Les différentes mesures touchant l'assu rance maladie annoncées ou mises en oeuvre au coeur de l'été (voir ce numéro, page 9) ont suscité de nombreuses et vives réactions.
Directement concernée par le « plan Alzheimer » promis par Nicolas Sarkozy, l'association France Alzheimer se montre circonspecte. « Cela fait plusieurs années qu'on entend les mêmes choses des pouvoirs publics, réagit sa présidente, Arlette Meyrieux. On sait ce qu'il faut faire, par exemple pour la création de vrais accueils de jour thérapeutiques, mais ce qui manque, c'est la volonté politique pour mettre les moyens financiers suffisants. » Elle n'est pas sûre que l'on sortira du « saupoudrage » et craint également que la priorité donnée à la recherche ne se fasse au détriment de la prise en charge des malades et des aidants, qui constitue « l'urgence ».
L'AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) exprime « son accord sur les principes » énoncés par le président de la République tels que la mise en place du plan Alzheimer, le développement des soins palliatifs et la création d'une cinquième branche de protection sociale, mais s'interroge aussi sur « les moyens et les financements ». En tout état de cause, demande-t-elle, l'instauration de financements nouveaux doit faire l'objet d'une large concertation pour éviter que « des polémiques semblables à celles liées à la suppression du jour férié [suite à la canicule de 2003] n'aillent à l'encontre des objectifs de solidarité exprimés ». Dans l'immédiat, « l'enjeu essentiel » est l'arbitrage qui interviendra pour l'ONDAM (objectif national de dépenses d'assurance maladie) « personnes âgées » dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008. A ses yeux, le niveau des crédits engagera « la crédibilité des pouvoirs publics sur leur volonté d'améliorer les conditions de vie des aînés fragilisés ».
Autre réaction « catégorielle », celle d'une organisation étudiante comme la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), qui « demande expressément » que les étudiants soient exclus des nouvelles mesures de franchise. 18 % des étudiants n'ont pas de couverture complémentaire santé et 23 % renoncent déjà à des consultations pour des raisons financières, rappelle-t-elle.
D'autres organisations comme la CFR (Confédération française des retraités), la CFDT ou l'UNAF (Union nationale des associations familiales) contestent l'alourdissement du « reste à charge » des assurés qui résultera de l'extension des franchises, avec un « grand risque de renoncement aux soins ». « Contrairement à ce que pense la ministre de la Santé, de nombreuses personnes ne peuvent pas payer 4 € par mois, même pour financer des priorités de santé publique que nul ne conteste », estime également la FNATH (Association des accidentés de la vie).
L'UNAF pointe aussi la complexité des mesures annoncées : « A l'opacité des différents honoraires s'ajoute une illisibilité des remboursements ! », s'exclame-t-elle en s'interrogeant sur ce qui permettra de « distinguer ce qui est destiné au financement du plan Alzheimer et ce qui sera affecté à la réduction du déficit de la sécurité sociale. »
Enfin et surtout, de nombreuses organisations s'opposent au principe même des franchises, parce qu'elles frappent « les malades et eux seuls », comme le soulignent notamment le CISS (Collectif interassociatif sur la santé), la CFR ou la Mutualité française. « On casse complètement le principe fondateur de la sécu », qui instaurait une solidarité entre malades et bien portants et entre les générations, s'indigne par exemple Jacques Voisin, président de la CFTC, d'accord en cela avec ses homologues de la CGT et de l'UNSA comme avec de nombreuses associations telles que l'UNAF et le CISS, et des experts tel Didier Tabuteau, conseiller d'Etat et universitaire.
La menace d'un « abandon progressif d'un système d'assurance maladie solidaire » motive aussi l'appel d'un collectif réunissant des professionnels du soin, des syndicats (FSU, SUD, Solidaires...), des associations (dont l'Union des familles laïques) et des partis politiques (PS, PCF, LCR) à se mobiliser le 29 septembre « contre les franchises et pour l'accès aux soins de tous ».