres, qui paraissent impressionnants, restent cependant largement en deçà des prévisions qui avaient été faites. Ils renvoient aux spécificités persistantes d'un secteur où devenir cadre est l'aboutissement heureux d'une première partie de carrière. Si ce modèle tend à s'estomper, il demeure suffisamment vivace pour avoir un impact sur la pyramide des âges », tempère Unifaf. Signe positif : les emplois « coeur de métiers » semblent à l'abri des phénomènes de vieillissement. Les infirmiers, aides-soignants, éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs et aides médico-psychologiques (AMP) se situent, « parfois très sensiblement », en dessous de la moyenne nationale. « C'est une réelle surprise », note l'OPCA, en expliquant ces résultats par la « jeunesse de certains métiers », tel qu'AMP, ou par le « tremplin » que peuvent représenter certaines fonctions pour des débuts de carrière (le moniteur-éducateur devient éducateur spécialisé, l'éducateur spécialisé devient chef de service ou formateur), voire par des départs anticipés pour reconversion ou exercice libéral.

Davantage que sur le défi du renouvellement de ses personnels les plus âgés, c'est sur les difficultés de recrutement et de qualification rencontrées par la branche que se concentrent les inquiétudes de l'OPCA. Deux établissements sur cinq déclarent connaître de sérieux problèmes de recrutement, au point de parfois devoir geler certaines de leurs activités. Si ce phénomène varie en fonction de « multiples facteurs », tels que la taille de la structure ou le niveau d'exigence en termes de diplômes, les tensions plus ou moins fortes observées selon les secteurs montrent que leur attractivité peut aussi être en cause.

C'est le cas du secteur des personnes âgées qui semble concentrer tous les signaux d'alerte : « moindre valorisation du travail pour les personnels de soins, difficultés liées au public accueilli, pénibilité des conditions d'emploi, moyens limités, taux d'encadrement particulièrement faible (6 % contre 15 % dans la branche). Ces différentes raisons se cumulent pour dresser un portrait sombre de l'emploi dans ces établissements », s'alarme Unifaf. Passé au sein de la branche associative de 40 000 salariés en 2000 à 63 000 en 2007, alors même qu'une partie de l'aide à domicile a quitté Unifaf pour un OPCA distinct, ce secteur est en effet celui de tous les superlatifs : un taux record d'emploi à temps partiel (28 % dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes [EHPAD] et 55 % dans les services à domicile), des contrats à durée déterminée en nombre, un taux de démissions important, à quoi s'ajoute une difficulté endémique à trouver du personnel qualifié, « conduisant à ce qu'une partie des postes d'aides-soignants soient occupés par des personnes qui n'en ont pas la qualification ». Pour Unifaf, l'aide à apporter à ces établissements passe par la qualification et la professionnalisation des intervenants. Un chantier de taille, en raison de l'ampleur des besoins, et du turn-over des personnels, « ces établissements constituant une occasion d'occuper un premier emploi dans le secteur et de s'y qualifier pour migrer ensuite vers d'autres types de structures ».

Au titre des pistes, l'OPCA estime que les réponses de la branche « devront tendre vers le renforcement de la fonction de coordination des soins, et vers une adaptation des profils professionnels à un accompagnement de la personne devenu plus global ». Des réponses qui passent notamment par « le développement de passerelles entre les certifications, en particulier de niveau V », ou par le « soutien à la reconnaissance de fonctions transverses dans les EHPAD » (animateur, assistant social, psychologue, ergothérapeute, etc.). « Mais, ajoutent les experts, tant que la filière gériatrique ne sera pas requalifiée et que les conditions de travail ne s'amélioreront pas, la pénurie des personnels de soins qualifiés ne devrait pas s'atténuer. »

Autre secteur sous surveillance, les établissements et services sociaux concourant à la protection de l'enfance (4) ont été confrontés depuis cinq ans à un nombre considérable de réformes et d'expérimentations (création des centres éducatifs fermés, expérimentations d'alternatives au placement, etc.) et se préparent à vivre d'autres changements avec la mise en oeuvre de la réforme de la protection de l'enfance. Milieu très hétérogène, il a connu une croissance moyenne de 4,4 % par an entre 1995 et 2006 et représente aujourd'hui 58 300 emplois au sein de la branche associative, majoritairement composés de professionnels de l'éducation et de l'insertion. Les besoins de qualification y sont particulièrement élevés (près de deux fois supérieurs à la moyenne de la branche). Selon Unifaf, l'attractivité de ce secteur en est la raison. « Les difficultés de recrutement y sont relativement moindres qu'ailleurs et sont surtout liées à l'absence de candidats qualifiés, ressentie comme un défi majeur. » Résultat : les structures doivent embaucher des personnels peu ou mal formés, en particulier dans les établissements habilités par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dont la moitié disent avoir des besoins de qualification. Et cela alors que le taux de démission - sans atteindre celui du secteur des personnes âgées - reste élevé. « La protection de l'enfance semble elle aussi fonctionner comme une porte d'entrée dans le secteur social pour des personnels non qualifiés qui y font leurs armes et y gagnent parfois leur ticket d'entrée : l'accès à un diplôme. » 

