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Enfants en danger, professionnels en souffrance

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Face à des familles où se manifestent de graves troubles de la parentalité, les acteurs de la protection de l'enfance sont mis à rude épreuve. Tant du fait des lourdes responsabilités qui leur échoient que des processus complexes d'identification aux parents et à l'enfant, qui suscitent en eux d'éprouvantes émotions. C'est inévitable, mais pas insurmontable. A condition de pouvoir interroger les raisons de cette souffrance qui obère leur capacité d'agir.

L'enfant est une personne, c'est désormais bien connu. Le professionnel, aussi. Comme toute personne, il ne peut « se coltiner quotidiennement la misère sociale et psychique sans éviter l'usure », souligne le psychologue clinicien Christian Danabé, responsable de l'équipe du département sociojuridique de la défenseure des enfants (1). Penser le contraire serait faire preuve d'une « hallucination positive », renchérit son confrère Jean-Paul Vidit, qui anime un groupe d'intervenants en toxicomanie. « Vivre des situations difficiles n'est pas facile... », résume-t-il. Et ce, que l'on soit en première ligne ou dans une position de relatif retrait par rapport à la brutalité de la réalité (voir encadré, page 36). Ce constat, valable pour l'ensemble des acteurs qui exercent dans le champ social, revêt une acuité particulière chez les praticiens de la protection de l'enfance.

Travailleurs sociaux, magistrats, soignants : les professionnels qui doivent observer, évaluer, signaler, juger, soigner, éduquer - « en faisant parfois alliance avec les parents, parfois avec les enfants, parfois encore en agissant contre leur volonté, dans leur intérêt » - ont tous de rudes responsabilités, souligne Marceline Gabel, chargée de cours à l'université Paris-X Nanterre. Même si, en principe, ils ne décident plus seuls, mais en groupe pluridisciplinaire, ils ne sont pas épargnés, pour autant, par les représentations inconscientes, les doutes et les affects que suscitent en eux les décisions à prendre. En fonction de leurs carac-téristiques personnelles - âge, sexe, statut parental, éducation, milieu social, formation, métier, ancienneté dans le poste, lieu d'exercice, appartenance institutionnelle... -, les différents intervenants ne porteront pas le même regard sur la situation d'un enfant en danger et les moyens d'y remédier. « D'où les conflits et consensus mous des synthèses », fait observer la spécialiste de l'enfance maltraitée. C'est qu'en entrant dans l'intimité d'une famille qui dysfonctionne, tous sont soumis à la même épreuve : celle d'être renvoyés à l'enfant qu'ils ont été, à l'enfant qui reste en eux.

« Ces histoires de famille des autres, faites de haine et d'amour, sont aussi les nôtres », analyse Marceline Gabel. Aussi, d'être confronté à « la pathologie du lien, surtout lorsqu'elle concerne de très jeunes enfants, submerge chacun d'émotions violentes et contradictoires ». Le risque est grand alors de ne rien voir et de nier. Ou, au contraire, d'enfiler son costume de super-héros et de se lancer dans des interventions intempestives. Ou bien encore de passer du déni à l'hyperactivité brouillonne. On assiste ainsi à des alternances d'investissement - ou de « brusques passages de la «patate chaude» » - qui ne sont pas le fruit de l'incompétence des professionnels, mais de leurs difficultés à affronter leurs propres « images parentales », explique Marceline Gabel. Celles des parents qu'ils ont eus. Le cas échéant, aussi, celles des parents qu'ils sont devenus.

Une extension des rôles de l'enfance ?

