Comme ils l'avaient annoncé début mai (1), dans la foulée de la polémique sur le report de la publication de l'enquête Emploi de l'INSEE de 2006, plusieurs organisations syndicales de l'INSEE, de l'ANPE, du ministère de l'Emploi et du Centre d'études de l'emploi, ainsi que des associations et le collectif ACDC (Autres chiffres du chômage) (2) ont réuni les « états généraux des chiffres du chômage et de la précarité » le 29 mai à Paris.
Constat partagé par les chercheurs, les experts et les acteurs sociaux : « Non seulement les indicateurs statistiques du chômage souffrent aujourd'hui d'une perte de crédibilité sans précédent, mais ils ne permettent plus de fournir les repères nécessaires pour engager des politiques publiques contre le chômage et la précarité. » Le diagnostic, une nouvelle fois rappelé, est celui d'un « système statistique hybride utilisé à contre emploi », les catégories de demandeurs d'emploi définies par l'ANPE étant isolées artificiellement, tandis que l'enquête Emploi de l'INSEE, qui fournit un « repère stable » selon une définition du chômage établie par le Bureau international du travail (BIT), « est loin de jouer tout son rôle dans le débat social en France ». D'où un suivi confus et une représentation du marché travail qui ne correspond plus à la réalité.
Pour refonder le système, les participants ont dégagé plusieurs pistes. Tout d'abord remplacer le suivi mensuel de la liste des demandeurs d'emploi de l'ANPE par un suivi trimestriel du chômage au sens du BIT, grâce à l'enquête Emploi, placée au coeur du dispositif. Il s'agirait par ailleurs de mieux utiliser, en complément, certaines données administratives qui pourraient permettre des analyses fines, par exemple sur l'évolution du chômage au niveau local ou les formes récurrentes du chômage.
Autre proposition : élargir la palette des indicateurs statistiques pour tenir compte de la diversification des formes d'insécurité au travail. Ainsi, la mesure actuelle du sous-emploi, qui se limite aux salariés à temps partiel contraint, pourrait comprendre d'autres indicateurs, sur les bas salaires, les emplois précaires ou les conditions de travail. Des propositions constructives que les « états généraux » comptent soumettre au débat public, notamment « en participant aux travaux du groupe que va créer le Conseil national de l'information statistique sur ces thèmes ».
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