L'Agefiph fêtera ses 20 ans le 5 juillet prochain. En prévision de cet événement, le fonds vient de tirer le bilan de cette période, de 1987 - date de la première loi exclusivement consacrée à l'emploi des personnes handicapées - à 2007, deux ans après la loi sur l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées.
En 20 ans, le nombre de personnes handicapées insérées dans l'emploi a été multiplié par 16, se félicite l'Agefiph, le nombre d'embauches annuel étant passé de 7 000 en 1987 à 111 000 en 2006. Au 31 décembre de l'année dernière, 715 000 personnes handicapées travaillaient, dont 575 000 en milieu ordinaire de travail (400 000 dans le secteur privé, incluant 20 000 dans les entreprises adaptées, et 175 000 dans le secteur public), 105 000 dans les établissements et services d'aide par le travail et 35 000 en tant que travailleurs indépendants.
Selon l'Agefiph, la loi du 11 février 2005, entrée en vigueur le 1er janvier 2006, a porté ses fruits. Le nombre de personnes handicapées en emploi a augmenté de 4 % en un an tandis que celui des demandeurs d'emploi handicapés a diminué de plus de 8 %. Autre motif de satisfaction : le retour à l'emploi des salariés handicapés se fait plus fréquemment sur la base d'un contrat à durée indéterminée que pour les autres salariés (près de 95 %). Par ailleurs, le dispositif « Handicompétence » (1), lancé en mai 2006, a été renforcé avec près de 100 millions d'euros supplémentaires sur trois ans. En six mois, plus de 10 000 personnes en ont bénéficié.
Il reste cependant à ce jour 23 000 entreprises à quota zéro, c'est-à-dire qui n'emploient aucune personne en situation de handicap. Elles sont potentiellement concernées par les dispositions de la loi « handicap » qui prévoient que les entreprises d'au moins 20 salariés qui, entre 2006 et 2010, n'auront pris aucune initiative en matière d'emploi de personnes handicapées, verront leur contribution financière à l'Agefiph passer à 1 500 fois le SMIC horaire par personne manquante.
Toutefois, souligne le fonds, le problème majeur reste le faible niveau de qualification des personnes handicapées - 80 % d'entre elles ayant un niveau égal ou inférieur au BEP ou au CAP, contre 60 % pour le reste de la population. Par voie de conséquence, leur taux de chômage, évalué à 20 %, est deux fois plus élevé que pour le reste de la population. Autre élément de préoccupation : la population active vieillit et le handicap survient généralement après 45 ans. S'appuyant sur une étude récente (2), l'Agefiph avertit qu'une personne sur deux sera touchée ponctuellement, partiellement ou durablement par le handicap au cours de sa vie active.
Face à ces constats, le fonds entend développer une stratégie visant à lever en amont les obstacles qui freinent l'emploi durable des personnes handicapées. Il s'agit en premier lieu de faciliter la « rencontre » des personnes handicapées et des entreprises en réduisant les écarts entre les qualifications requises et détenues, en combattant les idées reçues et en accompagnant la personne comme l'entreprise dans les premiers contacts.
Pour y parvenir, l'Agefiph s'apprête à mettre en place un nouveau service d'appui à l'élaboration du projet professionnel permettant aux personnes handicapées les plus éloignées de l'emploi de construire leur parcours vers l'offre d'emploi locale (3). L'effort portera en particulier sur l'accessibilité des petites et moyennes entreprises et des centres de formation. Trois autres actions sont prévues : une prestation d'accompagnement « pour que les 23 000 entreprises à 0 travailleur handicapé puissent engager une action positive », un accès plus important des personnes handicapées au « marché caché du travail » et une campagne de communication visant à réduire la discrimination dans l'accès à l'embauche. L'Agefiph propose également un nouveau service d'accompagnement à la vie au travail qui a pour objectif de sécuriser la carrière des salariés handicapés et de garantir à l'employeur un accompagnement à la gestion du handicap sur la durée et dans toutes les circonstances de la vie professionnelle.
A noter : le fonds va aussi mettre au service des entreprises une base « expériences », composée d'une centaine de fiches lors de sa mise en ligne, qui sera accessible sur le portail
(3) Les nouveaux services proposés par l'Agefiph devraient, après validation lors du conseil d'administration du 12 juin, se mettrent en place à la rentrée.