« La France doit faire la politique de sa démographie. » Inaugurant le 22 mai le salon Geront'expo-Handicap'expo, Claude Evin, président de la FHF (Fédération hospitalière de France) (1), a repris ce mot célèbre d'Aristide Briand pour demander que le pays place « le vieillissement au coeur de ses politiques publiques ». Ce faisant, l'ancien ministre de la Santé n'a pas voulu faire preuve « d'inutile pudeur ». A ses yeux, devant les nouveaux financements qu'il faudra trouver pour faire face aux besoins du grand âge, « une augmentation des prélèvements obligatoires paraît inévitable ».
Les solutions « sur des bases purement individuelles » lui semblent en effet « irréalistes. [...] En province, le reste à charge moyen dans une maison de retraite se situe à 1 500 € par mois, alors que la pension de retraite moyenne s'établit à 1 250 € », a-t-il rappelé. Une position qui contraste avec celle du gouvernement Villepin (2) et du candidat Sarkozy (voir ce numéro, page 28), qui se sont fait forts de financer les échéances à venir « sans prélèvement supplémentaire », en réalisant notamment des « redéploiements » de crédits.
Pour Claude Evin, le seul financement du plan « solidarité grand âge » lancé par l'ancien ministre Philippe Bas - que d'aucuns trouvent déjà insuffisant par rapport aux besoins - réclame « un effort annuel de 850 millions d'euros par an », soit 400 millions de plus que ce qui est alloué en 2007. « Au total, ce sont 4 milliards de ressources nouvelles qu'il faudra affecter » à ce plan de 2007 à 2012. Et cela, sans compter le rééquilibrage des ressources dévolues à l'APA (allocation personnalisée d'autonomie), que l'Etat devait financer pour moitié au départ et qu'il n'abonde plus qu'au quart, en laissant l'essentiel de la charge aux départements.
Ces questions de financement posées, la FHF soutient « la logique du plan «solidarité grand âge» qui travaille sur les trois volets domicile, hôpital, médico-social ». Elle plaide pour « un continuum de solutions diversifiées », en particulier grâce au développement de l'hospitalisation, des soins et des services à domicile. Regrettant le « morcellement excessif des structures », la fédération incite à nouveau les établissements à aller « sur le terrain des alternatives à l'hébergement complet » et à créer des groupements de coopération sociale et médico-sociale qui devraient leur permettre d'atteindre « la taille critique ».
Appelant sur le terrain à une « organisation décloisonnée » entre établissements sanitaires, soins de ville et secteur médico-social, Claude Evin souhaite également que la répartition des compétences au sein du gouvernement respecte cette exigence.
Enfin, la FHF plaide pour l'application pleine et entière de la loi « handicap » du 11 février 2005, notamment pour l'effacement progressif des barrières d'âge, et se souvient « avec intérêt » de la promesse du candidat maintenant élu à la présidence de la République de réévaluer de 25 % l'AAH (allocation aux adultes handicapés).
(1) FHF : 33, av. d'Italie - 75013 Paris - Tél. 01 44 06 84 44.