« Voir une situation où des parents qui aiment leur enfant s'avèrent incapables de le protéger, ou peuvent l'effrayer, rappelle peut-être des contextes d'autrefois auxquels nous avons été exposés », précise Nicole Guédeney, pédopsychiatre, responsable du 2e intersecteur infanto-juvénile de Paris. D'autant que choisir une profession d'aide ou de soin n'est pas anodin. Chez certains sujets qui, enfants, se sont montrés particulièrement doués et motivés pour percevoir et répondre aux besoins de leurs parents - en les soulageant, par exemple, de tâches domestiques, ou en assumant auprès d'eux une fonction de soignant, de confident ou de médiateur -, cette voie professionnelle peut constituer une extension des rôles de l'enfance, explique Nicole Guédeney. Plusieurs recherches mettent en évidence l'importance des expériences relationnelles précoces vécues par les personnes qui sont devenues psychothérapeutes, travailleurs sociaux ou médecins. « Bien sûr, le résultat de ces études ne signifie pas que les professionnels soignants, et en particulier ceux qui travaillent dans le domaine de la protection de l'enfance, ont tous été des enfants «parentifiés» », souligne-t-elle. Cependant, il n'est pas inutile de s'interroger sur les motivations ayant conduit à choisir une profession qui amène à remettre sur le métier sa propre histoire. Soit aussi, à « nous exposer au risque d'opérer une confusion entre deux détresses : celle de la famille qui est en face de nous et celle, ancienne, de l'enfant qui est en nous » (voir encadré, page 37).

« Plus les relations parents-enfant sont perturbées, plus nous sommes mis à mal », renchérit Martine Lamour, psychiatre à l'unité de soins spécialisés pour jeunes enfants du XIIIe arrondissement de Paris, fondée par Myriam David. « Ces parents gravement carencés, psychotiques ou border-line se sont construits dans un tel chaos relationnel qu'ils ont de grandes difficultés à faire confiance à l'autre. Aussi perçoivent-ils notre proposition d'aide comme une menace, parce que tout lien est pour eux menaçant et menacé de rupture », explique-t-elle. Dans ce monde qui pulvérise leurs repères fondateurs - « tu ne tueras pas, tu ne maltraiteras pas ton enfant, tu n'abuseras pas de lui » -, les professionnels, confrontés à l'impensable, éprouvent une souffrance qui fait écho à celle des bébés et de leurs parents. Cette souffrance a non seulement une dimension individuelle, mais aussi groupale, souligne la psychiatre. En effet, la pathologie relationnelle parents-nourrissons se diffuse tant dans les relations famille-professionnels que dans celles que ces derniers ont entre eux. « C'est-à-dire qu'on se querelle, on se disqualifie, on se maltraite comme dans les familles », résume-t-elle.

Le système clos de l'ASE

A cet égard, Marceline Gabel invite à considérer l'institution dans laquelle l'intervenant est lui-même « placé » - aide sociale à l'enfance (ASE), justice, école, hôpital... - comme un système clos, développant ses propres modes d'enfermement. A l'instar de la famille qui met ses enfants en danger, l'institution génère ses habitudes, son langage, son climat, ses rites, ses secrets. Lorsque les insuffisances, les incompétences, voire les dysfonctionnements de la « famille institutionnelle » sont perçus par ses membres, le repli sur soi devient la règle. « Comme l'enfant maltraité qui aime sa famille et veut «sauver la face», professionnels et institution résistent ensemble », analyse Marceline Gabel.

Cette identification à son « corps », constitue un frein important au partenariat, dont le déficit a des effets particulièrement dommageables pour une protection efficace de l'enfant en danger. Les différences de perception conduisent en effet à retenir l'information, en retardant, par exemple, les réunions de synthèse et de concertation. Et lorsque celles-ci ont lieu, elle risquent de dégénérer en discours plaintifs et désabusés, donc démobilisateurs, ou en empoignades. Chacun a l'impression de détenir la vérité vraie, c'est l'autre qui a tort.

Les affrontements sont particulièrement spectaculaires quand se pose la question du placement pour protéger l'enfant. La séparation signerait-elle l'échec des intervenants, qui ont pourtant tout fait pour cette famille ? « Quand nous nous situons du côté des parents, nous minorons inconsciemment les dangers qui pèsent sur l'enfant et banalisons les signes de sa détresse. Sont-ils évidents qu'alors le doute s'installe, voire le déni : et si le père se suicidait ? A l'inverse, si on se place du côté du bébé, on souhaite un placement le plus rapide possible, sans tenir compte des liens que le nourrisson a établis avec ses parents », développe Martine Lamour. S'identifiant tour à tour au bébé, à la mère, au père, à la grand-mère..., les intervenants sont ainsi happés par les dysfonctionnements familiaux, ce qui désorganise les suivis et fait échec à la conception d'un projet thérapeutique à moyen et long terme. C'est ainsi que, placés, déplacés, replacés, alors même qu'ils sont particulièrement démunis pour affronter les ruptures, ces enfants deviennent des « sans relation fixe », qui se vivent comme incapables d'être aimés dans la continuité.

