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Dans la lutte contre la pauvreté, les associations veulent conserver leur « vocation tribunicienne »

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Cette année, le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère, a pris une épaisseur particulière. Pour le 20e anniversaire de l'appel lancé par le père Joseph Wresinski, fondateur d'ATD quart monde, au Trocadéro à Paris, son ambition était de « mettre en lumière l'existence d'un courant mondial de personnes qui veulent lutter contre la misère d'une façon nouvelle, en refusant l'assistanat et en choisissant d'associer les plus pauvres ». Cette volonté a été inscrite dans une « Déclaration de solidarité », déjà signée par plus de 140 000 personnes, dont des dizaines de personnalités, dans 141 pays, et devait être remise simultanément le 17 octobre à New York au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et à Paris au président de la République, Nicolas Sarkozy, à l'occasion de son discours sur la lutte contre la pauvreté devant le Conseil économique et social (voir ce numéro, page 9). « Il faut inventer une lutte contre la pauvreté qui n'humilie pas et s'appuie sur l'intelligence des plus pauvres », a, à la veille de cette allocution, souligné Bruno Couder, délégué général adjoint du mouvement international ATD quart monde. « On ne peut pas tenir compte de la pauvreté sans faire référence à l'extrême pauvreté. »

Le sujet a constitué un point de friction entre les associations et le Haut-Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, qui les avait invitées début octobre à signer un texte commun d'engagement à réduire d'un tiers la pauvreté en cinq ans (1). « La pauvreté est inacceptable, pas seulement pour les 30 % à qui l'on cherchera à faire franchir le seuil monétaire. Il ne faut pas un programme de réduction de la pauvreté qui divise les pauvres », a insisté Pierre Saglio, président d'ATD quart monde, au lendemain d'une réunion, le 15 octobre, organisée à l'initiative du président de la République, avec les représentants d'une dizaine d'autres d'associations, pour faire, selon l'Elysée, « un constat, en analyser les mécanismes et réfléchir aux solutions à apporter ».

Avant de s'entendre sur les remèdes, les acteurs devront donc d'abord s'entendre sur les objectifs. « Il est regrettable que le gouvernement agisse comme s'il ne s'était rien passé avant, estime Bruno Tardieu, délégué national d'ATD quart monde. L'objectif de réduire la pauvreté de 30 % est un recul par rapport aux propositions du rapport de Didier Robert, en 2003, pour l'accès de tous aux droits de tous par la mobilisation de tous. » Le respect des droits fondamentaux, conformément à la loi de 1998 de lutte contre les exclusions, constitue donc toujours une priorité, comme le souligne Amnesty International, qui s'apprête à lancer en 2008 une campagne internationale pour rappeler les Etats à leurs obligations. Or beaucoup craignent que les orientations du gouvernement n'aboutissent à « un écrémage des pauvres » (voir la Tribune libre, ce numéro, page 37), essentiellement fondé sur le retour à l'emploi et l'augmentation des ressources, sans considération des autres facteurs d'exclusion, souvent cumulatifs.

Prêts à préparer le « Grenelle de l'insertion »

Insatisfaites de son contenu, mais surtout parce qu'elles veulent conserver leur « vocation tribunicienne », selon les termes de Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique, les associations ont, comme les partenaires sociaux, refusé de signer le texte d'engagement gouvernemental. « Martin Hirsch a voulu aller vite pour avoir un texte prêt et signé avant le 17 octobre, cela ne s'est pas fait, poursuit Bruno Tardieu. En revanche, les membres d'Alerte et les partenaires sociaux sont prêts à poser les bases d'un «Grenelle» de l'insertion, au sens large du terme, à partir d'un diagnostic partagé. » C'est-à-dire à mener un travail de fond, « sans être prisonniers d'un jeu médiatique », insiste Pierre Levené. Une distance peu appréciée par le Haut Commissaire, qui, intervenant le 17 octobre sur France Inter, a demandé aux associations de « changer de disque » et de « ne pas finasser ». Affirmant la volonté politique de s'attaquer à la pauvreté, « il faut que chacun adapte son discours à ce changement de cap », a-t-il ajouté.

Notes

(1) Voir ASH 2525 du 12-10-07, p. 39.

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