Les ONG sociales et les partenaires sociaux du secteur public (Fédération des employeurs du secteur de santé et Fédération syndicale européenne des services publics) ont affiché, dans plusieurs communiqués de presse publiés avant Noël, leur hostilité à la proposition de directive que prépare la Commission européenne sur les services de santé.
Cette proposition vise à clarifier la jurisprudence de la Cour de justice européenne pour les patients, estime le porte-parole de la Commission, en leur permettant de profiter de la libre prestation de services. Elle va renforcer les discriminations dans l'accès aux soins, répliquent les ONG. Pour le président de la Plate-forme des ONG sociales, Fintan Farrell, la proposition de directive est faite « pour ceux qui ont les moyens financiers de se faire soigner dans un autre Etat membre ». Selon le projet, les patients pourront en effet voir leurs soins hospitaliers remboursés par la sécurité sociale à condition d'avancer les frais (contrairement au système actuel qui repose sur une prise en charge liée à une autorisation préalable). « Seuls les nantis pourront bénéficier de pareil système, tout en mettant la pression sur les soins de santé dans les deux Etats concernés (pays d'origine du patient et pays de prestation) », poursuit Fintan Farrel, regrettant que la proposition ne prenne pas en compte l'intérêt général, c'est à dire la possibilité « pour chaque citoyen européen, y compris pour les groupes les plus vulnérables, d'avoir un égal accès à des services de soins de haute qualité abordables pour tous ».
Soucieux d'apaiser une querelle naissante - plusieurs commissaires européens avaient fait part de leur opposition à cette proposition, la jugeant déséquilibrée et maladroite politiquement -, le président de la Commission, José-Manuel Barroso, a décidé de repousser à fin janvier tout décision sur le sujet.