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DEASS réformé : des résultats sous haute surveillance

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« Des résultats alarmants », une « hécatombe ». Dans une pétition à l'attention de la DRASS (direction régionale des affaires sanitaires et sociales), de la DGAS (direction générale de l'action sociale) et des ministères concernés, un collectif d'étudiants dénonce les mauvais résultats de la première promotion du nouveau diplôme d'Etat d'assistant de service social (DEASS) en Ile-de-France, qu'il impute aux conséquences de la réforme de 2004 (1) et à certains dysfonctionnements (2).

Tendance à la baisse des diplômés

De fait, la DRASS enregistre un taux de réussite de 73,3 %, contre 85,5 % en 2006. Certes, tous les résultats définitifs n'avaient pas encore été communiqués par les services déconcentrés de l'Etat à la mi-juillet et certaines écoles affichent le maintien de leur taux moyen de réussite. Mais globalement, la tendance nationale qui se dessine suscite l'inquiétude des candidats et des acteurs de la formation. A la direction de l'IRTS de Talence, on relève ainsi une augmentation du taux d'échec en inter-régions (Talence, Pau, Poitiers), qui passe de 15-20 % à 25 %. Idem dans le Nord-Pas-de-Calais, où le taux d'admission plafonne à 74 %. Les régions Rhône-Alpes et Bretagne affichent quant à elles une baisse de trois points. Mais l'Aforts (Association française des organismes de formation et de recherche en travail social), qui a déjà réalisé une première estimation parmi ses adhérents, constate une chute de 15 points des taux de réussite dans l'ensemble de son réseau. « Comme nous le pressentions, le nombre de candidats diplômés dans le cadre de la nouvelle réforme est en nette diminution au regard des promotions précédentes, s'alarme de son côté l'ANAS (Association national des assistants de service social). Cela est dû principalement à certaines modalités des épreuves de certification, qui, structurellement, induisent un taux d'échec supérieur à la formule précédente. »

Pointée du doigt : la fin du système de compensation entre les épreuves. Dans la logique de l'ouverture du diplôme à la validation des acquis de l'expérience, la formation est organisée en domaines de compétences (DC). Les étudiants doivent avoir la moyenne à chaque épreuve pour obtenir la certification des quatre DC.

Elisabeth Prieur, vice-présidente de l'Aforts, directrice de l'Institut social Lille-Vauban et membre du comité de suivi de la réforme du DEASS, confirme l'effet couperet, prévisible, de la disparition des compensations : « Les résultats sont moins bons globalement, mais lorsqu'on les regarde DC par DC, il n'y a pas de gros écarts. » Ce qui n'empêche pas, ajoute-t-elle, que des ajustements seraient à faire dans la mise en musique de la réforme pour réduire des décalages probables entre les attentes des jurys et la préparation des étudiants. Pourtant, le comité de suivi avait élaboré toute une série d'outils pour accompagner la réforme. Mais « il y a encore des améliorations à apporter dans l'appropriation commune des critères nationaux de certification », abonde Nicole Guillopé-Dépléchin, responsable de la formation des assistants de service social à l'IRTS de Rennes et représentante du GNI (Groupement national des instituts régionaux du travail social) au comité de suivi. « Les différences de résultats entre écoles, ajoute-t-elle, peuvent s'expliquer par une appréhension différente des épreuves et des attentes des jurys. » Les possibilités de rattrapage en jury plénier des étudiants ayant obtenu une note sous la moyenne d'un seul DC auraient également été utilisées de manière disparate. Elles ont pourtant joué un rôle majeur : en Bretagne, les passages en jurys pléniers semblent avoir été déterminants, explique-t-on à la DRASS, pour freiner à 3 points la baisse du taux d'admission (78 %).

Refus d'un écrémage trop sévère

Au-delà du temps d'ajustement nécessaire, « la réforme a incontestablement changé la nature du diplôme », estime quant à lui Christian Chassériaud, président de l'Aforts, car les épreuves ont accru le niveau d'exigence : « On ne valide plus un savoir, mais une compétence professionnelle. Les professionnels membres des jurys se sont mis dans la situation de savoir ce qu'ils attendraient du candidat s'ils avaient à travailler avec lui. » Pour le DC sur l'intervention en service social, « on voit tout de suite l'épaisseur du candidat, sa capacité à s'adapter à une situation, sa posture professionnelle », ajoute Didier Dubasque, secrétaire national de l'ANAS. Une évolution qui tire le diplôme vers le haut, défend Christian Chassériaud, et qui représente un argument de plus pour plaider en faveur de la reconnaissance du DEASS au niveau licence... « Les résultats sont à peu près les mêmes pour le Caferuis [certificat d'aptitude aux fonctions d'encadrement et de responsable d'unité d'intervention sociale] et nous risquons d'avoir la même surprise pour le diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé réformé en 2007. »

En attendant, les étudiants et les professionnels ne veulent pas que cette valorisation se traduise par un écrémage trop sévère et proposent des aménagements. L'ANAS, inquiète de la baisse du nombre de diplômés dans un secteur en pénurie, souhaite que l'exigence de la moyenne pour chaque épreuve soit remplacée par l'instauration d'une note éliminatoire (inférieure à 8 par exemple). Elle demande également qu'une session de rattrapage soit organisée en novembre pour les candidats ayant une moyenne comprise entre 8 et 10 dans deux DC au maximum et que pour le DC sur les politiques sociales, deux sujets au choix soient soumis aux étudiants. « On va faire perdre une année complète aux candidats pour un seul DC, déplore Didier Dubasque. Et que vont faire les étudiants déjà pré-embauchés ? » Il semblerait que certains conseils généraux aient accepté des recrutements sous le statut de contractuel en attendant que les recalés obtiennent leur diplôme.

La DGAS, pour l'heure prudente en l'absence de vision globale de la situation, n'en reste pas moins vigilante. « Les données remontent progressivement des DRASS, explique Marie-Joëlle Gorisse, responsable du comité de suivi de la réforme. Nous analyserons les résultats région par région, école par école. Un bilan de la première promotion du DEASS réformé, et de tous les points fragiles, sera effectué à la rentrée. »

Par ailleurs, les centres de formation, qui avaient critiqué le manque de crédits supplémentaires pour accompagner la réforme, commencent à évoquer un autre problème : quid des modalités de financement par les régions du complément de formation nécessaire aux étudiants non admis ?

Notes

(1) Voir ASH n° 2370 du 27-08-04, p. 29.

(2) Voir le site des ASH, www.ash.tm.fr, rubrique « ça se passe près de chez vous », région Ile-de-France.

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