Les associations d'aide à domicile sont dans une situation économique et financière globalement satisfaisante et ont de bonnes relations avec leur banquier ! C'est le constat un peu surprenant (par rapport aux alertes antérieures des fédérations) qui ressort d'une enquête lancée à l'initiative de trois réseaux - A domicile, Adessa et UNA (Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles) -, avec le soutien de l'Uniopss et de France active (1). Cependant, le faible taux de réponses au questionnaire (25 %, soit 32 réponses complètes) conduit à se demander si les organisations les plus dynamiques ne sont pas surreprésentées dans l'échantillon étudié. Il empêche en tout cas les auteurs d'extrapoler, bien que leurs investigations complémentaires (monographies, table ronde, entretiens...) aient plutôt confirmé la représentativité du panel.
Développement rapide des services à la personne et politiques publiques en leur faveur : le contexte, il est vrai, est globalement favorable. Dans le budget moyen de deux millions d'euros par structure en 2005, les recettes d'activité représentent 85 % des produits et les ressources gratuites (comme le prêt de locaux) 0,5 %. Quatre structures sur cinq perçoivent une ou des subventions nécessaires à leur équilibre économique. Une vingtaine de financeurs différents ont été dénombrés, les communes venant en tête de très loin. La moitié des associations supporte des frais financiers liés pour l'essentiel à leur endettement. La trésorerie moyenne est positive. Cependant, un tiers des associations connaît une perte d'exploitation pour cet exercice 2005.
Entre 2002 et 2005, la grande majorité des structures a vu croître le volume et le nombre de ses activités. Le nombre d'heures facturées a augmenté de 34 %, l'effectif salarié de 2 % et la durée moyenne des contrats de travail de 8 %. Le niveau de subvention croît moins vite que l'ensemble des recettes, les résultats financiers sont stables, la rentabilité moyenne s'est améliorée. Cependant, sur la période, seules 19 % de structures ont toujours été bénéficiaires. « Le déséquilibre économique temporaire apparaît davantage comme la règle que l'exception », note l'étude.
Néanmoins, 70 % des fonds propres sont autofinancés sur les résultats des années antérieures et l'endettement reste faible, malgré un recours à l'emprunt qui devient plus fréquent. Les besoins de financements apparaissent importants pour les prochaines années, tant pour moderniser l'outil de production (informatisation, certification...) que pour développer l'activité. Les associations se sont déjà dotées d'outils de gestion performants et ont fait de gros efforts de professionnalisation, estime l'étude, même si elles doivent aller plus loin.
Le fort développement des activités n'a pas représenté une fuite en avant, conclut l'étude, qui distingue néanmoins deux facteurs de fragilité : les exercices déficitaires et la dépendance par rapport à des financeurs publics. Un risque d'autant plus ressenti que les négociations sur les tarifs se déroulent souvent « sans vision globale » des besoins, des enjeux de qualité et d'aménagement du territoire, estiment les dirigeants associatifs. Dès lors, avance l'étude, ne serait-il pas intéressant de lancer une réflexion du type « schéma départemental » ?
En tout cas, point n'est besoin d'inventer de nouveaux outils d'accompagnement et de financement, il suffit de mieux mobiliser ceux qui existent, analyse le rapport, qui suggère aux associations de ne pas se tourner seulement vers leur expert-comptable et leur banquier...
Le cas particulier des services de soins infirmiers (qui dépendent d'une source de financement nationale, l'assurance maladie) mis à part, l'étude signale aussi, sans les approfondir, les grandes différences de situation qui subsistent d'un département à l'autre. « Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, commente l'UNA, certains financeurs n'appliquent toujours pas les règles de tarification, ce qui met certaines associations en grande difficulté. » Celles qui, noyées dans leurs problèmes, n'ont pas pris le temps de répondre ?
(1) Réalisée par Opus 3, elle est disponible sur demande à l'adresse :