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« Le travail social ne peut plus être pensé du seul point de vue national »

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L'Institut social Lille-Vauban a signé, le 16 octobre, un accord de coopération avec le ministère de l'assistance et de la réinsertion sociale de la République d'Angola afin d'apporter son appui à la formation des travailleurs sociaux et des cadres de ce pays. Décryptage avec Emmanuel Jovelin, son directeur adjoint chargé des recherches et du développement international (1).
Quel est l'objet de cet accord ?

Par cet accord de coopération de trois ans renouvelable, notre institut s'engage à aider le ministère de l'assistance et de la réinsertion sociale (Minars) à développer la formation des cadres et des travailleurs sociaux en Angola et à apporter son ingénierie pour l'ouverture du futur Institut supérieur du service social. Il va mettre à disposition ses formateurs et apporter sur place un appui technique aux actions de formation. Il s'engage aussi à accueillir les cadres angolais dans ses masters et doctorats. Notre centre pourra également mener des recherches sur des problématiques sociales - un projet sur la prostitution est à l'étude - avec l'idée à terme de former les travailleurs sociaux angolais à la recherche. Enfin, l'accord prévoit le partage d'expériences entre les deux parties.

Comment est née cette coopération ?

Elle s'inscrit dans une collaboration engagée il y a deux ans. En 2005, nous avions été sollicités, par le biais de l'ambassade de France en Angola, parce que le Minars cherchait un institut pour accueillir ses cadres en formation supérieure. Certains viennent donc déjà se former dans nos masters pendant 24 mois. Après 30 ans de conflit, la République d'Angola est en pleine reconstruction. Et, face aux problèmes de prostitution, d'alcoolisme, de pauvreté, d'éclatement des familles ou de solitude des personnes âgées, que les associations caritatives parviennent difficilement à prendre en charge, les besoins en travailleurs sociaux sont très importants. Or il n'existe que trois formations sociales préparant aux métiers de « vigilante de l'enfance », d'éducateur social et d'assistant social dispensées par l'Institut supérieur des sciences religieuses de l'Angola. C'est pourquoi le Minars veut ouvrir une formation publique d'assistant social et mettre en place celle de ses cadres, aujourd'hui inexistante. Conçu à cette fin, le futur Institut supérieur du service social devrait accueillir ses premiers étudiants en fin d'année. Le travail social angolais est en pleine construction.

Cette ouverture à l'extérieur n'est pas nouvelle pour votre école...

Effectivement, l'ouverture internationale et interculturelle fait partie de notre tradition. Notre école développe depuis une quinzaine d'années des projets internationaux : accueil de stagiaires dans le cadre de projets européens, échanges d'enseignants avec des pays d'Europe. Nous avons créé en 2005 un « master du travail social en Europe » avec 11 universités européennes. Nous avons mis en place également des coopérations pédagogiques avec les universités de Iasi en Roumanie, de Canterbury en Grande-Bretagne, d'Eischstätt en Allemagne, la Hogeschool de Breda aux Pays-Bas et l'Ecole libanaise de formation sociale. Par ailleurs, depuis 1999, nous avons engagé un partenariat avec l'Ecole de travail social d'Antananarivo à Magadascar afin de l'aider à qualifier les professionnels, à renforcer les compétences des cadres et à développer la recherche. Enfin, notre école a été la première à dispenser des cours d'interculturalité à ses étudiants au sein de l'université catholique de Lille.

Dans un contexte de restriction budgétaire, ces coopérations ne se font-elles pas au détriment de la formation de base ?

Cette année, une vingtaine d'étudiants veulent faire leur stage à l'étranger. Et pour la première fois, cinq groupes d'assistants sociaux en formation de première année vont passer une semaine dans un pays d'Europe ! Ces coopérations sont au contraire une ouverture : elles permettent aux étudiants de voir la diversité des pratiques dans le monde et de prendre du recul. Avec la mondialisation des échanges et la circulation des populations, le travail social ne peut plus être pensé du seul point de vue national. Mais c'est vrai, cette ouverture à l'international et à la recherche a un coût : si nous arrivons à obtenir des financements européens ou du ministère français de la coopération, l'institut complète au final sur son budget. C'est un choix pédagogique de la direction et du président assumé par le conseil d'administration de l'école. D'autres centres de formation à Paris et en province ont fait le même pari. Toute la question est effectivement de savoir, dans le contexte comptable et gestionnaire actuel, jusqu'où on peut aller dans cette direction ? Et quel sens on donne à la formation : délivrance d'un savoir opérationnel ou ouverture aux enjeux du travail social ?

Notes

(1) Institut social Lille-Vauban : 83, boulevard Vauban - 59044 Lille cedex - Tél. 03 20 21 93 93.

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