« Nous refusons de laisser la psychiatrie se faire asphyxier », martèle la Fédération de la santé et de l'action sociale de la CGT, alors que les annonces gouvernementales concernant les détenus dangereux sont largement critiquées (1). Le syndicat réclame, outre des structures de soins suffisantes en détention, des moyens et un plan pour l'emploi et la formation à la hauteur des besoins de la psychiatrie de secteur. Car sur ce point, explique-t-il, le plan « psychiatrie et santé mentale » de 2005 (2), engagé après le double meurtre à l'hôpital psychiatrique de Pau, n'a pas répondu aux attentes : malgré le moratoire annoncé, « les lits ont continué à fermer, les structures n'ont plus les moyens de fonctionner, le manque de personnels s'accentue, de plus en plus de postes de psychiatres sont vacants et le glissement des tâches s'accroît... »
Le centre hospitalier du Vinatier, à Lyon, qui devrait accueillir en 2009 la première structure fermée pour délinquants sexuels, aurait ainsi perdu 100 lits depuis 2004, rapporte Nathalie Gamiochipi, animatrice du collectif national sur la psychiatrie au sein de la CGT Santé et action sociale. Quand l'hôpital psychiatrique de Toulouse, dévasté par l'explosion de l'usine d'AZF, a rouvert en 2006, c'est avec 50 lits en moins, ajoute-t-elle. L'hôpital Maison-Blanche de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) aurait, pour sa part, vu passer 50 lits à la trappe depuis 1998, au cours de son déménagement sur plusieurs sites parisiens. « La transformation de certaines structures en établissements médico-sociaux, sans que ce secteur se voie attribuer les moyens nécessaires, se traduit par une perte de lits en psychiatrie générale », déplore également Nathalie Gamiochipi. Sans compter, poursuit-elle, les décalages entre les autorisations d'ouverture et les lits installés, du fait de la pénurie d'effectifs.
Reste aussi une attente, partagée avec les autres organisations professionnelles et les associations d'usagers qui ont obtenu le retrait de plusieurs dispositions sur l'hospitalisation sans consentement de la loi sur la prévention de la délinquance du 5 mars 2007 (3) : quand la réforme du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux sera-t-elle inscrite à l'ordre du jour parlementaire, comme promis par le gouvernement ? La CGT Santé et action sociale avait souhaité que cette réforme soit insérée dans une grande loi d'orientation et de programmation pour la psychiatrie...