Recevoir la newsletter

Lectures du mois

Article réservé aux abonnés

ÉDUCATION

Quelle école pour les élèves handicapés ?

Après le développement de l'éducation spécialisée des élèves handicapés, c'est leur scolarisation en milieu ordinaire qui est désormais privilégiée. Continûment prônée depuis une trentaine d'années sans résultats satisfaisants, la priorité qui doit être donnée à l'intégration scolaire des enfants et adolescents à besoins éducatifs particuliers a été clairement réaffirmée par la loi « handicap » du 11 février 2005. Ce volontarisme politique parviendra-t-il à casser la dynamique de l'exclusion ? S'il est évidemment trop tôt pour le dire, Joël Zaffran pointe les difficultés qui font obstacle à l'intégration individuelle d'un élève dans une classe ordinaire - « l'acmé de l'inclusion », écrit le sociologue, puisque l'élève handicapé est scolarisé parmi les élèves tout-venant, et non au milieu d'autres élèves handicapés dans une classe particulière de l'établissement. Les premiers concernés par cette ouverture à « une altérité qui, bien souvent, bouscule les allants de soi », sont les enseignants. Faute de connaissances suffisantes dans le domaine du handicap, ceux qui s'exposent, au risque d'échouer dans leur mission, en accueillant un élève handicapé doivent trouver des solutions personnelles aux problèmes rencontrés - et accepter de faire quelques concessions concernant la nature des tâches qui leur incombent, dont certaines ne correspondent pas à l'idée qu'ils se font de leur rôle.

Comme pour les enseignants, être « parents intégrants » constitue un véritable métier, que tous ne sont pas pareillement armés à exercer. La pugnacité des intéressés pour faire valoir les droits de leur enfant à l'intégration, comme leur capacité à trouver un modus vivendi avec les personnels scolaires permettant à cette scolarisation de se dérouler dans de bonnes conditions, sont étroitement liées à leurs ressources sociales et culturelles. Ces dernières sont également déterminantes pour faire ouvrir à l'enfant les portes d'un établissement spécialisé si, ultérieurement, la scolarisation en milieu ordinaire ne lui est plus profitable. Il y a tout à gagner pour que ce passage se fasse au bon moment, souligne le sociologue. Mais encore faut-il, pour cela, développer la collaboration entre les deux secteurs. Ces échanges sont également indispensables à la poursuite du projet d'intégration nécessitant que l'élève puisse bénéficier d'un accompagnement en dehors des plages horaires de l'école. Pour qu'à l'intérieur de celle-ci « l'étrangeté » se fasse « moins inquiétante, c'est-à-dire plus ordinaire », il est indispensable de former tous les membres de la communauté scolaire - et pas les seuls enseignants - à l'accueil des élèves handicapés, et de multiplier les postes d'auxiliaires de vie scolaire, dotés d'un statut stable et d'une formation appropriée aux différents types de handicaps, insiste Joël Zaffran. Faute de ces efforts, l'intégration scolaire pourrait être vécue par les différents protagonistes comme « un enfer pavé de bonnes intentions ».

Quelle école pour les élèves handicapés ? - Joël Zaffran - Ed. La Découverte - 19 € .

TRAVAIL SOCIAL

Supervisions éco-systémiques en travail social

Qu'il faille aider les aidants constitue un truisme, mais c'est loin d'être une réalité. Les praticiens ici réunis montrent l'intérêt de l'outil de soutien à la professionnalité que constitue la supervision de groupe en travail social. « Supervision », « intervision » ou « covision » : reprenant les différentes dénominations retenues par les spécialistes pour désigner leur activité, Hélène Hatzfeld, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, souligne qu'il s'agit de trois façons complémentaires de cerner l'originalité de la démarche. Celle-ci est à la fois « super » au sens où elle implique une prise de distance réflexive, « inter » car elle constitue un lieu d'échanges des savoirs et des pratiques et « covision », puisque l'enjeu de ce métissage des points de vue est la construction partagée de nouvelles logiques de compréhension. Dans cet espace tiers où « les situations inextricables, ou simplement complexes, peuvent être appréhendées avec un regard différent », expliquent Véronique Albert et Anne Ancia, formatrices et superviseures, le temps est, lui aussi, particulier : c'est un temps d'arrêt, des « bulles de non-urgence », qui permettent ensuite aux professionnels, à nouveau dans le feu de l'action, de mieux rebondir.

