A l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, le président de la République a décliné, le 17 octobre, devant le Conseil économique et social (CES), les grands thèmes sur lesquels le gouvernement devra plancher pour éradiquer ce phénomène, un chantier confié au Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté. Au menu : lutte contre l'insalubrité et la crise du logement, insertion des jeunes, accès aux soins pour tous, emploi... Nicolas Sarkozy en a profité pour annoncer qu'une « aide à l'acquisition de la couverture complémentaire beaucoup plus généreuse et étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui » serait offerte « aux plus fragiles ». Et que, dans l'attente de la réforme des minima sociaux, la prime de Noël serait de nouveau versée cette année.
De son côté, Martin Hirsch a confirmé, le même jour dans une communication en conseil des ministres, que le gouvernement avait pris « l'initiative d'un engagement national contre la pauvreté qui traduit la volonté du président de la République de se fixer [pour la première fois] en la matière des obligations de résultat, à commencer par celui de réduire d'un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays ». Pour ce faire, le Haut Commissaire a indiqué qu'un document - qu'il a préparé au cours de ces dernières semaines en collaboration avec les acteurs concernés - mais que les associations et les partenaires sociaux ont refusé de signer (voir ce numéro, page 43) - trace les lignes directrices de la lutte contre la pauvreté et « marque le point de départ d'une nouvelle méthode de travail ». Y est notamment actée l'organisation d'un « Grenelle de l'insertion », dont le coup d'envoi aura lieu à Grenoble, les 23 et 24 novembre, à l'occasion des premières rencontres de l'expérimentation sociale, et se prolongera jusqu'au printemps prochain. Devant le CES, le chef de l'Etat a, en outre, précisé que l'objectif de ce nouveau « Grenelle » était de « mettre les minima sociaux au service de l'emploi et de la réduction de la pauvreté plutôt qu'à celui de la relégation durable ». Ce chantier sera l'occasion d'« établir un diagnostic partagé sur les situations de pauvreté avant de remettre à plat les politiques destinées à y remédier », de « réfléchir aux conditions de l'accompagnement social tant professionnel que bénévole », d'examiner « comment mieux concilier le travail et la solidarité, comment créer un contrat unique d'insertion qui soit à la fois simple et souple, comment donner une dynamique nouvelle au secteur de l'insertion pour mieux « abaisser les marches » qui rendent l'accès au travail difficile pour certains ».
Au-delà, Martin Hirsch a également annoncé que serait désormais réalisée, pour les principales mesures législatives et réglementaires prises dans le domaine social, fiscal et environnemental, une étude d'impact au regard de leurs conséquences sur la pauvreté. De plus, il propose que soit prise en compte, avec l'accord des partenaires sociaux, la question de la pauvreté dans l'ensemble des sujets de négociations qui peuvent avoir une influence sur l'évolution de son taux. Enfin, « un suivi régulier de l'évolution de la pauvreté avec l'ensemble des parties prenantes » devrait être mis en place. Dans ce cadre, un rendez-vous sera organisé chaque année au moment de la publication de l'enquête annuelle « revenus fiscaux » de l'INSEE et le Parlement sera informé de l'évolution de la pauvreté par un bilan du gouvernement. Un ou deux rendez-vous intermédiaires pourront également être instaurés, afin de prendre en compte les informations provenant des différents observatoires et les données du terrain.