Anticipant les besoins, l'OPCA s'attend à voir la protection de l'enfance poursuivre son évolution vers des pratiques de réseaux et vers le regroupement des services portés par des associations mono-établissement au profit de structures de dimension plus large. « Ces mouvements impacteront nécessairement les besoins en emplois et en qualifications, et ce quel que soit l'emploi concerné. » Reste que l'ampleur de ces besoins est encore difficile à estimer « compte tenu du cadre budgétaire très contraint dans lequel évolue ce secteur ».

Tout aussi demandeurs de formation et de qualification, les établissements pour adultes en difficulté posent quant à eux un problème très différent : celui de l'évolution d'un grand nombre de métiers situés « aux franges du travail social ». Regroupant les structures travaillant sur l'insertion, la réadaptation sociale, l'hébergement d'urgence, l'accueil des demandeurs d'asile, ce secteur intègre en effet pratiquement toute la palette des métiers du social et médico-social mais résiste à une identification précise tant la polyvalence y est grande, observe Unifaf, « avec des fonctions mêlant le gardiennage, la sécurité, la gestion technique, l'accueil, l'animation, l'appui à l'insertion ».

Dans ce secteur jeune et en pleine expansion (10 200 emplois en 2000, 21 400 en 2007, soit plus qu'un doublement en sept ans), les besoins des établissements reflètent « leur périmètre d'activité en connexion avec la rue et la grande précarité » : une « situation d'urgence permanente » en raison de l'instabilité de leur financement, et une « tendance marquée à recruter des personnels plus pour leurs qualités relationnelles qu'en fonction de leur diplôme ». Mais, observe Unifaf, « l'adoption de la loi sur le droit au logement opposable amène à une redéfinition complète de la place et du rôle des différentes structures intervenant dans ce secteur, en introduisant la notion de stabilisation en lieu et place de l'urgence ». Les conséquences sont difficilement mesurables. « Elles peuvent être considérables dans l'évolution de l'emploi et de ses caractéristiques, ou très limitées si les contraintes budgétaires vident la loi de sa substance. » Pour l'heure, l'OPCA se demande si les emplois polyvalents développés par ce secteur pourraient, eux aussi, avoir vocation à se stabiliser dans le champ du travail social. « Dans cette perspective, l'extension du champ d'intervention des AMP au secteur des adultes en difficulté facilitera-t-elle ce passage ? Ou faut-il que la branche imagine de reconnaître des qualifications mixtes ? »

Enfin, bien que moins aigus, les besoins révélés dans le secteur du handicap n'en sont pas moins massifs. Premier secteur de la branche avec 209 500 emplois, il a vu ses effectifs doubler en une douzaine d'années. Il représente près de 40 % de l'ensemble des emplois de la branche associative, au point qu'on estime qu'il est aujourd'hui quasiment entièrement associatif. C'est donc à une lourde responsabilité prospective qu'est con-fronté Unifaf. Or, souli-gne l'OPCA, ce secteur « regroupe de nombreux types d'établissements très différents les uns des autres, et dont les structures d'emplois se distinguent très fortement ». A l'intérieur de cet ensemble, les grands équilibres entre catégories d'établissements sont eux-mêmes en pleine transformation. Ainsi, la part des établissements dit « d'éducation spéciale » (IME, IMP, IMPro...) diminue d'année en année au profit des ITEP (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques) et des établissements pour infirmes moteurs-cérébraux et déficients sensoriels. Unifaf s'attend aussi à une augmentation des services ambulatoires ou à domicile, tels que les Sessad (services d'éducation spéciale et de soins à domicile) ou les centres médico-psycho-pédagogiques, pour répondre aux exigences d'individualisation des accompagnements. « La loi du 11 février 2005 ainsi que les nouvelles orientations budgétaires des autorités de contrôle amènent une certaine «désinstitutionnalisation» et donc un développement de l'intervention à domicile ou en milieu ordinaire. Pour les enfants, quel va être le devenir des IME quand l'objectif est de développer l'intégration en milieu scolaire ? Pour les adultes, quelle place conserveront les foyers occupationnels ou les foyers de vie face au développement des services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah) et des services d'accompagnement à la vie sociale (SAVS) ? », se demande Unifaf. Pour les experts, les conséquences de ces mutations sur la nature des emplois ne seront « statistiquement observables » que dans quelques années. Mais ils les repèrent déjà dans l'évolution des structures du secteur, « notamment à travers la constitution de complexes d'établissements ou de services » et à travers certains choix faits par les structures gestionnaires en termes de recrutement, « par exemple avec l'emploi de responsables d'ateliers dotés d'un profil commercial, l'émergence d'une fonction de coordination de projets d'insertion professionnelle ou d'intégration scolaire dans les établissements d'éducation spéciale, ou encore l'arrivée des conseillers en économie sociale et familiale dans les SAVS ».