Reste qu'exposer sa pratique aux yeux des autres ne va pas de soi. Aussi est-il nécessaire de définir avec le groupe un cadre de travail clair, respectueux de chacun et de la confidentialité des propos. Des ajustements sont également à opérer quand on exerce la supervision en interne. Ainsi, Christine Dauzié, superviseure de service dans une caisse d'allocations familiales (CAF), précise que sa fonction d'accompagnement des professionnels - vis-à-vis desquels elle n'a pas de responsabilité hiérarchique - consiste principalement en un appui apporté à des étapes clés de leur parcours (prise de poste ou changement de fonction). Ce soutien se différencie de celui dont les travailleurs sociaux de cette CAF peuvent également bénéficier avec des superviseurs extérieurs à l'institution, davantage axé sur les résonances personnelles de leurs interventions. De fait, « reconnaître, accueillir, recueillir, donner sens à des émergences émotionnelles toujours éprouvantes sont de réelles compétences à développer » afin que ceux qui les vivent puissent continuer à « grandir personnellement et professionnellement », souligne Paule Lebbe-Berrier, superviseure à l'origine de cet ouvrage.

Supervisions éco-systémiques en travail social. Un espace tiers nécessaire - Sous la direction de Paule Lebbe-Berrier - Ed. érès - 25 € .

Parcours professionnels

Qu'est-ce qui conduit des travailleurs sociaux en emploi à s'investir dans une formation diplômante longue (universitaire ou professionnelle) ? Dans cet ouvrage collectif qui aborde différents univers de travail, Christel Bourbon-Roger, éducatrice spécialisée, propose de réfléchir à cette question sur la base du parcours de quatre professionnels - trois éducateurs/ trices spécialisé(e)s et une conseillère en économie sociale et familiale. Pour ces salariés d'une quarantaine d'années, la reprise de formation correspond à un moment de bilan. Déficit d'intérêt et de motivation, sentiment de ne plus évoluer ni apprendre, relations difficiles avec les pairs : pour trois des personnes rencontrées, le travail est devenu pesant. Mus tous les quatre par le désir d'élargir leur expertise et leur horizon professionnel, ces travailleurs sociaux vivent leur temps de formation comme un temps de ressourcement et de reconstruction identitaire. « Vieillir dans le travail social : se faire plaisir en se formant ? », interrogeait l'auteure dans le titre de sa contribution. Au vu des trajectoires présentées, la réponse est, sans conteste, affirmative.

Parcours professionnels. Des métiers pour autrui, entre contraintes et plaisir - Sous la direction d'Annette Gonnin-Bolo - Ed. Belin - 21 € .

À LIRE AUSSI

Gérer la démarche qualité en établissement pour personnes âgées

Pour mieux appréhender les attentes des personnes âgées dépendantes accueillies en établissement, et unifier les pratiques des soignants et des travailleurs sociaux impliqués dans leur accompagnement, les auteurs proposent une méthodologie d'origine canadienne, permettant d'élaborer un plan d'intervention adapté à chaque résident et de développer, dans les équipes, une culture gérontologique partagée.

Gérer la démarche qualité en établissement pour personnes âgées. La culture gérontologique dans les équipes multiprofessionnelles - Sylvain Connangle et Richard Vercauteren - Ed. érès - 22 € .

En dépit des états généraux, la psychiatrie en péril

Parce que, quatre ans après les états généraux de la psychiatrie - dont cet ouvrage rapporte la genèse et la teneur -, « résister à la despécification de la discipline psychiatrique » reste un mot d'ordre qui n'a rien perdu de son actualité, une douzaine de praticiens s'emploie à le faire savoir haut et fort. S'insurgeant contre une conception chimiothérapique du soin et la pénurie de moyens matériels et humains qui envoie les plus fragiles à la rue ou en prison, ils défendent la singularité d'une pratique clinique qui a partie liée avec la psychanalyse et ne saurait se réduire à l'application de « kits de bonne conduite ».

