Dans un rapport adopté, le 15 novembre, à une large majorité (345 voix pour, 14 contre et 2 abstentions), le Parlement européen invite les Etats membres à « appliquer de manière plus effective la législation communautaire en vigueur » en matière sociale, et l'Europe à répondre à la question : « Comment offrir des conditions sociales équitables dans un marché intérieur ? »
Pour la rapporteure britannique Liz Lynne (Libéraux et Démocrates), « l'Europe doit relever un défi de taille : l'équité. Après un demi-siècle de croissance économique, la pauvreté reste le lot de plus de 72 millions d'Européens. Et la prospérité croissante ne réduit en rien, au contraire, le fossé qui sépare les riches et les pauvres dans les Etats membres », déplore-t-elle.
Le rapport préconise ainsi, « afin de rendre le travail financièrement viable », de mettre en place, au niveau des Etats membres, « un salaire minimum décent, le cas échéant en coopération avec les partenaires sociaux ». Cinq Etats membres ne disposent toujours pas d'un tel revenu minimum, rappelle-t-il.
Le Parlement invite aussi « instamment » tous les Etats membres « à mettre fin à la dépendance des demandeurs d'asile à l'égard de prestations, et ce en leur permettant de travailler », mais aussi à envisager le développement de filières d'immigration.
Il rappelle également le lien étroit et complexe qui existe entre la pauvreté, la criminalité et l'emprisonnement. « Sans aucune action adéquate de réhabilitation et d'éducation, [ce dernier] ne mène bien souvent qu'à davantage d'exclusion sociale et au chômage », souligne-t-il. Les députés jugent en outre inacceptable qu'en matière d'alcoolisme et de toxicomanie, de nombreuses personnes détenues n'aient pas accès aux traitements et aux conseils à travers le système pénitentiaire.
En vue d'éradiquer le phénomène complexe de la pauvreté des enfants, il conviendrait enfin, selon le Parlement, de « mobiliser les ressources adéquates en accordant une attention particulière aux enfants abandonnés, aux enfants des rues et aux enfants placés dans des institutions ». Des services éducatifs, sociaux et de santé de haute qualité, bénéficiant aux enfants et à leur famille, y compris des services de garde d'enfants financièrement accessibles et l'accès à un logement abordable, revêtent « une importance capitale pour la prévention et la réduction de la pauvreté des enfants ».