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« Il faut trouver des complémentarités avec le secteur lucratif »

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Confrontées, dans certains secteurs, à la concurrence du secteur lucratif, les associations doivent affirmer leur complémentarité et unir leurs forces, défend, au lendemain du XXIXe congrès de l'Uniopss (1), Dominique Balmary, son nouveau président, retraité du Conseil d'Etat.
Vous avez passé une grande partie de votre carrière au sein de la fonction publique. S'agit-il d'un changement de cap ?

Non, car j'étais déjà engagé dans des associations dans le secteur de l'emploi et des personnes handicapées. Mais c'est vrai que lorsqu'on est venu me chercher pour entrer à l'Uniopss, j'ai un peu hésité car j'étais surtout spécialisé dans le droit du travail et la formation professionnelle (2). Ce qui m'a décidé, ce sont les valeurs portées par cette union. Dans une société envahie par l'administration et le marché, il me paraît important de maintenir un secteur privé non lucratif. En outre, face à des politiques publiques cloisonnées, l'Uniopss a l'intérêt d'être une organisation transversale, qui s'occupe de tous les aspects de la protection sociale qui intéressent une même personne.

Les associations sont aujourd'hui confrontées, pour partie, à la concurrence du secteur lucratif. Le jeu n'est-il pas inégal ?

C'est une question délicate, car elle met en jeu l'articulation des logiques économiques et sociales. Par exemple, l'ouverture du marché des services aux personnes met en opposition deux formes de solidarité. Elle peut se justifier du point de vue de l'emploi et de la solidarité économique. Par contre, elle risque de se faire au détriment des solidarités familiales et de voisinage. C'est pourquoi il faut développer, à côté du secteur lucratif, un secteur associatif qui garantisse la proximité et la prise en compte de la demande sociale, en particulier vis-à-vis des personnes fragiles. Il s'agit donc de réussir à articuler les politiques de l'emploi et de l'action sociale, une question qui n'est pas nouvelle, mais que les pouvoirs publics n'ont jamais su bien traiter. Cela suppose de trouver de nouvelles régulations - et l'Etat a sans doute une responsabilité - afin que l'on parvienne à un jeu équilibré entre les associations et les entreprises en fonction de leurs spécificités. Sur un marché ouvert, il faut raisonner en termes de complémentarité. Si l'on continue à vouloir penser en termes de concurrence, on aura de grosses difficultés...

Comment les associations vivent-elles le nouveau management qui leur est imposé avec les obligations vis-à-vis des usagers et de l'évaluation ?

Dans les contacts que j'ai eus avec les responsables associatifs, il me semble que ceux-ci acceptent assez bien les contraintes liées à la mise en oeuvre des droits des usagers et de l'évaluation. Ce qui les perturbe, en revanche, c'est la prolifération des textes législatifs et toutes les obligations qui vont avec. Ils redoutent un gonflement de leur activité administrative au détriment de leur coeur de métier. Or les associations doivent réussir à garder l'équilibre entre leurs préoccupations gestionnaires et leurs activités de réflexion prospective et de participation à la société civile afin de faire remonter aux pouvoirs publics les évolutions de la demande sociale. Nous devons être capables d'analyser, à travers les nouvelles réformes, dans quel sens va la solidarité. Par exemple, sur les franchises médicales, nous souhaitons élargir le débat et que l'on reconsidère le financement de l'assurance maladie.

Souhaitez-vous une réforme de la décentralisation ?

La décentralisation est pour nous un gros souci. Si elle a l'intérêt de rapprocher les décisions du terrain, elle a été menée par l'Etat sans vision globale cohérente et génère beaucoup de complexité et d'illisibilité. La question n'est pas de revenir à plus d'Etat ou d'aller plus loin dans les transferts de compétences, mais de remettre de l'ordre. Aussi, nous espérons que la « révision générale des politiques publiques » lancée par Nicolas Sarkozy (3) va aborder la décentralisation et la redéfinition des responsabilités des différents échelons. Et, bien sûr, que l'Uniopss sera consultée.

Quel est votre chantier à venir ?

Dans cette période compliquée où notre système de protection sociale est fragilisé, nous souhaitons développer une union de pensée avec nos adhérents. Il s'agit de pouvoir présenter aux pouvoirs publics et aux médias, qui réagissent à l'émotion, des positions communes sur les racines de l'exclusion. Dans le même esprit, nous voulons resserrer nos liens avec nos partenaires extérieurs, la Conférence permanente des coordinations associatives, le Conseil national de la vie associative ou encore la FEHAP, afin de rassembler nos forces face à la prolifération des réformes.

Notes

(1) Qui fêtait aussi ses 60 ans - « Cohésion sociale et solidarités : changeons-nous de cap ? » - Du 13 au 15 novembre - Uniopss : 15-17, rue Albert - 75013 Paris - www.congres-uniops.fr.

(2) Sur son parcours, voir ASH-Magazine n° 23 - Septembre-octobre 2007, p. 7.

(3) Voir ASH n° 2524 du 28-09-07, p. 21.

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