Il faut tenir compte du « grand écart psychique » auquel sont soumis les professionnels, tiraillés entre le fantasme du soignant idéal qui ne retire pas les enfants à leur famille et la violence de la pathologie du lien imposant de le faire, fait observer Martine Lamour. C'est pourquoi elle juge préférable de ne pas intervenir de manière isolée, mais qu'un professionnel soit plus près de l'enfant, un autre des parents. Différencier la parentalité des liens affectifs, c'est-à-dire reconnaître qu'on peut aimer son enfant et être très défaillant dans l'exercice de ses fonctions parentales, permet également d'éviter de verser dans le tout ou rien. Et plutôt que de penser en termes d'alternative - séparation totale ou maintien à domicile -, de se demander quelle est la « distance de sécurité à établir dans la relation parent-nourrisson pour que la mère et l'enfant puissent se rencontrer sans se désorganiser ». Du travail en réseau qu'elle anime, depuis une vingtaine d'années, avec des acteurs de disciplines variées (2), Martine Lamour a aussi tiré la conviction que, dans les situations de défaillance parentale grave, « il faut tout autant accompagner les professionnels que les parents et les enfants ». Il est en effet indispensable d'aider les intervenants à contenir et « métaboliser » la violence de leurs émotions, afin de « ne pas la renvoyer en boomerang aux parents et à l'enfant, ni à leurs collègues ».

Quel soutien pour les juges ?

Les juges n'auraient pas moins besoin de pouvoir interroger leurs affects. « On a d'ailleurs tort de penser qu'ils n'en éprouvent pas, en confondant le fait de ne pas les exprimer avec l'exigence d'impartialité, qui est une recherche permanente d'équilibre entre l'application de la règle et la dimension subjective de la personne qui juge », explique Laurence Bellon, vice-présidente du tribunal pour enfants de Lille. Mais aucun dispositif n'est prévu, qui permettrait aux magistrats de mieux se connaître. « On a beaucoup parlé, à propos d'Outreau, de la jeunesse des juges. Mais pas de leur absence de soutien, ni du retour du refoulé, c'est-à-dire des émotions que les abus sexuels suscitent en eux », souligne-t-elle. D'autant qu'à la différence des magistrats de la jeunesse, les « pénalistes » - juges du parquet, d'instruction et d'assises - ne reçoivent aucune formation en la matière.

Laminés par la dureté des situations qu'ils ont à connaître et par des conditions de travail « absolument terrifiantes », en particulier dans le Nord, les juges des enfants sont également très seuls pour faire face à la violence, à la transgression, à la souffrance, ajoute Laurence Bellon. Bien sûr, l'acte de juger est une responsabilité solitaire. Mais pour forger sa décision, le juge de l'assistance éducative a besoin de l'éclairage des spécialistes de l'enfance. C'est précisément pourquoi il ne faut pas que les professionnels se contentent d'énoncer des faits bruts, sans le sens qu'ils leur donnent. Dans un registre aussi complexe que celui des relations familiales, les travailleurs sociaux doivent se faire « les passeurs de leur propre culture », affirme Laurence Bellon. « Jeune juge des enfants, confie-t-elle, j'avais été surprise de lire dans un signalement que la puéricultrice s'alarmait devant les balancements d'un bébé. Les enfants ne jouent-ils pas à la balançoire ? Bien sûr, c'était plus étonnant de la part d'un bébé, mais pourquoi cette inquiétude ? » La magistrate découvre vite que les professionnels considèrent ce balancement comme un signe majeur de danger chez un bébé, et elle en tint immédiatement compte dans sa pratique. Mais elle ne comprendra vraiment le sens de ce symptôme qu'en assistant, par la suite, à des conférences de formation données par un psychiatre (3).

