Certes, « le système de santé français est reconnu comme l'un des meilleurs dans le monde, tout en permettant un large accès aux soins ». Mais il est aussi jugé « assez coûteux » alors même qu'« une démographie médicale préoccupante et une dégradation de la qualité de vie des professionnels de santé de certaines zones rurales et suburbaines font craindre l'apparition de territoires où la présence médicale est insuffisante ». C'est le constat tiré par la commission chargée, par le président de la République, de mener une concertation sur les missions de l'hôpital, lors de la présentation le 21 décembre des résultats de ses premiers travaux (1). Son président, le sénateur (UMP) Gérard Larcher, a indiqué qu'il ne s'agit que d'une première étape permettant de préciser les axes de réflexion et de dégager des pistes. La poursuite des travaux de la commission permettra de transformer ces idées en propositions concrètes dans le rapport final qui sera remis à Nicolas Sarkozy à la mi-avril.
Dans un état des lieux qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, la commission s'est interrogée sur les moyens d'améliorer la pertinence du recours à l'hôpital. En effet, l'insuffisance de liens entre la médecine de ville et la médecine hospitalière est un obstacle à la bonne organisation des soins. Une difficulté illustrée notamment par la problématique des personnes âgées pour lesquelles toute rupture dans l'organisation de leur vie peut compromettre l'équilibre fragile. Or « trop souvent, faute d'une bonne organisation, ces personnes sont envoyées à l'hôpital, sans que ce soit réellement nécessaire, mais surtout sans que l'hôpital soit prêt à les accueillir », a souligné Gérard Larcher. Cet absence de coordination est également une cause de mauvaise prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques et de celles souffrant d'affections psychiatriques qui retournent périodiquement à l'hôpital parce que leur suivi en ville est mal organisé. Des outils tels que les réseaux de soins ou la filière gériatrique n'ont que partiellement répondu à ces problématiques. C'est pourquoi le président de la commission appelle à rechercher de nouvelles solutions pour faciliter le « parcours du patient », favoriser la prise en compte de l'environnement de la maladie, le développement de la prévention et de l'éducation à la santé mais aussi la coordination avec les institutions sociales et médico-sociales et les services à la personne. Selon lui, les maisons de santé qui se mettent en place avec l'appui des collectivités décentralisées sont également une amorce de réponse pour peu qu'on en améliore le modèle.
La commission invite par ailleurs à « repenser » le concept de service public hospitalier en tirant les conséquences du constat suivant : l'ensemble des établissements, qu'ils soient publics ou privés, à but lucratif ou non, participe à une offre de services en santé qui a tous les caractères d'un service public. Il importe donc de redéfinir précisément les conditions de fonctionnement des établissements privés et de tenir compte de l'intérêt qu'ils suscitent auprès des fonds d'investissement internationaux. Autre préoccupation : l'efficience de l'hôpital, pour laquelle un des remèdes pourrait consister dans la mise en place d'un statut juridique rapprochant les conditions de fonctionnement du public et du privé mais différant selon la taille de l'établissement. Le rapport d'étape de la commission aborde enfin les questions de la rémunération des professionnels, de l'enseignement et de la recherche.
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