Comment évaluer et traduire en besoins d'aide les différentes incapacités repérées grâce à la grille AGGIR (autonomie gérontologique, groupes iso-ressources) ? De nouveau sur le métier, celle-ci devrait donner lieu à un décret en Conseil d'Etat dans les prochains mois. Cet outil d'évaluation de la perte d'autonomie avait déjà fait l'objet, en 2005, d'un nouveau « guide d'utilisation » à l'usage des professionnels du secteur des personnes âgées (1). Sans être bouleversé, il devrait, cette fois, être accompagné d'un nouveau « guide d'évaluation ». Toujours dans le même objectif : mieux prendre en compte les troubles psychiques, souvent sous-estimés, et les besoins d'accompagnement qu'ils entraînent.
Le même groupe de travail - composé, depuis la création de l'outil, d'experts du Syndicat national de gérontologie clinique (SNGC) et de la caisse nationale de l'assurance maladie - s'est donc remis à l'ouvrage. Pour chacune des 17 variables prises en compte (par exemple la personne s'habille-t-elle ou mange-t-elle seule ?), il a précisé le sens des quatre adverbes proposés : habituellement, spontanément, totalement, correctement. Il a aussi subdivisé les deux items les plus délicats et les plus déterminants pour l'évaluation psychique - « orientation » et « cohérence » - puis proposé une cotation correspondant à chaque réponse (allant de A à C, par ordre croissant de gravité).
Et c'est là que le bât risque de blesser : un autre groupe de travail constitué au sein de la direction générale de la santé est tenté de minorer, dans certains cas de figure, la cotation proposée pour ces deux items, « orientation » et « cohérence », et donc de sous-évaluer leur impact. Cette inflexion « changera notablement le groupe GIR final de la personne et peut, dans certains cas, l'exclure de l'éligibilité à l'APA » (allocation personnalisée d'autonomie), a protesté Jean-Marie Vetel, président du SNGC, dans une lettre adressée le 31 août, au nom des auteurs du projet de guide, à Xavier Bertrand, ministre de la Solidarité. Cela ferait aussi mauvais effet au moment où il est question de mieux prendre en charge la maladie d'Alzheimer...
Aux dernières nouvelles, il semble que le projet de décret reprendrait la proposition initiale des experts. A suivre.