Plusieurs pistes en perspective

Etudier les conséquences de ces mutations devient donc prioritaire. « Nous sommes devant un travail d'appropriation et de mise en perspective, à la fois sur le poids que nous représentons, mais aussi sur notre responsabilité dans l'évolution de la formation et dans le nécessaire recours à des financements complémentaires pour accompagner le besoin de qualification du secteur », commente Annie Leculée, présidente d'Unifaf.

Dans un premier temps, l'OPCA estime nécessaire d'engager des actions d'accompagnement vers les établissements confrontés à des difficultés de recrutement, « que ce soit en agissant sur l'attractivité du secteur, sur l'appui à des démarches de groupement de coopération sociale et médico-sociale, ou en aidant aux mutations organisationnelles auxquelles les établissements sont confrontés ». Pour Joëlle Loussouarn-Perron, directrice adjointe de l'Observatoire prospectif des métiers et des qualifications de la branche associative, « des secteurs entiers étant en demande de qualification, nous aurons peut-être aussi à étudier les possibilités d'aménager aux salariés des passerelles leur permettant d'évoluer au sein de la branche et de passer d'une filière à une autre ».

L'ensemble de ces pistes sera débattu devant la commission paritaire nationale de l'emploi (CPNE) de la branche, avant d'être présentées en juin prochain aux adhérents d'Unifaf.

Qualification : des choix complexes à opérer, y compris à court terme

Départs en retraite, émergence de nouveaux besoins, mutations des politiques publiques... les choix à opérer en matière de formation pour les cinq prochaines années seront particulièrement complexes, reconnaît Pierre-Marie Lasbleis, responsable du pôle ingénierie d'Unifaf Ile-de-France. « En particulier, il y a une réelle difficulté à estimer les dépenses de formation en raison de la VAE [validation des acquis de l'expérience]. Au niveau des personnels techniques et administratifs, le flou est encore plus grand car les responsables ne font pas remonter leurs besoins en formation. »

Ces estimations doivent également composer avec un rééquilibrage des fonctions actuellement à l'oeuvre au sein des structures. Ainsi, dans la filière éducative, où la part des éducateurs spécialisés, bien que très majoritaire, tend à diminuer au profit des moniteurs-éducateurs et surtout des aides médico-psychologiques (AMP). La fonction d'éducateur spécialisé est soumise à de profonds changements. « Les profils recherchés par les employeurs au moment du recrutement d'un éducateur spécialisé sont de plus en plus diversifiés, observe Unifaf. Et même si un consensus existe autour du maintien du caractère généraliste du diplôme, nombreux sont ceux qui, aujourd'hui, reconnaissent la nécessité pour les professionnels en poste d'acquérir une expertise des publics accueillis ou de développer des logiques de projets et de partenariats. » Quant aux moniteurs-éducateurs, avec 23 700 emplois, soit une croissance de plus de 80 % depuis 2000, leur montée en puissance pose le problème de la proximité de leur cursus de formation avec celui des éducateurs spécialisés et des pratiques de certains employeurs qui tendent à les positionner comme des « concurrents directs » de ces derniers. Dans la mesure où plus de 2 000 nouveaux moniteurs-éducateurs devront être formés chaque année pour répondre aux besoins, les questions sont innombrables. « Faut-il imaginer une différenciation plus grande, ou considérer le diplôme d'Etat de moniteur-éducateur comme un simple tremplin vers celui d'éducateur spécialisé ? Et quelle place leur donner entre l'aide médico-psychologique et l'éducateur spécialisé ? », se demande ainsi Unifaf.

