Tollé quasi général après la décision de la Commission européenne qui, le 10 mai, a enjoint à la France de mettre fin, dans un délai de neuf mois, aux droits spéciaux de distribution des livrets A et bleu octroyés à la Banque postale, à la Caisse d'épargne et au Crédit mutuel. Cette exigence, selon Bruxelles, vise à supprimer les « entraves aux règles du marché intérieur ». Elle ne « remet pas en cause les missions d'intérêt général » attachées à ces livrets.
L'Union sociale pour l'habitat (USH) ne voit pas les choses du même oeil. Pour l'organisme, la « banalisation » du livret A, qui pourrait donc être distribué par tous les établissements bancaires installés en France, « fait courir un risque à la production de logements pour les ménages modestes », qui repose essentiellement sur des prêts à taux préférentiels assis sur ce produit d'épargne. La Caisse des dépôts et consignations, qui centralise les dépôts, les utilise en effet pour proposer des prêts aux organismes HLM. L'USH craint que cette libéralisation n'entraîne une fragilisation de la collecte : les banques, qui ont réclamé la fin du monopole, auront tout intérêt à capter les clients les plus aisés pour les inciter à placer leurs fonds sur des produits rémunérateurs, analyse-t-elle.