Dans ce métier usant de juge des enfants, rares sont les magistrats comme Laurence Bellon, Jean-Pierre Rosenczveig ou Hervé Hamon, qui restent en poste plus de deux ou trois ans. La continuité du suivi des enfants et de leurs familles est également mise à mal par le turn-over des travailleurs sociaux. Aujourd'hui, pourtant, les phénomènes de « burn out » sont bien connus. Tout comme les moyens à mettre en place pour aider les acteurs de la protection de l'enfance à maintenir alertes leurs capacités de réflexion et d'action. Il s'agit d'une part de formations spécifiques sur l'enfant en danger, « des formations pluri-institutionnelles au plus près du secteur géographique où exercent les professionnels », précise Marceline Gabel, pour que les intéressés apprennent, dans le même temps, à se connaître. Il est, d'autre part, indispensable que les intervenants bénéficient de supervisions afin de pouvoir travailler leur implication dans la relation d'aide et affiner leur pratique. « Pour être des professionnels suffisamment bons, il faut être des professionnels suffisamment bien traités », affirme Michel Manciaux, professeur émérite de pédiatrie sociale et de santé publique. Bel adage, certes. Mais encore insuffisamment intégré, sans doute, par les responsables d'institutions et de services.

À l'arrière et à l'abri du stress ?

Travailler sur dossier ou dans le domaine de la téléphonie sociale, c'est-à-dire appréhender une situation par le filtre d'un écrit ou d'un récit, peut sembler plus « confortable » que d'y être directement confronté. Cependant, les professionnels qui exercent à l'arrière ne sont pas mieux protégés de l'usure que leurs collègues de terrain, estime Christian Danabé, responsable de l'équipe du département socio-juridique de la défenseure des enfants. Bien sûr, les premiers ont une plus grande marge de manoeuvre. « Ils peuvent privilégier tel angle plutôt que tel autre et s'appuyer sur des écrits ou un silence pour border une situation qui, du fait même du support qui en permet l'expression, se trouve expurgée de nombreux éléments périphériques, souvent parasites », explique le psychologue clinicien. En revanche, les représentations mentales du réel qu'on se fait quand on travaille « en aveugle » prennent une place plus importantes que celle qu'elles occupent chez l'observateur de terrain. Alors que chez celui-ci « le regard prédomine, l'oreille et l'interprétation semblent prendre le pas chez les travailleurs sociaux qui ont une pratique à distance », avance-t-il. Dépendant étroitement de ce qu'on veut bien leur dire, ces derniers sont, en outre, dans l'impossibilité d'affiner ce qu'ils croient percevoir de la réalité. D'où la très grande frustration qu'ils éprouvent parfois à ne pouvoir être sur le terrain. « Tel un photographe qui ne parviendrait pas à trouver la bonne mise au point de sa focale, ces intervenants n'ont jamais qu'un pan de l'histoire rapportée », ce qui conduit à des effets de loupe sur tel ou tel point, pouvant conférer, à une situation donnée, plus de gravité ou d'ampleur qu'elle n'en a. « Si, auparavant, le professionnel a eu une expérience de terrain, elle peut lui servir de repère, de cadre de pensée. Dans le cas contraire, manquant de points d'appui, il se réfère à ses intuitions et/ou à ses convictions pour analyser la situation », et celles-ci deviennent « un refuge, une boîte à réponses aux angoisses nées de la distance. »

Son propre parcours, tant auprès d'éducateurs spécialisés exerçant au sein d'établissements qui accueillent des enfants en grande difficulté, que d'écoutants et de praticiens travaillant sur dossier, incite d'ailleurs Christian Danabé à penser que les professionnels devraient pouvoir se frotter aux deux types de pratiques. En effet, « l'absence prolongée de rencontres avec le terrain place les intervenants dans un univers qui peut se révéler artificiel. A l'inverse, ceux qui sont confrontés à de dures réalités gagneraient à découvrir, en plus grand nombre, d'autres approches des situations », affirme-t-il.

