Ils avancent beaucoup trop lentement. Au moment du questionnaire, deux ans après le transfert des compétences, seules quatre régions - Rhône-Alpes, Bretagne, Nord-Pas-de-Calais, Languedoc-Roussillon - avaient élaboré un schéma régional des formations sociales. Quatre ne l'avaient pas encore validé. Les autres avaient pris du retard. Les régions se sont heurtées à la difficulté de délimiter le champ de l'intervention sociale. Et surtout, elles ont eu du mal à rassembler et à valider les données statistiques pour définir les besoins de formation en raison de l'hétérogénéité des chiffres et des sources d'information. De fait, on peut toujours dire qu'elles auraient pu aller plus vite, mais elles ont dû gérer l'incurie de l'Etat en matière d'appareillage statistique des professions sociales. Celui-ci a laissé les DRASS se débrouiller, et des pans entiers n'étaient pas couverts.
Ce retard n'a pas permis à la majorité des régions d'impulser une politique de formation des travailleurs sociaux. Dans l'incapacité de se projeter en matière de places, elles ont eu tendance à perpétuer l'existant. Ainsi, elles n'ont été que trois - Bretagne, Alsace, Rhône-Alpes - à procéder à des augmentations d'effectifs. Et encore, hormis l'Alsace qui a fait un effort pour les assistants de service social, celles-ci portent surtout sur les formations de niveau V (auxiliaires de vie sociale, aides médico-psychologiques), là où le déficit de professionnels est unanimement reconnu par les employeurs.
On ne peut plus raisonner de manière globale. Cette question doit être abordée à partir des besoins territoriaux, très différents. Par exemple, la formation des éducateurs de jeunes enfants (EJE) doit tenir compte du taux d'équipement en matière de petite enfance. Ainsi la région Centre, sous-équipée dans ce secteur, forme trop d'EJE. Pour autant, une bonne partie de ses diplômés va travailler en région parisienne. Il faut donc aussi s'intéresser aux mobilités professionnelles et établir des péréquations entre les régions. Une question pourtant non traitée actuellement.
Là encore, faute de vision statistique, les régions sont restées prudentes. Même si l'on peut aussi se demander si elles n'ont pas attendu pour s'engager l'issue de leur contentieux avec l'Etat sur le transfert des crédits. On observe une stagnation du montant des subventions versées aux centres par rapport à 2005, elles-mêmes identiques à celles de l'Etat en 2004 - voire une baisse si l'on tient compte de l'élévation du coût de la vie. Les quelques augmentations ici et là n'excèdent pas 2 %, à l'exclusion du Limousin (4 %) ; et encore, elles prennent en compte principalement l'accroissement du volume horaire de la formation des assistants de service social. Par ailleurs, le découpage des diplômes en domaines de compétences entraîne une multiplication des certifications, et donc des examens. Un surcoût non anticipé, qui devrait être à la charge de l'Etat.
Ils sont très disparates d'une région à l'autre. C'est la branche de l'aide à domicile qui semble la moins investie par les centres de formation. L'Aforts a, en tout cas, la volonté de renforcer ses relations avec elle.
Nous restons très vigilants. Le ministère de l'Education nationale veut mettre en place des plateformes de professionnalisation pour analyser les besoins au plan des formations sociales de niveau IV et V. Huit délégués régionaux ont eu vent de leur création. Deux seulement ont été associés. Nous souhaitons pourtant y participer afin de veiller à la cohérence régionale des formations.
Pas pour les professions canoniques que les régions ont prises en main. Nous sommes plus inquiets pour les formations de niveau V, surtout appréhendées dans une logique d'emploi. Certaines régions ont lancé des appels d'offres pour ouvrir des formations d'AMP ou d'AVS.
(1) Sur les 18 délégations régionales créées au sein de chaque région où l'Aforts compte des adhérents, 13 ont pu renvoyer des réponses exploitables.
(2) Aforts : 1, cité Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 34 14 74.