L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a étudié les trajectoires professionnelles des jeunes non diplômés, en portant un regard particulier sur la place que les mesures publiques y occupent pendant leurs sept premières années de vie active (1). Elle s'est fondée, pour cela, sur l'exploitation des résultats de l'enquête statistique « Génération 1998 » du Centre d'étude et de recherche sur les qualifications (Céreq).
Premier constat : les trajectoires professionnelles des jeunes sortis de l'école sans avoir obtenu un diplôme - 116 000 en 1998 - sont très hétérogènes, « des compétences non formalisées pouvant contrecarrer cette absence formelle de diplôme et se révéler au contact de l'entreprise ». Près d'un jeune non diplômé sur trois s'insère rapidement et durablement sur le marché du travail. Pour les autres, le processus d'insertion s'avère plus long, dépassant très largement les trois premières années sur le marché du travail. Souffrant d'un manque de qualification, confrontés à la concurrence des plus diplômés ou aux réticences des employeurs, ces jeunes ont alors souvent recours aux mesures de la politique de l'emploi qui leur sont destinées. Au point de devenir, pour ces publics, « une véritable composante structurelle de l'insertion professionnelle », par leur ampleur - 41 % d'entre eux ont bénéficié d'au moins un dispositif aidé au cours de leurs sept premières années de vie active - mais aussi par leur temporalité - la moitié accèdent à une première mesure plus de 14 mois après leur entrée sur le marché du travail, et ils sont un quart à y accéder après deux ans et demi de vie active. Dorénavant, donc, les mesures pour l'emploi « s'inscrivent pleinement dans les parcours professionnels des jeunes non diplômés et ne se limitent pas à un moment précis du processus d'insertion ».
Par ailleurs, avoir transité par une telle mesure « ne conduit pas forcément [ces] jeunes à connaître une trajectoire professionnelle type », pointe l'INSEE. Et d'expliquer qu'« une telle expérience ne les empêche ni d'accéder rapidement et durablement à l'emploi - c'est le cas de 16 % des bénéficiaires-, ni d'être durablement confrontés à la précarité - le cas de 36 % des bénéficiaires ». Pour certains, le recours à un dispositif public n'est donc pas très structurant, « leur parcours professionnel étant avant tout marqué par l'importance des emplois à durée indéterminée ou au contraire par des allers-retours entre emploi à durée déterminée et chômage ». Tandis que pour d'autres, cette expérience, quelle soit intervenue très rapidement après la fin des études ou plusieurs années après, « caractérise à elle seule leurs sept premières années de vie professionnelle ».
Au-delà, cette diversité des trajectoires professionnelles des jeunes non diplômés ayant connu une mesure pour l'emploi renvoie à la diversité des dispositifs existants, et à leur impact variable : « les jeunes qui expérimentent des contrats en alternance connaissent plus que les autres des trajectoires de stabilisation » ; « inversement, les contrats emploi-solidarité s'inscrivent plus fréquemment dans les trajectoires précaires où alternent périodes de chômage et emplois courts, voire inactivité ».
(1) « Les sept premières années de vie active des jeunes non diplômés : la place des mesures publiques pour l'emploi » - Economie et statistique n° 400 - Mai 2007 - 7,40 € .