Autre fonction en pleine mutation : les aides-soignants, dont l'évolution incarne l'orientation de plus en plus sociale de la branche associative. « La croissance de leurs effectifs n'a plus lieu aujourd'hui dans les structures sanitaires, mais dans le secteur du handicap et surtout dans celui des personnes âgées. Ce qui pose un problème car la formation reste encore adossée aux hôpitaux », explique Pierre-Marie Lasbleis. De fait, sur 46 500 postes d'aides-soignants dans les structures associatives (premier métier de la branche avec 8 % de l'ensemble de ses effectifs), plus du tiers se trouvent dans les maisons de retraite et 20 % dans les structures pour personnes handicapées. Avec des besoins de recrutement chiffrés à quelque 2 800 nouveaux aides-soignants par an, « une adaptation des contenus de formation et des lieux de stage », s'avère inéluctable. Les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), notamment, devraient accueillir davantage de stagiaires. Parallèlement, Unifaf estime nécessaire « l'aménagement de passerelles entre les formations de niveau V » (aide-soignant, AMP, auxiliaire de vie sociale) pour répondre au renforcement des prises en charge à domicile. Dans la même logique, l'OPCA se dit prêt à « anticiper » dans les établissements, via « des dispositifs expérimentaux de formation mixte », un rapprochement entre l'emploi d'AMP et celui d'aide-soignant, « qui correspond à un besoin dans une partie des services de moyen et de long séjour hospitalier ainsi que dans le secteur des personnes âgées ».

Face à l'énormité des besoins, des « choix » devront par conséquent être faits « entre la formation qualifiante classique, le soutien à l'apprentissage, ou le développement de la VAE », prévient l'OPCA. « Aujourd'hui, Unifaf consacre 40 % de sa part contributive aux diplômes, ce qui est important comparativement à d'autres OPCA. Cela pose forcément une question d'équilibre sur la nature de la formation, qui est d'abord un accompagnement à l'adaptation au poste de travail et à l'évolution dans l'emploi, et pas seulement une fonction diplômante pour occuper l'emploi », commente Didier Tronche, président adjoint d'Unifaf.

D'autant que la qualification des directeurs est elle aussi concernée. Selon Unifaf, 600 nouveaux directeurs devront être recrutés chaque année. « Or la branche en formait 180 par an en 2006. » Le financement reste donc la clé de l'adaptation.

Les trois grandes filières professionnelles de l'associatif

Les 560 000 emplois que comptait la branche associative fin 2006 se répartissaient à parts presque égales entre trois grands domaines d'activité. Le domaine médical et de soins, qui rassemble 35 % des effectifs, avec une forte présence des aides-soignants (46 500) et des infirmiers (43 300). Le domaine éducatif et de l'insertion qui, avec 191 000 emplois, concentre 34 % des effectifs de la branche et comporte une majorité d'éducateurs spécialisés (43 600), d'aides médico-psychologiques (31 700) et de moniteurs-éducateurs (23 700). Enfin, les personnels administratifs, techniques, et d'encadrement pèsent 30 % des effectifs de la branche, avec 169 000 emplois, dont près de 13 000 cadres dirigeants.

Notes

(1) L'enquête « Emploi 2007 » brasse une série de données relatives à l'emploi et à la formation collectées par les délégations régionales d'Unifaf sur la période 2005-2007, auxquelles se rajoutent les résultats de la précédente enquête emploi menée en 2000 par Promofaf, et plusieurs sources d'information externes, publiques ou privées (DreEs, Dares, Cereq, Insee, schémas régionaux des formations sanitaires et sociales).

(2) L'enquête recense les emplois, et non le nombre d'équivalents temps plein, si bien qu'une même personne travaillant dans plusieurs établissements peut être comptée plusieurs fois. Par ailleurs, les associations d'aide à domicile et de familles d'accueil restent pour la plupart en dehors du périmètre d'Unifaf.

(3) L'extension de l'agrément d'Unifaf par arrêté ministériel du 16 novembre 2006 rend obligatoire l'adhésion à l'OPCA pour tout établissement sanitaire, social ou médico-social privé à but non lucratif.

(4) Catégorie composée des établissements relevant de l'aide sociale à l'enfance, des établissements et services habilités par la protection judiciaire de la jeunesse, et des services concourant à la protection de l'enfance.

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