La création des agences régionales de santé (ARS) continue de susciter de nombreuses interrogations au sein des acteurs sociaux et médico-sociaux (1). Il n'est pas sûr qu'elles permettent de rendre les actions de « santé » - au sens de l'Organisation mondiale de la santé - plus cohérentes et les collaborations entre le secteur sanitaire et le secteur social et médico-social plus effectives, affirme, dubitatif, Jean Briens, président du Groupe national des établissements et services publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo) (2).
Non seulement le secteur social et médico-social ne semble pas être la priorité de ces nouvelles structures, mais ces dernières ne pourront régler, à elles seules, les questions de complémentarité entre le soin médical et l'accompagnement social. La mobilisation des ressources psychiatriques, par exemple, ne dépend pas d'une agence, mais « relève d'une volonté politique », précise encore Jean Briens. Par ailleurs, le périmètre régional de ces instances pose la question de l'échelon pertinent. « Comment allons-nous intégrer la programmation départementale, échelon de référence pour une large part des populations handicapées âgées ? Ne fait-on pas, sans le dire, le constat que la décentralisation s'est arrêtée au milieu du gué ? », s'interroge le président.
C'est pourquoi il pose plusieurs préalables à la création des ARS et invite à « se garder de toute précipitation » : clarifier ce que recouvre le terme de « santé » et apporter au secteur social et médico-social l'assurance « qu'il a autant de légitimité à agir que le secteur sanitaire ». Enfin, et surtout, définir un pilote principal pour l'action sociale, devenue illisible du fait de la multiplicité des instances décisionnelles et des organismes chargés de planification.
(2) GEPSo : 92, avenue de Saint-Mandé - 75012 Paris - Tél. 01 44 68 84 60.