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Le Secours catholique dessine une pauvreté à géographie variable

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« En raison du caractère multidi mensionnel de la pauvreté, il n'y a pas une carte de France de la pauvreté, mais autant de cartes que d'indicateurs sélectionnés », affirme le Secours catholique dans ses Statistiques d'accueil 2006, rendues publiques le 8 novembre (1). Cette année, l'association a choisi de mettre l'accent sur les inégalités territoriales de la précarité liées au croisement de nombreux facteurs et de montrer ainsi les limites de la seule approche monétaire nationale de lutte contre la pauvreté. A cet égard, l'action politique de proximité est essentielle, souligne Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action France et institutionnelle. Mais encore faut-il, selon lui, que les territoires les plus pauvres ne soient pas laissés à l'abandon et qu'il y ait un rééquilibrage des moyens humains et financiers vers les zones et les personnes les plus fragiles. On ne saurait en effet accepter « la ségrégation spatiale et humaine entre les territoires riches et pauvres ».

Hommes seuls, familles monoparentales...

En 2006, l'âge moyen des 1 550 000 personnes rencontrées par les équipes du Secours catholique (dans 667 400 situations) dépasse légèrement 40 ans, contre 39,3 ans en 2002. Une élévation « lente mais continue » qui résulte de l'augmentation de la part des 50-59 ans en raison de l'évolution démographique et du marché de l'emploi difficile après 50 ans. D'une façon générale, la pauvreté touche davantage les hommes seuls (26,7 %), surtout en Ile-de-France, dans le Limousin, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et dans l'Ouest (31,6 % à 35 % des situations). Le Sud-Est et l'Ouest se caractérisent par une forte proportion de femmes seules accueillies (entre 17 % et 19 %).

Pas d'évolution notable sur le profil des familles. La monoparentalité reste importante (29,7 % des familles), avec une progression lente des pères isolés. Ce type de ménage est surreprésenté par rapport à l'ensemble de la population française (7,4 % en 1999) dans toutes les régions, et il est encore plus répandu au sein des publics rencontrés dans le Nord-Pas-de-Calais, en Champagne-Ardenne et en Haute-Normandie.

La réalité géographique est très contrastée en matière d'emploi. 16 % des personnes reçues par l'association sont des travailleurs pauvres. Ce taux se situe entre 18,5 % et 19,3 % en Ile-de-France, dans le Centre, en Auvergne, en Basse-Normandie et en Aquitaine et descend à 10,6 % dans le Nord-Pas-de-Calais ou la région PACA. La géographie est également très inégale en matière de chômage : la proportion de personnes rencontrées dans cette situation atteint quasiment 51 % en Basse-Normandie, en Champagne-Ardenne et dans les Pays-de-la-Loire. Cette dernière région affiche également un niveau important d'emplois précaires (entre 11,6 % et 12,5 %) et un chômage largement non indemnisé. En Ile-de-France, en Bourgogne, dans le Limousin et en Midi-Pyrénées, la proportion de chômeurs descend entre 29 % et 37 %. Par ailleurs, les facteurs d'inac-tivité (âge, santé...) sont très inégalement répartis, le Sud et la Bretagne sont ainsi particulièrement touchés par l'invalidité.

Les disparités régionales sont également très fortes dans le secteur du logement. L'étude note globalement la progression de la location privée (31,9 % contre 28 % en 2002) du fait de la pénurie de logements sociaux et de la faible mobilité de leurs résidents. Or le loyer moyen des personnes accueillies est supérieur de 14 % dans le parc privé par rapport au parc HLM. Mais cet écart atteint 25 % en Champagne-Ardenne et en Bretagne, contre 7 % en Poitou-Charentes et 5 % dans le Limousin. Enfin, après déduction des aides au logement, la part du loyer dans les ressources mensuelles des familles varie du simple au double selon les régions. C'est en Ile-de-France, en Alsace et en Lorraine que le taux d'effort net est le plus important.

Des variations selon la taille des familles

Parmi le public reçu, 91 % des personnes sont en dessous du seuil de pauvreté. Mais ce chiffre atteint 92,6 % à 95,8 % dans le Nord-Pas-de-Calais, la Haute-Normandie, la Lorraine, en Poitou-Charente, dans le Limousin et l'Auvergne, régions qui concentrent des familles nombreuses et à faibles ressources. Alors que le niveau de vie moyen, qui n'est quand même au maximum que de 534 € , est plus « élevé » par exemple en Bourgogne et en Languedoc-Roussillon.

En outre, si 17 % des personnes accueillies ne perçoivent aucune ressource, ce taux descend à 5 % en Basse-Normandie et monte à 28 % en Alsace. Il est lié à la forte présence, ou non, des étrangers sans papiers et des jeunes de moins de 25 ans, fréquemment dans ce cas. Même si l'absence de ressources est également due à des retards ou à des dysfonctionnements administratifs dans la perception des prestations sociales. Quant au nombre de personnes vivant uniquement de transferts sociaux, il varie aussi sensiblement selon les régions : entre 46,7 % et 53 % dans le Nord-Pas-de-Calais, en Champagne-Ardenne, en Aquitaine, en Poitou-Charentes et en Languedoc-Roussillon, contre 28,2 % à 37 % en Ile-de-France ou en Bourgogne. Enfin, les personnes de nationalité étrangère sont sureprésentées (plus de 40 % des situations rencontrées) en Ile-de-France, Rhône-Alpes, Alsace et Limousin.

Ces cartes de la précarité dessinées par le Secours catholique recoupent en partie celle de l'INSEE (2). L'institut relève notamment que le Languedoc-Rousillon, la région PACA, le Nord et la Seine-Saint-Denis affichent les taux de pauvreté les plus élevés. Si le chômage, le poids des inactifs, les différences de structure sociale ou familiale expliquent ces inégalités, l'INSEE souligne néanmoins que les prestations sociales, qui comptent pour le tiers du revenu disponible des ménages pauvres, « contribuent fortement à en réduire l'amplitude ».

Notes

(1) Disponible sur www.secours-catholique.org.

(2) « Niveau de vie et pauvreté en France : les départements du Nord et du Sud sont les plus touchés par la pauvreté et les inégalités » - Etude effectuée à partir du traitement des déclarations de revenus et des données de la taxe d'habitation - Insee Première n° 1162 - Octobre 2007 - www.insee.fr (rubrique « Publications »).

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