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« Faire reconnaître la réflexion francophone sur la formation et le travail social »

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Depuis le 3 juillet et jusqu'au 7, se tient à Namur, en Belgique, le deuxième congrès international des formateurs en travail social et des professionnels francophones de l'intervention sociale. Rencontre avec Jacques Leroy, co-président du comité de gestion (1).
Quel est l'objectif de votre congrès ?

Il est d'affirmer, au sein des congrès internationaux, une identité francophone dans les réflexions sur le travail social et les formations sociales et de poursuivre l'initiative lancée à Caen en 2005 par Jean-Marie Gourvil, directeur des formations de l'IRTS de Basse-Normandie, et Claude Larivière, professeur et chercheur à l'école de service social de l'université de Montréal (2). Nous voulons mettre en évidence notre spécificité francophone dans l'analyse de ces questions, qui tient à notre culture et à l'évolution de nos politiques sociales, et affirmer notre complémentarité avec l'approche anglo-saxonne dominante.

Quel est l'espace de cette « identité francophone » ?

Il est très large et, par rapport au congrès de Caen, nous avons renforcé son caractère international. Nous accueillons ainsi plus de 450 personnes dont 180 de Belgique, 140 de France et des territoires d'outre-mer, 60 du Québec. Mais nous avons aussi des représentants de la Suisse, de la Roumanie, de la République démocratique du Congo, du Sénégal, du Mali, du Cameroun, de la Tunisie, du Liban et même du Portugal, pays francophile.

Vous voulez favoriser l'émergence d'une intelligence collective...

Il ne s'agit pas d'un congrès de formateurs. C'est un espace de rencontre ouvert aux formateurs, aux chercheurs et aux praticiens de l'intervention sociale afin de favoriser les allers-retours entre la formation et le terrain. C'est pourquoi nous avons organisé les débats de façon à interroger la formation au regard de ses évolutions, mais aussi des transformations des modes d'action publique et des mutations des pratiques du travail social.

Quelles sont les préoccupations majeures des professionnels ?

Sur les 170 contributions retenues, beaucoup expriment des craintes à propos d'une instrumentalisation du travail social par certaines politiques publiques : ainsi, en Belgique, les critiques sont nombreuses sur l'Etat social qui, en responsabilisant les usagers, tend à se défausser de ses obligations de fournir un emploi, un logement... Les logiques de surveillance des populations déployées à travers les plans de sécurité dans les villes ou certains programmes de prévention suscitent aussi des inquiétudes. Au niveau des pratiques, les contributions mettent en évidence l'intérêt pour l'« empowerment », le développement du pouvoir d'agir des usagers : travail avec les groupes, initiatives interculturelles, projets basés sur la création théâtrale... Enfin, sur le plan de la formation, bon nombre insistent sur la nécessité d'un va-et-vient entre formation initiale et formation continue - ce qui est loin d'être toujours le cas, notamment en Belgique où la formation continue est peu soutenue financièrement - et du développement de la supervision.

Qu'en déduire sur l'évolution des formations sociales ?

Dans une société néolibérale qui met en avant la performance et l'expertise, les référentiels de compétences deviennent les nouvelles bibles pédagogiques. Or peut-on réduire les formations à des catalogues de compétences à acquérir ? On assiste à leur atomisation, ce qui entraîne un éclatement des dynamiques pédagogiques. Auparavant le formateur pouvait accompagner les étudiants dans une dynamique de projet. Maintenant, ceux-ci font leur marché, ce qui leur assure, certes, une mobilité internationale, mais aussi des risques de désillusion. Auront-ils un lieu pour réfléchir à la cohérence des compétences acquises et aux questions fondamentales qui se posent dans leurs rapports à l'institution et aux usagers ?

Quels sont vos projets ?

Une des perspectives du congrès est de créer des observatoires des métiers du social au niveau des Etats francophones où tous les acteurs de la formation pourraient se retrouver. Ce seraient des instances d'analyse et de recommandations sur les pratiques et les métiers du travail social. Nous envisageons par ailleurs de constituer une section francophone au sein de l'AIETS (Asso-ciation internationale des écoles de travail social) et de la FESET (Association européenne des centres de formation au travail socio-éducatif) afin d'augmenter la présence des professionnels francophones dans les congrès internationaux, dominés par l'usage de la langue anglaise.

Notes

(1) Et chef du département social de la Haute Ecole-Roi Baudoin à Mons (Belgique) - www.congres2007.org.

(2) Voir ASH n° 2419 du 2-09-05, p. 35.

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