Après plusieurs mois d'accalmie, le lieu d'hébergement de la zone d'attente de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle (ZAPI 3) est de nouveau saturé. « Le 31 décembre, 246 personnes étaient maintenues, dont 85 % de demandeurs d'asile », rapporte Hélène Gacon, présidente de l'ANAFE (Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers). A tel point que, la ZAPI ayant une capacité d'accueil de 164 personnes, des dizaines de personnes ont été maintenues dans les salles de transit des aérogares à la fin de l'année : jusqu'à 150 le 28 décembre, 82 le 31, principalement arrivées de Tchétchénie. Dans des conditions très précaires, voire « inhumaines », s'indigne l'ANAFE, qui a jugé la situation contraire à la dignité et « aux conditions d'accueil des personnes sollicitant leur admission en France au titre de l'asile » et a demandé la libération ou l'accès en ZAPI des étrangers ainsi maintenus.
Dans son rapport de visites dans les aérogares de Roissy-Charles-de-Gaulle (1) qu'elle vient de rendre public, l'organisation avait prévenu de la possibilité d'une telle surchauffe. Au cours des derniers mois, la zone d'hébergement « a rarement dépassé la moitié de son taux d'occupation, mais des situations similaires à celles de décembre 2002 et du printemps 2003 pourraient se reproduire, comportant plusieurs centaines de personnes maintenues dans les terminaux », explique-t-elle dans le document. Elle ajoute que dans ces conditions, « les trois visites hebdomadaires [autorisées par convention avec le ministère de l'Intérieur dans les aérogares, alors qu'elle peut intervenir à tout moment en ZAPI 3] seraient alors insuffisantes pour l'ANAFE qui souhaite apporter une assistance juridique à toutes les personnes qui en ont besoin ».
L'organisation dénonce dans son rapport les conditions restrictives de ses visites dans les aérogares (autorisation préalable, difficulté d'accès en amont du premier contrôle de police et d'entretien avec les personnes en cours de procédure...) et la durée de maintien des étrangers dans ces espaces avant leur transfert en ZAPI. « Le délai entre la première présentation à la police et la notification de maintien ne doit pas se prolonger au-delà d'une «période excessive» », précise-t-elle, observant que le juge des libertés et de la détention « sanctionne régulièrement » des délais trop longs. L'association pointe également les difficultés d'enregistrement des demandes d'asile dans les aérogares, les conditions précaires de maintien et les allégations de violences policières commises dans ces lieux.
(1) Une France inaccessible - Rapport de visites en aérogares - Zone d'attente de Roissy-Charles-de-Gaulle - Décembre 2007 -