L'entourage de François Fillon promettait des « surprises », il n'en a finalement rien été. Lors de sa déclaration de politique générale devant les députés, le 3 juillet, le Premier ministre n'est en effet guère sorti, pendant plus d'une heure, de la feuille de route tracée par le président de la République.
Plaidant pour un « système éducatif puissant », il a promis que « quatre fois par semaine, écoliers, collégiens et lycéens pourront bénéficier d'un encadrement éducatif d'au moins deux heures par jour ». Assurées par des professeurs volontaires et par des assistants d'éducation, des « études dirigées de fin de journée » seront « effectives pour tous les collégiens à la rentrée 2008 et dans la totalité de l'enseignement scolaire à la rentrée 2011 ». Il a par ailleurs réaffirmé le principe d'un « droit opposable à la scolarisation de tout élève handicapé », confirmant au passage que le nombre d'unités pédagogiques d'intégration (UPI) en collèges et lycées serait doublé au cours des trois prochaines années.
Sur le dossier de l'assurance maladie - le défi à relever « le plus urgent compte tenu de la dérive des dépenses » -, François Fillon a notamment confirmé que le gouvernement étudiait comme « solution possible pour 2008 » une « franchise fractionnée avec un plafond annuel par personne ». « L'équité commandera [néanmoins] de réfléchir plus avant », a-t-il poursuivi, plaidant pour que s'ouvre un « débat sans a priori sur l'idée d'un « bouclier sanitaire » », qui « permettrait de plafonner ce que paie chacun pour sa santé en fonction de son revenu » (1).
Au chapitre de l'emploi, soufflant le chaud et le froid, il s'est dit attaché à la « démocratie sociale » tout en sommant les partenaires sociaux de mettre sur la table à la fin de l'année des « propositions précises » sur l'évolution du marché du travail. Faute de quoi, « le gouvernement prendra ses responsabilités sans faillir ».
Dans le domaine du logement, l'hôte de Matignon a promis que « l'effort massif en faveur de la rénovation des quartiers sera poursuivi ». Il s'est fixé un objectif de 500 000 nouveaux logements construits par an, dont 120 000 logements sociaux, cela afin de rattraper, en l'espace de cinq ans, le retard pris en matière de construction. François Fillon veut également faciliter l'accession à la propriété et, en particulier, permettre aux locataires de logements HLM d'en devenir propriétaires, « avec un objectif de 40 000 accessions à la propriété par an ». Plus globalement et toujours s'agissant de la politique conduite en faveur des quartiers, il a annoncé le lancement d'un plan « respect et égalités des chances », dont l'objectif sera de désenclaver les quartiers difficiles (2). Ce plan « mettra en avant l'égalité des chances par l'éducation avec la réduction du nombre d'élèves dans les établissements où se concentrent les difficultés et avec un renforcement du tutorat ». En outre, les internats de réussite éducative seront soutenus et « une dynamique nouvelle sera enclenchée sur la formation et l'accompagnement à l'emploi ».
Enfin, reprenant à son compte le slogan d'une « politique d'immigration choisie et non subie », le Premier ministre a justifié la politique restrictive d'une France « pas assez riche pour être la terre promise de tous les peuples en détresse » et écarté toute régularisation globale qui n'aurait d'autre effet, selon lui, que de « relancer des hommes et des femmes sur le chemin de l'exil ».
(1) Le principe du « bouclier sanitaire » a été proposé par Martin Hirsch, Haut Commissaire aux solidarités actives, qui avait en revanche affiché ses réticences face à la franchise - Voir ASH n° 2514-2515 du 29-06-07, p. 12.
(2) La ministre du Logement et de la Ville, Christine Boutin, avait, sans le nommer, évoqué ce plan le 21 juin devant le Comité national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale - Voir ASH n° 2514-2515 du 29-06-07, p. 9.