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« Promouvoir un contrat social avec la jeunesse »

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Vingt-cinq ans après la parution du rapport de Bertrand Schwartz sur l'insertion des jeunes, reconnu comme l'acte fondateur des politiques publiques en la matière, l'Association nationale des directeurs de missions locales (ANDML) le fait rééditer (1). L'objectif est de montrer qu'il est toujours d'actualité mais aussi de relancer la réflexion, explique Annie Jeanne, présidente de l'ANDML (2).
Pourquoi cette réédition ?

Le rapport de Bertrand Schwartz, édité à La Documentation française en 1981 mais épuisé, soulève des questions toujours prégnantes : celle de la place faite aux jeunes et celle de la coordination et de la nécessaire transversalité des politiques à leur égard. Après 25 ans de politiques publiques en la matière, on ne peut que constater l'aggravation des difficultés : malgré les bonnes intentions, la défaillance du système éducatif, le chômage de masse, la précarité et la dette pénalisent la jeunesse, non plus seulement confrontée à des problèmes de parcours, mais à l'exclusion, à la discrimination. En rééditant le rapport de Bertrand Schwartz, dont bien des propositions, notamment sur l'apprentissage et la scolarisation, n'ont jamais été mises en oeuvre, nous avons voulu rappeler les valeurs qui ont fondé le réseau des missions locales, qui compte aujourd'hui 500 structures et accueille 1,2 million de jeunes. Mais Bertrand Schwartz estime lui-même en introduction du nouvel ouvrage que cette réédition n'a de sens que si un état des lieux de l'insertion des jeunes en 2007 est établi, avec des propositions ambitieuses et concrètes. C'est tout le sens du manifeste qui suit la version originale du rapport, également complétée par des contributions de directeurs de missions locales et du sociologue Philippe Labbé. Ces textes sont une invitation au dialogue pour tracer de nouvelles perspectives pour la jeunesse, transformer les intentions en engagements.

Les missions locales n'ont-elles pas elles-mêmes montré des limites dans leur fonctionnement ?

Ce sont des associations, présidées par des élus locaux, qui ont comme atout d'aborder les besoins des jeunes en un seul lieu et avec une démarche inscrite dans la durée, sous une approche globale en reliant sur le territoire et avec des partenaires les questions de formation, d'emploi, de mobilité, de santé, de logement... Elles ne se contentent pas de décliner des politiques publiques, mais s'adaptent aux contextes locaux en accordant une large place à l'initiative et à l'innovation : ici sera mise en place une action liée à la citoyenneté, là un projet sur la mobilité en milieu rural ou encore une action de prévention santé. Mais il est vrai que l'empilement des mesures sur l'emploi confiées aux missions locales par les gouvernements successifs, même si ces mesures étaient indispensables, n'a pas été une réponse satisfaisante aux difficultés. Le ministère de l'Emploi ne peut, à lui seul, répondre à l'ensemble des problèmes des jeunes ! La logique des financements contraints et segmentés s'oppose à la transversalité et à l'expérimentation nécessaires à notre action, qui reposent souvent sur la capacité des territoires à concevoir des partenariats locaux.

Quelles pistes faut-il privilégier ?

Travailler globalement sur la jeunesse et pas seulement à travers le prisme de l'emploi. Le moment politique est bien choisi pour solliciter une autre manière d'aborder les choses. Il est temps de considérer que les jeunes ne sont pas un problème à résoudre, une souscatégorie à intégrer, qu'il ne suffit pas de leur réserver un strapontin en leur concédant des contrats particuliers ou des aides segmentées. Ils constituent une ressource pour l'avenir. Le rapport réédité est posé sur la table comme une impérieuse nécessité de rouvrir le chantier avec nos partenaires, les pouvoirs publics, les entreprises. C'est pourquoi notre manifeste est une incitation à la réflexion, à l'analyse et au débat pour élaborer et promouvoir un contrat social avec la jeunesse. Cet enjeu de cohésion sociale nécessite de lever les cloisonnements institutionnels.

Bertrand Schwartz promeut une démarche de co-construction. L'ANDML s'associe-t-elle à la recherche-action sur le terrain qu'il a lancée avec le Synami-CFDT (3) ?

Notre démarche et celle du Synami (Syndicat national des métiers de l'insertion) sont complémentaires, alimentées de façons différentes mais allant dans le même sens. La réflexion des directeurs de missions locales est forcément le reflet des situations et des constats partagés par les équipes.

Notes

(1) « Rapport sur l'insertion professionnelle et sociale des jeunes » -Bertrand Schwartz - Suivi de « Bien sous tout rapport » de Philippe Labbé et du « Manifeste pour un contrat social avec la jeunesse » de l'ANDML - Editions Apogée - 20 € .

(2) ANDML : 33, avenue Champlain - 76100 Rouen -Tél. 02 32 81 63 70.

(3) Voir ASH n° 2497 du 9-03-07, p. 50.

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