En dépit des états généraux, la psychiatrie en péril - Sous la direction de Hervé Bokobza - Ed. érès - 23 € .

La prison vue de l'intérieur

Violence, santé, intimité, lutte contre les suicides, travail, enseignement, formations, activités culturelles et sportives, préparation à la sortie : témoignant de leur quotidien et de celui des détenus, 150 professionnels qui travaillent en prison - personnels de l'administration pénitentiaire ou intervenants extérieurs - ouvrent grand les portes du monde carcéral, donnant à voir, avec force et simplicité, cet espace où la société « concentre hors du regard ses poisons et ses morts symboliques », souligne, dans sa préface, l'écrivain Patrick Chamoiseau. Celui-ci a longtemps exercé à Fleury-Mérogis comme éducateur.

La prison vue de l'intérieur. Regards et paroles de ceux qui travaillent derrière les murs - Ouvrage coordonné par Bénédicte Jourgeaud et Céline Berthelemy - Ed. Albin Michel - 19 € .

La sociologie urbaine

Si, aujourd'hui, près de la moitié des Terriens sont des citadins, c'est le cas, en France, des trois quarts de la population, qui se concentre sur 18,4 % d'un territoire où les villes ont de plus en plus empiété sur les zones rurales environnantes, rappellent Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal dans leur ouvrage. Parallèlement au développement de ces espaces périurbains, leurs habitants se sont diversifiés : les « classes moyennes conquérantes », venues chercher les avantages de la ville à la campagne, ont été rejointes par des habitants ne disposant plus des moyens de se loger dans les centres urbains où l'embourgeoisement, désormais, s'est généralisé.

La sociologie urbaine - Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal - Ed. PUF, coll. Que sais-je ? - 8 € .

- ACTES DE COLLOQUES -

Education inclusive, enjeux et perspectives

Tous les enfants en situation de handicap peuvent-ils bénéficier du service public d'éducation dans notre pays ? Oui, en droit, depuis la loi du 11 février 2005. Non, parfois, dans les faits, si l'on en juge par l'insuffisance de la formation et des moyens donnés aux enseignants censés les accueillir. Dix colloques tenus à travers la France à l'initiative du Collectif de recherches sur les situations de handicap, l'éducation et les sociétés et la MAIF ont permis de dresser un panorama des progrès et des difficultés rencontrées.

Reliance n° 22 - Editions érès - 15 € .

Est-ce ainsi que des femmes vivent ?

Afin de prolonger les réflexions du groupe de travail « femmes et précarité » actif au sein de la Mission d'information sur la pauvreté et l'exclusion sociale en Ile-de-France ( MIPES), une rencontre a eu lieu le 26 janvier 2007 autour d'exemples concrets d'accueil de femmes en grande précarité ou en errance. Lesquels soulèvent des interrogations sur la création d'un lien, sur les moyens d'« éviter la dégringolade » et sur l'amélioration des pratiques professionnelles. La MIPES propose un résumé des échanges.

MIPES : 115, rue du Bac - 75007 Paris - Tél. 01 53 85 66 96.

Asile et immigration aux frontières de l'Europe

L'Europe est aujourd'hui le premier pôle de migration internationale, devant les Etats-Unis. Mais l'Union tend à externaliser le contrôle de ses frontières et la prise en charge des politiques migratoires aux pays qui se situent sur son pourtour. Peut-elle ainsi à la fois contrôler l'immigration, sauvegarder ses traditions d'asile et respecter ses engagements internationaux ? Des questions abordées par France terre d'asile et le Service social d'aide aux émigrants lors d'un colloque tenu le 23 octobre 2006.

Pro Asile hors série - Mars 2007 - France terre d'asile : 22-24, rue Marc-Séguin - 75018 Paris - Tél. 01 53 04 39 99 - 8 € .

LECTURES du mois

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur