« Près de deux millions de personnes de 18 à 60 ans, soit 5,6 % d'entre elles, [déclarent avoir] subi des violences physiques ou sexuelles au cours des années 2005-2006. » C'est ce qui ressort du rapport annuel 2007 de l'Observatoire national de la délinquance (OND) rendu public le 12 novembre, qui s'appuie sur une enquête de victimation « cadre de vie et sécurité » réalisée en collaboration avec l'INSEE auprès de 17 000 ménages (1). Un document qui retrace également les évolutions des différentes catégories de délinquance.
En 2005 et 2006, l'OND note que 930 000 personnes affirment avoir été victimes de violences physiques commises par une personne qui ne vit pas avec elles (2) et que 820 000 disent l'avoir été par une personne qui vit avec elles. Dans ce dernier cas, constate le rapport, plus de la moitié de ces personnes ont été victimes de leur conjoint. « Peu ou mal connue jusqu'à aujourd'hui, la violence à l'intérieur des ménages se révèle [donc] comme un phénomène d'une fréquence comparable à celle des autres violences physiques », s'inquiète l'observatoire qui souligne pour autant que le taux de dépôt de plaintes ne s'élève qu'à 8,8 %. A quelques jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes - les plus touchées par les violences intra-ménage -, l'observatoire indique que, en 2006, 168 décès par homicide volontaire ou violences ayant entraîné la mort ont été constatés au sein du couple, auxquels il faut ajouter 60 décès collatéraux directement liés aux violences entre conjoints. Sur la même période, 575 viols, 90 tentatives d'homicides et 40 507 violences non mortelles ont été rapportés par la gendarmerie nationale et les fonctionnaires de la sécurité publique. Et la police nationale a enregistré près de 700 000 mains courantes, dont un peu plus de 48 000 portaient sur des différends familiaux et 105 000 concernaient des différends entre époux ou concubins. A noter également : selon la gendarmerie et la police nationales, les viols et les agressions sexuelles sur mineurs constatés sont respectivement en baisse de 4,3 % et de 9,6 %.
Par ailleurs, le rapport note que la proportion de personnes de 14 ans et plus qui déclarent que la délinquance est le problème principal de leur quartier est en baisse : elle est passée de 13 % en 2006 à 10,7 % en 2007. En revanche, souligne-t-il, celle des personnes ayant été témoins d'au moins un acte de délinquance sur les deux dernières années est en hausse, puisqu'elle est passée de 14,5 % en 2006 à 18 % en 2007. Toutefois, indique l'OND, contrairement à ce qui avait été constaté entre 2005 et 2006, « les indicateurs sur les questions de sécurité ne permettent pas de conclure à une amélioration ou à une dégradation des opinions sur la sécurité entre 2006 et 2007 ». « Les zones urbaines sensibles se singularisent toujours de façon très nette sur ces questions, y compris lorsqu'on les compare aux autres quartiers urbains, relève en outre le rapport : 27 % des personnes de 14 ans et plus considèrent la délinquance comme le problème principal de leur quartier.
Face à ces constats, l'Observatoire national de la délinquance préconise plusieurs actions qui contribueraient à une meilleure connaissance et une appréhension plus efficace des évolutions de la criminalité et de la délinquance, du profil des auteurs d'infractions et de leurs victimes. Il propose notamment de lancer une enquête nationale régulière de victimation visant à la fois les élèves et les personnes en les interrogeant tant sur les atteintes subies que sur le sentiment d'insécurité. L'OND suggère également de réaliser une étude qualitative sur les violences sexuelles afin de mieux appréhender ce type de criminalité. Enfin, il souhaiterait mettre en place un groupe de travail réunissant tous les partenaires concernés (police, gendarmerie, justice, élus locaux, chercheurs) pour analyser l'évolution des violences urbaines au cours des 25 dernières années, d'en décrire les mutations et de réfléchir, le cas échéant, à la proposition d'un outil de mesure et d'étude.
(1) La synthèse du rapport annuel de l'OND ( La criminalité en France - Institut national des hautes études de sécurité - Novembre 2007) et l'enquête de victimation sont disponibles sur
(2) Selon le rapport, 120 000 femmes ont été agressées par leur ex-conjoint et les autres connaissent leur agresseur près de six fois sur dix.