Qui sont les individus et les familles qui touchent le revenu minimum d'insertion (RMI) ? Dès la création de cet ultime minimum social, les personnes vivant seules ont été majoritaires parmi les bénéficiaires (1). De 54 % en 1989, cette proportion s'est encore accrue pour atteindre 59 % en 2005. Le taux de femmes seules est resté à peu près constant durant ces 15 ans, autour de 20 %. En revanche, celui des hommes seuls a augmenté, de 34 % à 38 %. Cette tendance recouvre des différences territoriales assez nettes : à Paris, plus des trois quarts des allocataires vivent seuls ; le phénomène est aussi marqué dans les autres départements d'Ile-de-France et en Bretagne. Au total, les personnes vivant seules sont 2,5 fois plus nombreuses parmi les titulaires du RMI que dans la population générale d'âge actif.
Autre catégorie surreprésentée parmi les titulaires du RMI : les familles monoparentales. Leur proportion est trois fois plus importante que dans la population d'âge actif. C'est la seule catégorie qui a connu une augmentation continue depuis l'origine, y compris durant les années 2000-2001 marquées par une baisse des effectifs totaux. Leur proportion est passée de 22 % en 1999 à 25 % en 2005. Elle reflète sans doute la « tendance à l'augmentation des ruptures familiales ».
A contrario, les couples avec ou sans enfants sont beaucoup moins nombreux parmi les ménages percevant le RMI (30 %) qu'en population d'âge actif (73 %).
C'est une autre constante depuis 1989 : les bénéficiaires du RMI sont en moyenne plus jeunes que l'ensemble de la population d'âge actif. Le « taux de recours » par classe d'âge décroît d'ailleurs très régulièrement de 6,9 % pour les 25-29 ans à 2,7 % pour les 55-59 ans. Les conditions d'indemnisation du chômage (durée d'activité ou d'affiliation) expliquent pour partie le phénomène. Néanmoins, la proportion des plus de 40 ans (46 % des bénéficiaires en 2005) a augmenté de dix points en 15 ans. Une partie de cette évolution provient du vieillissement de la population.
Cependant, seule une petite proportion (14 %) de l'augmentation du nombre de bénéficiaires est liée au facteur démographique. La conjoncture explique sans doute une forte part de la hausse.
La répartition territoriale des allocataires est fort inégale, 15 départements concentrant la moitié des allocataires : en Ile-de-France, dans le nord, sur le pourtour méditerranéen et en outre-mer. Cette concentration épouse en grande partie les zones où les taux de chômage sont les plus élevés.
Les quatre départements d'outre-mer sont, on le sait, les plus touchés. Ils regroupent 3 % de la population mais 12 % des allocataires. 20 % de leurs habitants sont couverts par le RMI. Parmi les ménages concernés, les personnes vivant seules sont en moindre proportion qu'en métropole, contrairement aux couples avec enfants et aux familles monoparentales. Ces dernières représentent 34 % des bénéficiaires, avec une pointe à 45 % en Guyane.
(1) « La population des allocataires du RMI : tendances d'évolution et disparités départementales » - DREES - Etudes et résultats n° 568 - Disponible sur