Si chacun de ces contextes de travail a ses limites, les deux nécessitent que les professionnels puissent bénéficier de formations et d'un accompagnement appropriés. Au plan collectif, ajoute le psychologue, il serait bon, aussi, de s'interroger sur la reconnaissance de métiers qui se trouvent en porte-à-faux par rapport aux discours dominants. Mesurant chaque jour les dégâts d'une société qui prône « la «réussite», la glorification de l'argent et une jouissance qui ne tolère aucune entrave », les travailleurs sociaux interviennent à contre-courant. Certes, ils doivent être fiers d'aider chaque jour un enfant à devenir un adulte responsable, souligne Christian Danabé. Pour autant, ils ne peuvent pas incarner « cette figure de rédemption qui autorise chacun à se détourner de ses vraies responsabilités. »

Donner sens à ses émotions

Faut-il laisser l'enfant dans sa famille ou l'en séparer ? « Hormis les cas de maltraitance avérée, le fait de demander un placement, voire de faire un signalement, est bien fréquemment vécu comme un dilemme effrayant », fait observer Nicole Guédeney, pédopsychiatre responsable du 2e intersecteur infanto-juvénile de Paris. « L'enchevêtrement des souffrances - celles de l'enfant et du parent, celles que l'on éprouve soi-même en se sentant tout autant persécuteur que victime - nous donne souvent envie de changer de métier », ajoute-t-elle. Colère, peur, honte, tristesse, mépris, angoisse... sont autant d'« émotions négatives qui nous usent et nous épuisent, parce que nous passons beaucoup de temps à lutter contre ce qu'elles nous pousseraient à faire - abandonner, s'énerver, passer à l'acte... ». Pour donner sens à ces affects, Nicole Guédeney invite à les lire à la lumière des travaux de John Bowlby (1907-1990) sur l'attachement. Selon ce psychiatre britannique, le lien qui s'instaure entre le bébé et son parent - ou la personne qui lui prodigue des soins parentaux - est un processus interactif qui s'installe progressivement au travers des réponses que l'enfant obtient à ses sollicitations. Si elles sont rapides et adéquates, il aura le sentiment qu'il peut faire confiance à l'adulte et que le monde qui l'entoure est un endroit sûr. Sinon, il mettra lui même en place, mais de manière trop prématurée, des stratégies protectrices pour s'adapter à son environnement, comme divertir son attention des pensées douloureuses, ou ne plus tirer la sonnette d'alarme en cas de détresse.

Actif tout au long de sa vie, le mode d'attachement construit par chaque individu éclaire ce qui se joue dans la relation d'aide, où les attitudes de l'un et les contre-attitudes de l'autre se trouvent imbriquées dans un inextricable cercle vicieux. Qu'est-ce qui vient de la famille ? Qu'est-ce qui vient de son propre système d'attachement ? Les émotions négatives des professionnels, qui sont confrontés à des situations familiales marquées par la violence, la négligence ou le désespoir, revêtent au moins deux significations, explique Nicole Guédeney. Ou bien elles sont repérées par l'intervenant comme étant des indices de ce que peut vivre le parent ou l'enfant : le professionnel est alors en mesure de mobiliser ses capacités de réflexion pour décrypter ces messages et trouver la réponse à leur donner - ce qui est d'autant plus facile quand lui-même a développé un attachement « sécure ». Dans le cas contraire, il risque plus d'être parasité par de vieux fantômes et d'interpréter de façon déformée les signaux qui lui sont envoyés, ou de les examiner de manière moins ouverte. D'où l'importance d'aider les acteurs de la protection de l'enfance à mieux appréhender la signification de ces expressions émotionnelles. Mais, interroge Nicole Guédeney, « quelle autorisation et quel soutien les services donnent-ils aux étudiants, puis aux professionnels, pour discuter de leurs angoisses et de leurs besoins » ?

Notes

(1) Lors du colloque sur « Les métiers de l'enfance : des professionnels aux risques de l'usure », organisé à Paris le 29 janvier par la Fondation pour l'enfance - Fondation pour l'enfance - Anne-Sophie Vinel : 17, rue Castagnary - 75015 Paris - Tél. 01 53 68 16 58.

(2) Pour en savoir plus sur la pratique clinique de Martine Lamour, on peut se référer à sa contribution sur « La souffrance de professionnels confrontés aux troubles graves de la parentalité », publiée dans l'ouvrage collectif qu'elle a codirigé avec M. Gabel et M. Manciaux : La protection de l'enfance : maintien, rupture et soins des liens - Ed. Fleurus, 2005 - Voir ASH n° 2440 du 27-01-06, p. 41.

(3) Voir L'atelier du juge - Laurence Bellon - Ed. érès, 2005 - Voir ASH n° 2413 du 24-06-05, p. 31.

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